Un patrimoine du quotidien… (I)

Boulogne, 7/02/2024

Dans un article publié le 23/12/2023, le remarquable journaliste et écrivain Jonathan Siksou disait :

« Le patrimoine n’est pas uniquement grandiose ou spectaculaire, monumental et fastueux. Il existe, en pleine ville, un patrimoine du quotidien, des témoins discrets mais tout aussi précieux de la vie passée : cours, ruelles, puits, maisonnettes, boutiques… »

Cette phrase m’est venue à l’esprit aujourd’hui en regardant le Journal Télévisé de 13 heures sur TF 1.

J’ai suivi avec beaucoup d’intérêt un reportage intitulé :

Cristallerie : cet atelier recolle les morceaux – Journal de 13 heures | TF1

Et, tout d’un coup, en admirant le savoir-faire des artisans qui arrivent « à recoller les morceaux » de cristal brisé, je me suis rappelé quelques anecdotes de ma jeunesse !

Voici les « morceaux recollés » de cette jeunesse.

*   *   *

Pendant les vingt premières années de ma vie, passées en Roumanie, je n’ai jamais eu d’arbre de Noël !

Je dois, tout d’abord, préciser que « l’arbre de Noël », selon les ordres sévères du gouvernement communiste de l’époque, avait été rebaptisé « arbre d’hiver », afin d’éliminer de la conscience collective, surtout pour les enfants, toute référence à la religion, surnommé par Karl Marx : « l’opium du peuple ».

Le Père Noël… pardon! Le père Gel en conversation avec un enfant dans le “Village des enfants” à Bucarest dans les années ’60

C’est probablement pour cette raison qu’en entendant dernièrement certaines mairies de France, qui tentent de remplacer les « fêtes de Noël » par des « fêtes d’hiver », j’ai les cheveux qui se dressent sur la tête !

Ensuite, je dois préciser que, jusqu’à l’âge de 11 ans, j’ai partagé la chambre où je couchais avec mes parents ! Mon père, qui refusait de cohabiter avec des inconnus dans le même appartement, comme l’imposait les autorités de l’époque, avait choisi de continuer à vivre dans la garçonnière de sa jeunesse, même après mon arrivée au monde.

Donc, de toute façon, il n’y aurait pas eu la place pour installer un sapin décoré ! Par exemple, pour faire un peu plus de place, pendant les mois d’été, le poêle « type Godin » qui servait à chauffer au bois l’appartement, était envoyé… à la cave !

A Bucarest, il peut neiger pendant une semaine sans interruption!

C’est d’ailleurs en souvenir de cet objet absolument nécessaire dans un pays où la température descendait pendant plusieurs semaines par an en dessous de 0°C (à cette époque !) que j’ai acheté un superbe « Godin », installé aujourd’hui comme décoration dans l’escalier de notre maison du Languedoc !

Je dois avouer que je soupçonne mon père d’avoir utilisé sciemment l’argument du « manque d’espace » pour éviter une dépense superflue, alors que nous avions du mal à boucler les fins de mois !

Je me consolais donc avec les « arbres de Noël » dans les maisons de mes amis plus fortunés que moi, ou avec les « arbres d’hiver » des places publiques. Qui, je dois le reconnaître, ne manquaient pas dans la ville de Bucarest.

Encore plus ! On installait entre la mi-décembre et le début du mois de janvier de vrais « villages des enfants », montés avec des panneaux en toile ou en carton-pâte rehaussés de couleurs vives, souvent sous le regard de sympathiques bonhommes de neige… en vraie neige ou en polystyrène expansé !   

Et pourtant, une (seule) fois, j’ai eu « mon arbre de Noël » !

J’avais quelques 10 ou 12 ans quand, un jour de décembre, j’ai trouvé dans la rue quelques branches de sapin, probablement coupées dans un grand arbre. Ce n’était pas grand ’chose ! Elles devaient mesurer quelques 50 ou 60 cm. Je les ai ramassées et apportées fièrement à la maison. Maintenant, on ne pouvait plus me refuser « mon arbre de Noël » !

