Paris, le 20/12/2022
A partir du départ de Mexico, me voilà en « terre inconnue » !
A l’arrivée à Oaxaca, nous nous sommes dirigés vers l’hôtel que j’avais réservé avant le départ de France.
Comment je l’ai choisi ? Simple !
A l’époque, j’entretenais d’excellentes relations avec l’agence de voyage localisée dans le hall d’entrée de la tour, située sur le site de la Défense, où je travaillais. C’était… « donnant/donnant » !
Eux, me gardaient tous les mois/trimestres les gros annuaires auxquels ils étaient abonnés :
-AOG et OAG : le trafic mondial des lignes aériennes,
-Index Travel : le livre des principaux hôtels par pays, dans tous les coins du monde !
Ainsi, quand je devais préparer un voyage, je potassais par moi-même ces énormes bouquins (2 à 3 Kg pour chacun !) et j’arrivais avec la liste des vols et hôtels de mon choix. Grande économie de temps pour l’agence… et pour moi !
Comme je connaissais, souvent, les destinations concernées, j’évitais, par exemple, des réservations de vols depuis un aéroport qui se trouve… à deux heures de la ville, alors qu’il y en a un… à 10 minutes de mon hôtel !
Ainsi, par exemple, pour aller de Buenos-Aires à Montevideo, je quittais mon hôtel… 30 minutes avant le départ du vol depuis « Aeroparque (Jorge Newberry) », alors que, pour arriver à « Ezeiza (Ministro Pistarini International Airport) », il fallait compter… deux heures, au moins !
En même temps, j’avais appris les rudiments du calcul des trajets aériens, qui me permettaient de choisir des itinéraires avantageux… pour tout le monde :
-ma société faisait des économies,
-moi, je conservais des avoirs MCO qui me servaient, par la suite, à payer mes propres déplacements !
Pour ce qui est des hôtels, ces annuaires m’aidaient à choisir des établissements à mon goût et pas les Sheraton ou Hilton que fréquentaient mes collègues !
A tel point que même mes agents s’étonnaient de découvrir des hôtels qu’ils ne connaissaient pas ! Ou, qu’ils préféraient ne pas connaître ! Parce que, j’ai découvert plus d’une fois, qu’ils avaient des « petits arrangements » avec certains établissements qui leur rétrocédaient… une ristourne !
De nos jours, plus personne ne sait calculer le prix d’un billet d’avion. « Il y a des logiciels pour ça ! », on va vous répondre, si vous le demandez.
Sauf que, le logiciel n’a pas été conçu pour favoriser ni le voyageur, ni la société qui paye le billet !
Quant au choix de l’hôtel, malgré la multiplication des moteurs de recherche, pour trouver « la perle rare », il faut chercher tout en bas des listings : les premiers hôtels recommandés sont ceux qui ont payé la plus grosse commission à celui qui les proposent !
En tout cas, pour ce qui est de l’hôtel de Oaxaca, en 1986, j’ai pris… « the best of the best » !
L’hôtel s’appelait « el Presidente Oaxaca », aujourd’hui : « Hôtel Quinta Real Oaxaca 5* »
Mais, si le nom et les propriétaires de l’hôtel ont changé, depuis notre passage, il y a près de quatre décennies, le site et grande partie de la décoration n’ont pas été modifié… d’un iota !
Et pour cause :
« Enchanté par les jardins fleuris, les cours brillantes et les fontaines sereines, Quinta Real Oaxaca est un hôtel de luxe romantique.
Construit en 1576, l’hôtel était à l’origine le couvent de Santa Catalina de Siena jusqu’au milieu des années 1700. Une grande partie de la structure a été soigneusement restaurée dans son aspect d’origine, y compris ses célèbres fresques et ses sols en tuiles historiques.
Ce bel hôtel se trouve dans le centre-ville historique d’Oaxaca de Juárez, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1987. Des attractions culturelles étonnantes, comme l’église de Santo Domingo de Guzmán, sont à seulement quelques minutes de Quinta Real Oaxaca.
