Les La Tour de Saint-Quentin (IV)

La Bastide Vieille, le 3 juillet 2023

 

Mais, si l’on connait l’image d’un tableau… cela ne me suffit pas !

J’ai, surtout, envie de le voir « en chair et en os » !

D’autant plus que, plus d’une fois, j’ai été déçu en me trouvant « face à face » avec le tableau dont j’avais rêvé : la taille, les couleurs, l’état de conservation… peuvent apparaître différentes de la reproduction disponible dans le commerce.

Ce fût le cas pour « le portrait d’un inconnu », le tableau de Van Eyck du Musée Bruckenthal de Sibiu, quand je l’ai revu au Musée Jacquemart-André en 2009.


Cu inel sau cu tichie ? | ADRIAN ROZEI (adrian-rozei.net)

« Il s’agit du célèbre tableau “L’Homme au chapeau bleu”, devenu célèbre en Roumanie grâce au film “Portretul unui necunoscut”, tourné en 1960.

Seulement, maintenant, le tableau est intitulé « Uomo con l’annello » (L’homme à la bague), huile sur bois de Jan van Eyck (1390 -1441), cm 22 X 17. Continue reading

Les La Tour de Saint-Quentin (III)

La Bastide Vieille, le 3 juillet 2023

 

Les deux autres pastels de Quentin de La Tour, présentés dans la revue « l’Illustration » de mai 1927, sont ceux de « Vernézobre » et de « Mlle. Chastagner de Lagrange ».

Voici la présentation qu’en fait Pierre de Nolhac :

« Pour présenter à ses lecteurs quelques morceaux caractéristiques du maître, L’Illustration a choisi d’abord un pastel vigoureux, le portrait d’homme qui fait pendant à celui de La Tour lui-même. Bien différent du glorieux modèle de Perronneau, l’ignoré Vernezobre, n’a dans les traits rien de fort plaisant.

Les anciens catalogues le désignaient comme le marchand de couleurs de La Tour ; il fut, en réalité, pastelliste comme lui, et exposa, avec sa femme, à l’Académie de Saint-Luc. Aucune œuvre, à ma connaissance, n’a porté leur nom jusqu’à nous et, s’il en est conservé dans quelque collection, c’est assurément sous une désignation peu flatteuse.

Pour faire vivre le nom de Vernezobre, il n’est besoin que de cette image. C’est un méridional à la peau sèche et mal rasée ; ses traits se creusent durement ; il porte un étrange bonnet fourré à calotte de velours rouge dont les poils hérissés font autour du front un encadrement rébarbatif. L’acuité du regard, qu’accentuent des sourcils noirs en broussaille, révèle une volonté ambitieuse que ne sert point le talent et qui s’imagine remplacer par l’effort laborieux le don qui lui manque.

C’est le paysan qui s’acharne à faire produire un sol ingrat et dont le courage mérite quelque honneur. La Tour l’a drapé dans la plus belle veste de son atelier. Le velours bleu, aux plis moelleux, aux tons chatoyants, ne fait que mieux ressortir l’âpreté du visage plébéien. »

L’autre portrait choisi par « L’Illustration » pour présenter l’œuvre de Quentin de La Tour est d’un genre tout diffèrent : Continue reading

Les La Tour de Saint-Quentin (II)

La Bastide Vieille, le 3 juillet 2023

 

Ce n’est pas le seul exemple du caractère difficile de Quentin de La Tour, au sommet de sa gloire !

«… il pouvait se permettre des caprices avec les grands :

 La Tour connaissait mal l’art des courtisans. Mandé pour faire le portrait de Madame de Pompadour, il répondit brusquement : « Dites à Madame que je ne vais pas peindre en ville. »

Un de ses amis lui fit observer que le procédé n’était pas très honnête. Il promit de se rendre à la cour au jour fixé ; mais à condition que la séance ne serait interrompue par personne. Arrivé chez la favorite, il réitère ses conventions, et demande la liberté de se mettre à son aise : elle lui est accordée. Tout à coup il détache les boucles de ses escarpins, ses jarretières, son col, ôte sa perruque, l’accroche à une girandole, tire de sa poche un petit bonnet de taffetas, et le met sur sa tête.

Dans ce déshabillé pittoresque, le peintre se met à l’ouvrage ; mais à peine a-t-il commencé le portrait, que Louis XV entre dans l’appartement.

La Tour dit, en ôtant son bonnet : « Vous aviez promis, Madame, que votre porte serait fermée. »

Le roi rit du reproche et du costume de l’artiste, et l’engagea à continuer :

 « Il n’est pas possible d’obéir à Votre Majesté, répliqua le peintre ; je reviendrai lorsque Madame sera seule. »

Aussitôt il se lève, emporte sa perruque, ses jarretières, et va s’habiller dans une autre pièce, en répétant plusieurs fois : « Je n’aime point à être interrompu. »

La favorite céda au caprice de son peintre ; et le portrait fut achevé. 

Il refusa également d’achever le portrait de mesdames de France parce qu’elles le faisaient attendre. »

Mais, de La Tour, malgré les apparences de rudesse, n’était pas un rustre.

« Il fréquentait aussi les diners du lundi de Marie-Thérèse Geoffrin, où il rencontrait Helvétius et Nollet qu’il nommait ses bons amis, CrébillonJean-Jacques RousseauDuclos, Voltaire, DiderotD’Alembert, Dupuis, La CondamineBuffon, le maréchal de SaxePaulmy d’Argenson, le comte d’Egmont, le duc d’Aumont, l’abbé Jean-Jacques Huber dont il aimait tant la conversation et dont il a été institué légataire, l’abbé François-Emmanuel, Pommyer, le financier OrryPiron, et le violoniste Mondonville et tant d’autres. »

Pour mémoire, j’ai eu l’occasion de raconter l’histoire des diners de Marie-Thérèse Geoffrin, dans un texte, intitulé : Continue reading

Les La Tour de Saint-Quentin (I)

La Bastide Vieille, le 3 juillet 2023

“Les morts ne sont vraiment morts que lorsqu’il n’y a plus personne pour penser à eux.”

Saint Augustin (354 – 430)  

Hier, je suis allé à Puisserguier.

Puisserguier est une petite ville avec seulement 3000 habitants, qui se trouve en plein cœur du Languedoc, à l’ouest du département de l’Hérault.  Elle se situe dans le canton de Capestang, à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Béziers. C’est un endroit où nous allons régulièrement : cette ville se trouve à seulement 8 Km de la Bastide Vieille, l’endroit où je passe, et cela depuis vingt ans, la moitié de l’année.

J’ai eu, déjà, l’occasion de parler de ce village, il y a deux ans, dans un texte intitulé :

1, 2, 3… Octobre ! * | ADRIAN ROZEI (adrian-rozei.net)  

Si l’on retourne tous les ans à Puisserguier, au mois de juillet, c’est aussi parce que, à cette époque, il y a un « vide grenier » qui mobilise tous les vendeurs/acheteurs de la région. Et, plus d’une fois, j’ai trouvé dans ce « déballage » des objets qui, sans être des grandes antiquités, sont des souvenirs sympathiques, qui rappellent des moments agréables. Continue reading