De rerum natura ad hortos japonicos in Gallia…*

La Bastide Vieille, septembre 2023

Depuis très longtemps, j’ai entendu parler du jardin japonais de Maulévrier.

Son nom varie, en fonction des sources consultées, entre « parc oriental » et « jardin japonais ».

« Le parc oriental de Maulévrier est un jardin japonais situé à Maulévrier en Maine-et-Loire en France. Avec une surface de 29 hectares, il est le plus vaste jardin japonais d’Europe. »

Qui plus est, il s’agit aussi d’un parc historique :

« Un parc oriental y est créé entre 1899 et 1913, par l’architecte parisien Alexandre Marcel (1860-1928), concepteur du pavillon du Tour du Monde, du pavillon du Cambodge pour l’Exposition universelle de 1900 à Paris et de la Pagode rue de Babylone à Paris, qui venait tout juste d’épouser Madeleine la fille de Bergère. Ainsi, il habite souvent dans le château, dont il refait les décors et supervise l’aménagement paysager d’inspiration japonaise. Les éléments khmers du parc sont reproduits à partir de moules des pièces exposées lors de l’Exposition universelle de 1900. Il fait planter des végétaux chinois, thaïlandais, japonais et européens. Le jardin est entretenu par 20 à 40 jardiniers jusqu’en 1940. »

Mais, par la suite, son abandon par les propriétaires de l’endroit met en péril jusqu’à son existence. Continue reading

Un automne de porcelaine…(III)

Paris, le 10 septembre 2022

Le passage par le Bd. Saint-Denis, nous permettait de traverser le Bd. de Strasbourg au carrefour « Strasbourg-St. Denis ». C’était, aussi, le nom d’une station de métro fort pratique pour aborder la traversée de Paris.

Nous on revenait régulièrement à cet endroit parce que c’est ici que se trouvait, et s’y trouve encore, l’agence L 412 du « Crédit Lyonnais ». Dont l’adresse officielle est « 9, Bd. Saint-Denis ».

Nous on entrait par la porte du Bd. de Strasbourg. C’est dans cette agence que mon père a ouvert un compte, qui portait le no. 58974/C, devenu, par la suite 200933B. Je retrouve toutes ces informations grâce à ses carnets d’adresses des années ’60-’70, que j’ai gardé scrupuleusement.

On avait choisi pour ouvrir un compte bancaire, le « Crédit Lyonnais » parce que… c’était le seul nom de banque à résonnance connue pour nos oreilles !

Moi, je n’étais pas titulaire du compte, puisque j’étais encore mineur.

En vérité, je suis devenu « majeur » deux fois dans ma vie :

  • une première fois en Roumanie, à l’âge de 18 ans,
  • et une deuxième fois, en France, à l’âge de 21 ans !

Entre les deux, j’ai été « déclassé » pendant 3 mois ! Continue reading

Pour un Âne enlevé… (II)

Feuilles de journal

La Bastide Vieille, le 24/11/2020

 

Quelques années plus tard, j’ai émis l’idée que je voulais apprendre le français !

Enorme joie dans la famille !

Oh ! C’était encore une décision « intéressée » ! 

J’avais lu « Les Trois mousquetaires » d’Alexandre Dumas, en roumain, et je voulais connaître la suite de l’histoire : « Vingt ans après » et « Le Vicomte de Bragelonne ».

Mais, ces livres n’étaient pas traduits en roumain ou pas disponibles dans les librairies, qui favorisaient plutôt les auteurs soviétiques.

La seule solution était donc… d’apprendre le français. 

Je raconterai, une autre fois, comment s’est déroulé cet apprentissage.

Ce qui est certain, c’est qu’un an plus tard, j’avais avalé 11 000 pages de l’œuvre historique d’Alexandre Dumas ! 

Quand les livres de la « Bibliothèque rose » d’avant la guerre, appartenant à l’une des collègues de travail de mon père, ont été tous parcourus, il a fallu trouver… autre chose à lire !

Continue reading

C’est mon passé que l’on jette à la poubelle !