Quinta Real Oaxaca a été nommé dans les listes Historic Hotels Worldwide Top 25 : « Top 2022 des hôtels historiques au monde, les Hôtels les plus romantiques »
J’avoue que, si pendant près d’un demi-siècle, j’ai visité ou habité dans des hôtels, anciens site coloniaux, en Colombie (Cartagena, Mompox…), Pérou (Arequipa, Cuzco, Trujillo…), Guatemala (Antigua Guatemala), Uruguay (Colonia, Maldonado), Brésil (Paraty), Porto Rico (El Convento)… et tant et tant d’autres villes de la même époque, en Amérique Latine, superbement conservés ou restaurés, le « Presidente Oaxaca » » m’a laissé un souvenir inoubliable !
Surtout, par ses jardins intérieurs, ainsi que je les retrouve dans les photos prises à l’époque.
Etrangement, je ne garde aucun souvenir de la ville d’Oaxaca, si ce n’est l’image d’une vendeuse de tranches de pastèques énormes dans lesquelles il y avait, comme l’on dit par là-bas, de quoi « boire, manger et se laver la figure » ! Tout comme à Bucarest, dans mon enfance.
Une fois de plus, à l’hôtel, le souvenir du spectacle folklorique traditionnel, mais, surtout, la piscine où l’on n’hésitait pas de se baigner… de jour ou de nuit !
Il me semble avoir entendu, sur place, des anecdotes historiques liées au passage dans le couvent d’un président du Mexique, probablement Benito Juárez.
Mais, ce genre de « détail » ne se retrouve plus dans la présentation des hôtels de luxe de nos jours. On considère plus important d’indiquer le nombre de m2 du spa et la marque des produits de beauté mis à la disposition des « guests » dans la chambre !
Quelle tristesse !
* * *
L’étape suivante de notre périple-découverte était la plus… inattendue !
Puerto Escondido est une ville portuaire de l’État mexicain d’Oaxaca. Fondée en 1928 pour le commerce du café, elle est devenue un attrait pour le tourisme et le surf. Son nom signifie « Port caché » en espagnol. Elle compte une population d’environ 19 488 habitants et se situe à 450 km de Mexico (à vol d’oiseau) et près de 700 km, par l’autoroute.
Puerto Escondido est un « Beach break » de renommée mondiale. Les vagues y sont tubulaires et le roulis tient très bien la taille (jusqu’à plus de 6m). Au vu de la puissance des vagues, cet endroit de surf est très dangereux pour les non-initiés. De plus l’eau est souvent polluée.
Le surfeur espagnol Oscar Serra y a laissé la vie le 17 juillet 2021.
Qui plus est, ce « resort » a été vu et revu sur les écrans et dans les librairies :
« Puerto Escondido » (Interno Giallo), un roman de Pino Cacucci (1990) se déroule en grande partie au Mexique et en particulier dans la ville homonyme.
« Puerto Escondido », est un film tiré du même roman (1992).
Mais, en 1986, au moment de notre voyage, tout ça… étaient des choses « à venir » !
D’ailleurs, nous l’avons pressenti : au moment de l’atterrissage de notre « avionnette » avec seulement 36 places, nous avons remarqué des bulldozers qui travaillaient jour et nuit à l’agrandissement de la piste de l’aéroport. On nous a expliqué que, six mois plus tard, l’aéroport serait aménagé pour accueillir des Boeing 747 !
Nous avons compris que ce jour sonnerait la fin d’un monde !
En attendant, nous avons pris une sorte de « tuck-tuck », un scooter a trois places (y compris le conducteur !), seul taxi disponible, qui nous a conduit à notre hôtel : « Hotel Paraiso Escondido ».
Comme dit si bien la présentation de l’hôtel :
Lugar único al estilo de una Hacienda Mexicana, colorido, lleno de detalles, excelente vista a la bahía principal y magnífica ubicación. La mejor opción para disfrutar Puerto Escondido.
« Un lieu unique dans le style d’une « hacienda » mexicaine, coloré, plein de détails, excellente vue vers la baie principale et magnifique emplacement. Le meilleur choix pour profiter de Puerto Escondido. »
C’est tout à fait vrai ! A l’époque et… aujourd’hui !
Dès le premier moment, nous avons été impressionnés par le soin avec lequel chaque chambre, chaque couloir, chaque terrasse… avaient été décorés pour rendre le séjour dans cet endroit inoubliable !