Mais, un nouveau problème se présentait : comment les installer et les décorer sans faire appel à l’aide financière de mes parents.

Pour la décoration, je me suis débrouillé avec mes amis qui m’ont fourni un mètre ou deux de guirlandes colorées et quelques boules. J’ai investi une partie du pécule dont je disposais dans quelques bonbons enveloppés dans du papier ciré à franges. C’était ce que j’aimais le plus dans l’arbre de Noël ! J’attendais avec impatience l’arrivée de la Nouvelle Année pour pouvoir les savourer, un par un !

Pour le support de mes branches… j’ai mis « un certain temps » avant de trouver la solution !

Heureusement, nous avions dans la maison un très ancien vase en cristal de Bohème d’une hauteur de 24 cm.

Il faut savoir que :

« Le cristal de Bohême est une variété de verre à l’oxyde de plomb, transparent et clair comme le cristal de roche (synonyme d’un quartz transparent non coloré).

C’est au xviiie siècle que la Bohême s’illustre dans l’histoire de l’industrie du cristal tant par la création d’un cristal artificiel, que par la qualité de ses ouvriers verriers.

L’appellation “cristal” est cependant plus ancienne puisqu’elle a été utilisée à Venise à la fin du xve siècle par les verriers vénitiens pour caractériser des objets en verre particulièrement fin et transparent. Ce n’est qu’au xviiie siècle que le cristal de Bohême signe la qualité d’un verre dur et éclatant qui supplanta la production vénitienne sur les tables royales.

Des ouvriers verriers de Bohême ont émigré en Europe du Nord-Ouest à cette époque, et ont apporté leur technique et leur savoir-faire. Le cristal de Bohême fut vers la fin du xviiie siècle supplanté par le cristal anglais, dont est tirée la formule actuelle du cristal. »

Pour moi, le grand intérêt de ce vase consistait… dans son poids ! Il était suffisamment lourd pour supporter les branches de sapin qui mesuraient deux ou trois fois sa hauteur.

Et il a bien accompli la tâche que je lui ai confié… pendant un petit mois !

Quelques années plus tard, quand nous avons été autorisés à quitter la Roumanie, ce vase nous a accompagné dans notre voyage vers la France.

Grâce à ses qualités, mais, surtout, à ses défauts !

Je dois préciser que nous n’avions pas le droit d’emporter avec nous aucun objet portant une marque étrangère et fabriqué avant la guerre. Mais, le cristal de Bohême, avec sa transparence, ne permettait pas de lui coller aucune étiquette ! Et les douaniers roumains étaient trop incultes pour savoir que personne dans le pays n’aurait su fabriquer une pièce si lourde !

Par ailleurs, les deux petits éclats dans le socle du vase ont justifié notre argument comme quoi « le vase était ébréché ».

Encore plus convaincants ont été les 2000 Lei (l’équivalent du salaire mensuel d’un ingénieur !), que ma mère avait glissé discrètement dans la poche de la préposée au contrôle… dans les toilettes des douanes !

J’ai eu l’occasion de raconter cette aventure dans un texte, intitulé :

C’est mon passé que l’on jette à la poubelle ! | ADRIAN ROZEI (adrian-rozei.net) dans ces termes :

« Entre les caisses et nous, se trouvait une table basse et, de l’autre côté, une dame qui dirigeait deux employés, prévus pour mettre nos affaires, une par une, dans les caisses. Mais, d’abord, nous avons déposé les objets sur la table. Puis, la dame nous a indiqué qu’une seule personne avait le droit de tendre un objet à la fois, qu’elle ferait un signe d’approbation ou de rejet et que les employés exécuteraient la tâche en conséquence. 

Je dois préciser que, avec un savoir-faire remarquable, ma mère avait réussi à souffler quelques mots à la douanière, qui est venue dans les toilettes, où elle a reçu, en avance, le prix de son indulgence à venir : 2000 Lei ! L’équivalent du salaire d’un ingénieur pour un mois !

Nous, mon père et moi, du fond de la salle, n’avons rien vu de toute cette manœuvre !

