Après les quarante cinq minutes de traversée du lac Léman, entre Lausanne et Evian, le voyageur qui souhaite admirer le paysage enchanteur et quelquefois dramatique de la rive opposée, se dirige en général vers un petit parc qui cache à l’ombre d’un gigantesque pin, le vieux port.
A sa grande surprise, il découvre, au milieu d’une pelouse entretenue, en égale mesure, par l’art des jardiniers et par les pluies qui se répètent avec l’exactitude de l’horloge de la mairie, un monument curieux. Entre deux colonnes antiques, le buste d’un personnage, portant lavallière et moustache “à la Napoléon III”, surplombé par un lion portant un blason, semble flotter au-dessus d’une galère en plein élan.
C’est le monument de “Grégoire Bassaraba Brancovan”, le président et fondateur de la Société nautique d’Evian, en 1888.
Peux nombreux sont ceux qui savent qu’il s’agit du père d’ Anne de Noailles, née Anne Elisabeth de Brancovan. Tout aussi peu nombreux sont ceux qui savent qu’Anne de Noailles a passé une grande partie de son enfance à Evian et que sa dernière volonté était que son cœur repose pour l’éternité au bord du lac Léman.