Boulogne, 27/02/2019

 

«Les choses ont leurs secrets, les choses ont leurs légendes 
Mais les choses nous parlent si nous savons entendre…
 

Il cria: “Je prends, je rachète tout ça
Ce que vous transportez là, c’est mon passé à moi”…

C’était déjà trop tard, pour sa voix suppliante ! » 

D’après Barbara : « Drouot – La salle des ventes »

En 1967, quand nous avons quitté la Roumanie, nous avions le droit d’emporter seulement 50 Kg par personne. Bien sûr, rien en or ou en argent, pas d’objets fabriqués en Occident, même pour les vêtements il y avait une liste mentionnant le nombre de chemises, costumes, ceintures ou cravates…

Pour ce qui est des alliances, seulement les personnes mariées avaient le droit de les emporter, et seulement dans la limite de 10 g par personne. Ceux qui possédaient des alliances plus lourdes ont été obligés d’enlever ce qui dépassait cette limite !

En ce qui concerne notre famille, mes parents et moi, nous avions donc droit à 150 kg. En pratique, nous n’avons pas atteint cette limite et de loin ! Continue reading

Non, je n’ai rien oublié…

La Bastide Vieille, le 2/10/2018

 

Quand nous sommes arrivés à Paris, en septembre 1967, nous n’avions pas un sou vaillant !

Même le billet de 1Leu roumain, que je voulais amener avec moi pour le montrer à mes futures connaissances, et qui ne valait rien en France, m’avait été retiré à la douane, à la sortie de Roumanie. 

Tout ce que nous possédions, c’était 300 FF, dont nous attendions avec impatience l’arrivée depuis Grenoble.

Pendant qu’il attendait qu’il soit reçu par le consul, dans les couloirs du Consulat de France à Bucarest, mon père avait fait la connaissance d’un jeune français de Grenoble, grand amateur de natation. Le jeune homme avait fait le déplacement pour encourager un champion français de la spécialité, qui concourait dans les bassins du stade « Dinamo », dans le cadre d’une rencontre franco-roumaine.  Seulement, cet ardent supporter, dans le feu de l’enthousiasme, c’était fait voler le portefeuille et  se retrouvait sans un sou, ni billet de train, pour le retour. Il était donc venu au Consulat, pour demander de l’aide. Ce que le consul de France lui a refusé. 

Alors, mon père a décidé d’intervenir.

Je suis allé avec le jeune homme, que nous ne connaissions ni d’Eve, ni d’Adam, à l’office de Chemins de fer roumains et j’ai réglé le prix du billet, l’équivalent de 300 Francs. Il nous a promis d’envoyer ce montant, dés son arrivé en France, à l’adresse de la cousine de ma mère, qui habitait Paris.

Ce qu’il a fait, très honnêtement ! Sauf que, quand nous avons présenté, à la préposée au guichet de la poste, notre « Récépissé de demande de carte de séjour », celle-ci, qui n’avait jamais vu un tel papier, a refusé de nous donner l’argent. C’est vrai qu’il s’agissait d’une feuille de papier maronnasse, remplie à la main, mais qui portait, quand-même, le cachet et la signature (illisible !) d’un agent de la Préfecture de police, dans l’Ile-de-la Cité. Il a fallu faire appel au directeur de l’agence, qui a confirmé la validité de ce document*. 

Continue reading

Le Brésil… c’est pas fini!

Feuilles de journal

Paris, 30/03/2018

 

À peine rentré, depuis une demi-journée, de mon périple brésilien, j’ai couru écouter Angelina Wismes dans son concert à la Mairie des Lilas.

Angelina est une des chanteuses les plus douées de la jeune génération d’interprètes lancées ces dernières années sur les scènes parisiennes.
Et pas seulement chanteuse! Parce qu’elle est tout aussi bien pianiste,  auteur de chansons et « aranjeuse » de refrains connus, provenant du répertoire des grands artistes contemporains. Ses choix musicaux balancent entre Barbara et Poulenc, Leonard Cohen et Brassens, Marie-Paule Belle et… Kurt Weil!
D’ailleurs, son premier CD réunissait une quinzaine de chansons de Barbara. Et, au mois de septembre dernier, j’ai eu la chance de l’écouter comme invitée de l’association qui perpétue la mémoire de Georges Brassens, concert annuel où elle est devenue une habituée.