Quand nous sommes allés régler les frais de douane, l’employé-chef s’est adressé à ma mère, lui demandant : « Pourquoi avez-vous proposé de l’argent à la douanière ? Vous n’aviez rien d’interdit dans vos affaires ! »

Je ne saurais jamais s’il s’agissait d’une provocation, d’une tentative de savoir la vérité ou d’une affirmation… à l’usage d’éventuelles oreilles indiscrètes ! »

Par la suite, après mon mariage, ce vase en cristal de Bohême a, de nouveau, joué un rôle important.

Il y avait, dans les couloirs de la station de métro près de mon logement, un vendeur de fleurs… à la sauvette. J’ai passé un « contrat moral » avec lui : tous les vendredis il me préparait un bouquet de fleurs en valeur de 60 FF.

Je le laissais choisir… les plus belles et les plus fraîches parmi ses fleurs. Ainsi, je décorais pour le week-end notre maison d’un superbe bouquet, installé au milieu du salon… dans mon vase en cristal de Bohême !

A la longue, j’ai découvert que mon fleuriste était Egyptien, copte de surcroit, originaire du Caire.

Un jour, je lui ai raconté que j’allais partir en Egypte, pour affaires, la semaine suivante. Il m’a demandé si j’étais d’accord pour porter un petit colis à son père. « Avec joie ! », je lui ai répondu. 

Il m’a confié une grosse lettre avec des photos et une cassette, le tout dans une enveloppe portant une adresse écrite en arabe ! 

Avec l’aide de mes agents, nous avons convoqué le père de mon fleuriste dans les bureaux de mes collègues de travail. A l’heure prévue, j’ai vu apparaître un authentique fellah égyptien, en galabieh bleue et turban de la même couleur, qui, bien sûr, ne parlait pas un mot d’anglais ! Heureusement, mon agent et grand ami, Aleko Paraskevas, était là… pour faire l’office d’interprète ! 

Parce que, j’ai eu l’insigne mission de porter en retour, une lettre, toujours en arabe, au fils de Paris ! 

Petit à petit, mon cher fleuriste, à qui je faisais parfaitement confiance, a élargi son domaine d’activité : il a installé une table pliante, a pris une licence et a ajouté à son offre des fruits et des légumes.

Quelques années plus tard, il avait fondé une famille, a eu deux enfants et a ouvert deux autres « boutiques » similaires dans d’autres stations de métro !

Mais, notre « contrat » n’a pas bougé d’un iota ! Jusqu’au jour où un bureaucrate de la RATP a décidé que « vendre dans les couloirs du métro est interdit par l’Union Européenne » !

Depuis ce jour, je n’ai plus de fleurs fraîches chaque vendredi dans mon vase de cristal de Bohême, qui accompagne ma famille depuis une bonne centaine d’années !

*   *   *

Bien sûr, je ne pouvais pas abandonner une si longue « tradition » à cause de la décision absurde d’un « rond de cuir » !

Mais, elle a évolué !  Maintenant, nous avons installé dans le vase de cristal de Bohême un bouquet… de fleurs artificielles ! 

J’entends déjà le commentaire offusqué de quelque ami… un peu snobe : « Comment ?  Un garçon cultivé comme toi mets dans sa maison des fleurs de pacotille ? »

Eh, oui ! Depuis qu’un ancien premier-ministre a publié un livre intitulé « Je ne mangerai plus de cerises en hiver... » j’ai compris que le temps des fruits et légumes hors saison, tout comme celui des « fleurs coupées » était révolu ! D’autant plus que l’essentiel des fleurs vendues en France vient du Kenya ou de Colombie, même si elles sont « d’origine européenne », puisqu’elles transitent par les Pays-Bas !

Je me demande comment sont réalisées les décorations florales de plusieurs mètres de hauteurs dans les ministères, dans les grands restaurants et hôtels ou sous les « ors de la République » ?  

Mais, entretemps, d’autres vases en cristal de Bohême ont fait leur apparition dans notre maison. Tout ça, grâce à des visiteurs de l’ancienne Europe de l’Est (Pologne, Roumanie, Tchécoslovaquie…) qui nous ont apporté des cadeaux traditionnels dans leurs pays. 

