Caminante, no hay camino…(I)

Boulogne, 8/06/2020

Caminante, no hay camino
Se hace camino al andar…

Caminante no hay camino
Sino estelas en la mar…*

 En 1969, j’étais élève à l’Ecole des Mines de Saint-Etienne.      

A cette époque, nous avions la grande chance d’avoir un restaurant pour les élèves de l’Ecole dans l’immeuble même de notre résidence.

Après 1968, une ouverture vers le monde universitaire stéphanois a donné l’occasion aux étudiants des autres établissements d’enseignement supérieur de profiter de nos « puissantes installations »**. 

En vérité, le but, non avoué, de cette ouverture visait plutôt le rééquilibrage du budget de la cantine !

Mais nous, les élèves-mineurs, nous avons beaucoup apprécié ce changement. C’est vrai que nous étions obligés de déjeuner « en deux services », ce qui générait une certaine attente, mais  cela nous donnait l’occasion de rencontrer des jeunes de notre âge et, surtout, des jeunes filles. Parce que, à cette époque, les cours de notre école étaient réservés exclusivement aux jeunes gens !  Continue reading

La despărţirea de Ilinca…

File de jurnal

Paris, 3/05/2019

 

Ieri, când am aflat despre plecarea Ilincăi dintre noi, am avut sentimentul pierderii unui prieten apropiat ! 

Cu toate că n-am întâlnit-o decât doar de două sau trei ori în aproape 60 ani ! Cum se face asta ?

Simplu ! Insă, ca să explic ce s-a întâmplat, trebuie să fac un lung salt în trecut. 

La sfârşitul anilor ’50, tatăl meu, care studiase şi locuise în Franţa antebelică timp de 5 ani, se lupta să mă convingă că trebuie să învăţ limba franceză.

In teorie, nimic mai simplu ! El putea, foarte bine, să mă ghideze prin arcanele limbii lui Molière. Numai că eu eram prea leneş şi nu doream să-mi bat capu’ cu acest efort.

Ce n-a încercat el !  Să  mă momească cu tot felul de promisiuni, să mă trimită să iau lecţii cu o mătuşă, să-mi pună sub nas tot felul de texte sau reviste (atât de greu de obţinut pe atunci !) în limba franceză… Continue reading

Un siècle avec l’Ecole des Mines  

Quand on m’a demandé de raconter la vie de mon père, Ionel  Rozei, j’ai longuement hésité. Comment peut-on résumer en quelques pages un siècle d’une existence si dramatique, si variée, si riche ? Et peut-on laisser de côté le sort tragique de son frère jumeau, Aurel, lui aussi ancien élève de l’Ecole des Mines ? Et puis, ne doit-on mentionner l’aventure personnelle de son fils, Adrian, auteur de ces lignes, un autre ancien élève de notre école ? Ensuite, je me suis dit, comme me l’avait enseigné un de mes camarades de l’Ecole, il y a près d’un demi –siècle : «Tout ce qui est simple, est faux ; tout ce qui est compliqué, est inutilisable ! »

Essayons donc de faire simple !

                                                    *   *   *

L’histoire de Ionel Rozei, et celle de son frère jumeau Aurel, se confond avec les hauts et les bas du XXe siècle d’un bout à l’autre de l’Europe. Je dirais, en ce qui concerne mon père, qu’il s’agit d’une leçon de survie : comment traverser un siècle et cinq dictatures sans perdre l’espoir, en gardant son esprit jeune, d’innombrables intérêts dans la vie et en pratiquant des activités multiples et variées jusqu’à son dernier jour ?

Parce que Ionel Rozei a subi tour à tour la dictature carliste dans la Roumanie des années ’30, la dictature fasciste pendant la Deuxième Guerre Mondiale, la dictature du prolétariat dans les années ’50, la dictature de Ceauşescu pendant les années ’60 et, vers la fin de sa vie, en moindre mesure, la dictature du «  politiquement correct ».

Nés le 27 novembre 1907, en Roumanie, les frères jumeaux Aurel et Ionel ont grandi dans une famille d’intellectuels qui a donné à leur pays quatre académiciens, ainsi que des hommes de science, des artistes et des écrivains. Leur père était le directeur d’une imprimerie sise à Galatzi, importante ville portuaire au bord du Danube, en Roumanie. Continue reading

Une autre histoire de « marteaux »*

Pendant les trois années passées à l’Ecole des Mines de Saint-Etienne, entre 1927 et 1930, mon père Ionel et son frère jumeau Aurel avaient un excellent ami, lui aussi élève de l’école.

Nicolas Sassi, grec d’Alexandrie, était venu en France pour suivre les  cours d’une Grande Ecole d’ingénieurs. Il avait fait toute sa formation en Egypte et il était très fier de son « excellent français ».

On le voit d’ailleurs sur la photo de promotion 1927 au troisième rang à droite, tête nue, juste à côté de mon oncle Aurel, alors que mon père Ionel se trouve au premier rang, tout à gauche de l’image.

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Mais, quelques temps auparavant, Nicolas, en voyage d’études « au pays minier » à Montceau-les-Mines, envoyait une carte postale à ses amis où il écrivait :

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En revenant de la Revue…*

Tengo miedo del encuentro
Con el pasado que vuelve
A enfrentarse con mi vida…

« Volver » tango de Carlos Gardel

J’ai quitté Saint Etienne au mois de juin 1970, à la fin de mes études à l’Ecole des Mines, et depuis 45 ans je n’y suis jamais retourné. Pourquoi ? Difficile à dire !

Pendant ce long laps de temps, j’ai voyagé dans d’innombrables pays et dans une grande partie des régions françaises. J’aurais pu quand même retourner, ne serait ce que pour quelques heures à Saint Etienne. Si je ne l’ai pas fait, c’est peut-être aussi parce que je craignais d’être confronté aux souvenirs de mes vingt ans.

Quand je suis arrivé à Saint Etienne en octobre ’67, j’avais justement 20 ans. Je venais d’arriver depuis à peine un mois en France. Pour moi, tout était nouveau, différent, étonnant. A la différence de l’énorme majorité de mes collègues, qui avaient passé toute leur enfance dans ce pays et qui se retrouvaient à Saint Etienne grâce au jeu des admissions au concours des Grandes Ecoles. Pour eux, Saint Etienne, Nancy, Toulouse ou Lyon, ça aurait été à peu prés la même chose, pourvu qu’ils intègrent une école d’avenir. Pour certains c’était plus important de se retrouver près des pistes de ski ou pas trop loin de la mer pour faire du bateau aussi souvent que possible. Mais pour moi, c’était une autre chose ! J’arrivais à Saint Etienne avec un lourd bagage de souvenirs, inculqués patiemment par mon père qui avait suivi les cours de l’Ecole, quarante ans auparavant.

Mais vivant à la Maison des Elèves (ME pour les initiés !), un cocon doré où nous étions choyés comme des coqs en pâte, je n’ai certainement pas fait assez d’efforts pour me « fondre » dans la vie stéphanoise. C’est vrai que la situation générale de la ville à cette époque n’était pas à envier ! Continue reading