La grande surprise fut au moment où Angelina nous a annoncé qu’elle allait interpréter la chanson du film d’Almodovar « La piel que habito ». Pas dans sa version espagnole, mais l’original brésilien, intitulé « Pelo amor de amar », chanté par Ellen de Lima.

En fermant les yeux, je me retrouvais à Rio de Janeiro, que j’avais quitté à peine 36 heures auparavant!

Attendant un prochain enregistrement, où Angelina interprétera, peut-être, ce refrain, ceux qui veulent faire sa connaissance, peuvent la trouver sur:

Moi, qui suit ses passages sur scène depuis près d’un an, je guette avec impatience la sortie de son nouveau CD, en préparation.

Et j’ai cru comprendre, en discutant avec elle, qu’il y aura bon nombre de surprises.

Ce qui, connaissant l’éclectisme de ses goûts, ne m’étonne pas du tout!

Adrian Irvin ROZEI
Paris, mars 2018

Am împlinit 50 ani!

Bucureşti, 10/09/1967

Ora 8h00

Am petrecut ultima noapte în România –sau, cel puţin, aşa îmi imaginam pe atunci!- în casa vărului meu, Costin Cazaban. Nu mai aveam nici casă, nici mobile, vândusem sau împrăştiasem  tot ce mai rămăsese nevândut pe la prieteni. In schimb, după 16 ani de aşteptare, aveam hârtia mult dorită : « Certificat de călătorie pentru persoane fără cetăţenie ».

In dimineaţa de 10 septembrie, părinţii mei, care locuiseră în ultima noapte la un prieten ce avea maşină, au venit să mă ia şi am plecat la aeroportul Băneasa.

Când am sosit la aeroport, am avut surpriza de a constata că ne aşteptau 28 persoane, toţi prieteni, pentru că, în afară de Costin Cazaban, nu mai aveam nicio rudă în ţară.

Toţi cei prezenţi aduseseră buchete de flori pentru mama mea. Buchete pe care a trebuit să le ia înapoi : n-aveam voie să luăm nici măcar o floare !

Printre cei veniţi să ne conducă se afla şi tatăl unei prietene din anii de liceu. Ne conoscusem la coada pentru cumpărarea unui frigider. El i-a spus tatălui meu : Continue reading

Rencontre avec « l’homme en habit rouge »

J’ai toujours été un admirateur inconditionnel de Barbara. Quelquefois même de manière irraisonnée, d’autres fois en dépit des évidences adverses. 

J’ai découvert l’existence de Barbara en ’65 ou 66’ quand, grâce à une libéralisation inespérée du régime communiste de Roumanie, j’ai pu recevoir la revue « l’Express » envoyé tous les mois par des amis français. 

Un petit entrefilet accompagné d’une photo a attiré mon attention. On mentionnait l’étrange habitude d’une vedette de la chanson, récemment découverte par le grand public, qui avait la curieuse manie de tricoter dans sa « Mercédès », conduite par son chauffeur, derrière des petits rideaux qu’elle fermait souvent, pour protéger son intimité. Et la photo montrait Barbara très attentive à son ouvrage. 

Pourquoi ai-je retenu ce détail, alors que je n’avais même pas entendu une seule chanson de Barbara ? Serait-ce parce qu’elle pratiquait un « sport » déjà désuet dans le contexte de l’époque ? Ou parce que j’avais compris qu’elle était « à contretemps » avec le mouvement « yéyé », qui à ce moment là envahissait les ondes en France et partout en Europe ? 

Par la suite, une fois arrivé en France, j’ai entendu, de plus en plus souvent, parler de Barbara. 

En ’68 ou 69’, élève à l’Ecole des Mines de Saint-Etienne, j’écoutais avec religiosité, sur mon petit transistor, les programmes de Christian Barbier, diffusés bien après minuit sur « Europe 1 ».

Je suivais avec un énorme plaisir ses reportages et commentaires retransmis les soirs de première à « l’Olympia ». A l’époque, Bruno Coquatrix dirigeait de main de maître la salle du Boulevard des Capucines. Continue reading