Même si je ne suis pas un admirateur de ce genre d’objets, je ne peux pas les envoyer « au grenier » puisqu’ils me rappellent « de chers amis » ! 

Parmi tous ces objets, il y en a un dont l’histoire mérite d’être racontée ! Il s’agit du « soliflore en cristal de Bohême de Leningrad » !

A suivre…

Adrian Irvin ROZEI

Boulogne, février 2024 

2 thoughts on “Un patrimoine du quotidien… (I)

  1. C.P. din Bucuresti scrie :
    Taman “pe gustul meu”, acest elogiu adus “patrimoniului cotidian” și în special celui încărcat de amintiri.
    Mi-a stârnit amintiri, nostalgii și asocieri, în valuri când duioase, când triste, la fiecare paragraf.
    Poza din “Orășelul Copiilor” îmi amintește de o poză proprie, într-un astfel de Oraș (cred că era chiar în cel central, parcă în Piața Palatului) și avea particularitatea că, dintre toți cei vreo 5-6 copii adunați în jurul Moșului așezat pe scaun, costumați în niște halate roșii cu glugă țuguiată care reproduceau, la scară, costumul lui Moș Gerilă, doar eu aveam gluga “tivită” cu un sul de blăniță albă: nu !
    Nu pentru vreun merit, concurs câștigat sau ceva de genul acesta: pur și simplu, purtam pe sub costum propriul paltonaș roșu, cu glugă tivită cu blăniță albă!
    Blăniță care nu putea fi ascunsă sub gluga costumului oferit de fotograf – spre marea ciudă a acestuia, căci evident stricam ordinea egalitaristă prin această ieșire în evidență, și încă cu un element atât de “burghez” ca blana🫢🤭!
    Îmi amintesc o “negociere” destul de aprinsă pe acest subiect între părinții mei și fotograf – dar pot spune că ultimul a greșit rău dacă și-a imaginat că se poate “pune” cu tata, mai ales dacă a fost stârnit să facă din obiectul negocierii o chestiune de orgoliu !

    T.D.N. de Paris écrit :
    C’est une blonde et une brune qui passent devant la vitrine d’un fleuriste. La blonde fait remarquer à la brune :
    – Regarde, c’est pas ton mec, là, qui achète des fleurs ? La brune répond :
    – Ah merde ! Il m’achète encore des fleurs pour aucune raison.
    La blonde est surprise :
    – Ben voyons donc, t’aimes pas recevoir des fleurs ? Et la brune de répondre :
    – Ben oui, j’aime ça. Sauf que mon mec a toujours des attentes après m’avoir acheté des fleurs, si tu comprends ce que je veux dire, et j’ai juste pas le goût de passer les trois prochains jours couchée sur le dos, les jambes en l’air.
    La blonde, perplexe, lui répond :
    – Pourquoi, t’as pas de vase ?

  2. C.P. de Bucarest ajoute :

    Evocarea “primului tău brad” îmi trezește amintirea primului brăduț pe care l-am avut când am plecat în primul meu post diplomatic, la Bruxelles, cu fiul meu de 9 ani. În România, noi avusesem întitdeauna, în copilărie, cei mai mari și mai frumoși brazi dintre toți colegii și prietenii noștri: ai mei erau din Bucovina cea plină de păduri, unchii mei (fratele și vărul mamei, născuți la distanță de o lună și crescuți toată viața “ca frați” erau proaspeți ingineri (unul, energetician, altul inginer minier) pe marile șantiere de hidrocentrale sau mine – ambele în munți, așa că adesea nouă “ne veneau” chiar și câti 2-3 brazi, dintre care mama alegea după criterii riguroase pe cel mai frumos, înalt, des, dar cu crengi scurte ca să nu ocupe prea mult din suprafața camerei sau mai corect ca să “încapă” în alveola pianului cu coadă mijlocie, care în perioada bradului, ca și la toate petrecerile, era aliniat cu latura stângă (linia dreaptă) la perete ca să ocupe minim de loc.

    Apartamentul nostru avea 2.80 m înălțime – față de 2.30 cât aveau colegii noștri din blocurile de pe Bd. Miciurin (azi, Averescu) – iar fratele meu și cu mine ne mândream cu brazi din care, ca să încapă în 2.80, fusese nevoie să mai tăiem un rând sau uneori chiar două de crengi.

    Desigur, întotdeauna exclusiv brad “alb” -exclus molid (“brad roșu”, cu crengile rotunde iar acele – scurte și cu rezistență infimă la căldura din casă – așezate de jur împrejurul crengii, nu lateral în model de pană) pe care mama îl disprețuia de-a dreptul, încât a trebut să ducă muncă serioasă de lămurire cu noi copiii ca să ne bage în cap că nu se cade să exprimăm “dezaprobarea” față de molizi (și argumentele pe care se baza) în casele prietenilor ai cărir părinți nu-și putuseră permite altceva.

    Altfel, eram și noi tare strânși cu banii – mama abandonase la finalul anului 3 facutatea de Petrol și Gaze (nu fusese o opțiune din pasiune, doar că, fiind fiică de preot, îi era interzisă înscrierea în orice facultate umanistă la care ea ar fi visat, istoria artei sau măcar litere), încurajată de surorile bunicii care au decis că mai important decât sesiunea de examen era să mă ducă pe mine “la aer” (aveam deja vreo 5-6 luni și eram foarte slabă, nu mâncam, de la 3 luni nu am mai ajuns niciodată la greutatea “normală” din tabelele pediatrilor); ca atare, rămăsese casnică și așa a stat până la 11 ani ai mei, când – tocmai ce reîncepuse facultatea pe baza unei legi vremelnice care îi recunoștea primii doi ani absolviți – iarăși eu, cu un oribil episod de intoleranță medicamentoasă/alergie/edem glotic, i-am curmat definitiv perspectiva carierei inginerești, resemnându-se, în anul următor, spre joburi mărunt-funcționărești cărora abia după câțiva ani, cu efortul unui an de studii serale destul de dure, le-a adăugat o calificare în contabilitate.

    Resursele financiare precare, combinate însă cu timpul aferent unei casnice care mai beneficia și de ajutorul bunicii, precum și cu “tradiția” unei familii în care bunica și surorile ei, absolvente de Liceu (de fete) la Cernăuți, fuseseră învățate să facă de toate în gospodărie iar unele -bunica în orice caz – păstrau încă niște cărți mari cu activități practice pentru copii, pe care o “aplica” pe mine în zilele ploioase, cu teme de lucru manual din cele care aveam să văd mai târziu că se făceau în grădinițe (unde eu am fost un singur an și desigur cu program redus)- făceau ca podoabele pentru brad să se facă în cea mai mare parte în casă (iar adesea nu doar pentru bradul nostru, ci și o contibuție la bradul școlii).
    Globuri de sticlă din vechime aveam puține (deh, după două refugii! ) și n-am uitat niciodată veritabila “venerație” a mamei pentru vreo 2-3 care, cred, veneau din copilăria ei, în special pentru micul glob în formă de clopoțel, auriu palid pudrat pe poale cu fine cioburi de cristal pisat și pentru câteva globuri răsucite, aproape toate destul de mici și de ușoare pentru a fi puse primele pe crengile cele mai de sus ale bradului, la vedere.
    Confecționam și eu (pe măsură ce am mai crescut) globuri compuse din stele din foiță albă, cu vârfurile îmbrăcate în staniol – divers colorat de la stea la stea – păstrat de la bomboane, ghirlande din verigi de hârtie lucioasă colorată…
    Abia la moartea mamei – la mijloc de decembrie – cultul bradului a fost ușor zdruncinat.
    La Crăciunul care a urmat, am decis să plecăm cu toții de acasă ca să-l smulgem pe tata din depresie (mama a murit cu o lună înainte de a împlini 48 de ani, ne-am dus la Sinaia și n-am mai făcut brad propriu, ci doar niște coronițe din crengi culese din pădure…
    A reînviat un pic (cultul bradului) după ce l-am născut pe Miron, iar într-o iarnă s-a întâmplat chiar să rămânem cu doi brazi (unul a venit, din sursele mai sus numite, prea târziu și n-am mai avut cui să-l dăm, căci toți prietenii “făcuseră deja rost”) iar Radu a decis să-l punem în dormitorul nostru în care dormea cu noi și copilul, cred că avea 2 ani.

    Ei, imaginează-ți tu, după atâta “dezmăț” cu brazi, cum ne-a “căzut“ nouă, la primul Crăciun pe care îl petreceam în Belgia, cazați într-un apartament fără de nici unele, dar totuși mare, din clădirea “Reședinței” și cu un salariu foarte modest, chiar și pentru mine, care nu aveam pe umeri “consemnul” tuturor de a “strănge bani” pt casă sau pentru mașină.

    Bașca obiceiul occidental – pe atunci necunoscut nouă – de a împodobi brazii încă de pe la Moș Nicolae (la noi, doar strict în ajunul Crăciunului), care a făcut ca, până ne-am socotit noi și am decis să cumpărăm totuși un brăduț, să nu mai găsim.
    Radu – care nu era cu noi la Bxl, dar venea de sărbători – chiar în după amiaza de ajun, venind de la Ambasadă după amiaza, a găsit chiar pe strada Reședinței un molid “decartat” din vitrina unui comerț local care, presupun, închidea pentru toată perioada.
    Sigur, nu mai era el foarte proaspăt, dar era încă verde, iar acele – poate din cauză că în Belgia e atâta umezeală – nu i se scuturau așa de rău cum îmi aminteam eu din copilărie.
    Oricum, Miron – care în primul an a suferit destul de mult trauma adaptării în țară străină, cu cunoștințe de franceză încă precare și plecat doar cu un părinte și fără nici un bunic/ă, unchi, mătușă din care la București avusese, gârlă – a fost bucuros și a colaborat entuziast la confecționarea improvizată a mai tuturor podoabelor, dintre care am câteva păstrate cu nostalgie -și pt că am fost mândră de ce am reușit să dac – până astăzi.
    Cred că niscaiva globuri apucasem, totuși, să cumpărăm din vreo brocantă: le frecventam asiduu, pentru a ne dota la preț redus cu obiectele necesare bucătăriei și locuirii însăși, căci administrația Ambasadei nu dota apartamentele decât cu mobilierul strict necesar plus frigider și aragaz, dar – dacă nu găseai ceva crătiți și veselă lăsate de vreun predecesor (cazul nostru, repartizați într-un apartament proaspăt convertit din birouri) nu aveai nimic – nici coș de gunoi, nici tigaie, nici tacâmuri, decât ce-ți puteai aduce în bagajul propriu de pe avion, 20 kg de persoană (deci 40, eu cu Miron, la care Radu a avut o “pilă” să mai adăugăm încă 20; nu vrei să știi câți ani a mai durat până când MAE să aprobe plata unei cantități de “bagaj neînsoțit” trimis separat și adesea mult mai târziu prin cargo- 300 kg pt un ambasador și 120-200, după rang diplomatic, pt ceilalți)

    În fine – Miron a păstrat cultul bradului, în apartamentul lui de la Bxl a împodobit întotdeauna unul chiar și dacă urma să plece de acasă de Crăciun, spre România sau spre orașul în care lucram eu (Londra, Buenos Aires), dacă vine în țară mai împodobește unul și în casa de la munte (deși acolo noi suntem înconjurați de brazi, iar dacă prtrecem Crăciunul în absența lui Miron, noi “bătrânii” ne mulțumim să împodobim cu beculețe unii pe care îi vedem prin geam), iar în noua lui casă (înălțimea în living 3,30 m) s-a ambiționat la Crăciunul trecut să aducă un brad, ce-i drept splendid și perfect corespunzător standardelor de “îngustime” ale mamei mele, din care a trebuit să mai taie vreo 2 rânduri de crengi cu care a împodobit ușa de la stradă și diverse cadre de fereastră…

Leave a Reply