Et, j’avoue que nous n’avons pas, à ce jour, oublié ce lieu et que j’en rêve, encore aujourd’hui, d’y retourner. Je me souviens, par exemple, d’un détail presque sans importance : au moment de notre arrivée, un garçon peignait avec une grande application, un support à journaux en fer forgé, installé près de chaque transat, en forme d’oie. Il s’efforçait de rendre, non seulement les plumes blanches, mais, aussi, le bec rouge et les yeux noirs de l’oiseau !
De la même façon, chaque chambre était décorée dans un style et avec des couleurs différentes.
Bien-sûr, j’ai eu la curiosité de faire la connaissance du propriétaire de l’hôtel.
J’ai rencontré, ainsi, Federico Oettler, qui m’a raconté son « aventure mexicaine ». Après plusieurs années de vie au Mexique, en venant d’Allemagne (ou de Suisse alémanique ?), il a découvert ce petit « paradis caché » et il a construit de ses mains l’hôtel.
Et il travaillait à rajouter un (petit) détail… jour après jour.
* * *
Dès le lendemain, nous sommes descendus à la plage voisine de l’hôtel, à quelques minutes à pied !
Ici, nous disposions de quelques kilomètres de sable, parsemés de gros rochers et de cactus géants, pour nous seuls.
A peine si l’on voyait, au milieu de la baie, quelques bateaux à voile ancrés : il n’y avait pas encore de quai pour permettre aux voiliers d’accoster près de la berge !
Nous avons profité de ce « paradis vide d’habitants » pour faire une très longue promenade. Elle a duré jusqu’au coucher du soleil dans les eaux du Pacifique.
Au retour à l’hôtel, en me regardant dans une glace, j’ai constaté que j’étais rouge… comme une écrevisse ! Emporté par la beauté de l’endroit, rafraîchit par la brise marine, je n’avais pas fait attention aux coups de soleil.
C’était déjà trop tard ! J’ai dû passer la nuit en me tartinant les épaules de yaourt… pour alléger les brûlures !
Un souvenir « cuisant », que je n’ai pas encore oublié, près de quarante ans plus tard !
* * *
Mais, toutes les bonnes choses ont une fin !
D’après notre programme préétabli, il a fallu quitter Puerto Escondido pour continuer notre périple vers Acapulco. Cette fois-ci, en bus de ligne avec les locaux.
En montant dans le bus, j’ai remarqué que deux « campesinos » étaient montés avec leurs bagages : deux superbes iguanes vivants, bien ficelés, qu’ils comptaient consommer sous forme de tamales, en arrivant chez eux.
Pour mémoire :
Le tamal (pluriel : tamales) est un plat typique du Mexique qui se présente sous la forme d’une papillote amérindienne préhispanique. On estime qu’il y aurait environ 5 000 types de tamales dans le pays. En effet, chaque région a une façon différente de les préparer.
L’origine préhispanique des Tamales est documentée, en particulier par le frère Fray Bernardino de Sahagun, au début du XVIe siècle, dans son Histoire Générale des Choses de la Nouvelle-Espagne, un véritable livre de recettes… Leur origine remonterait à près de 5000 ans. Beaucoup d’entre eux avaient un caractère rituel et abondent ceux qui sont encore liés à des rites funéraires, héritage de coutumes toujours pratiquées aujourd’hui.
Ces offrandes (Tamal) qui se perpétuent dans les villages des Etats de Michoacán, Mexico, Puebla et d’autres régions du pays, contiennent divers ingrédients exquis, parfois rares, pour les rendre toujours plus goûteux.
Justement, au bord du Pacifiques, les tamales d’iguane sont considérés comme une « spécialité ». La viande de l’animal, très tendre, est hautement appréciée par les paysans locaux. Et pas seulement par ceux-ci…
Les deux iguanes ont été placés sous la banquette, au fond du bus. En choisissant nos places dans le bus, j’ai dû prendre une banquette voisine, la seule donnant accès à l’ouverture de la vitre du véhicule. Tout ceci, parce que je n’avais aucune envie de voir, pendant plusieurs heures, la côte du Pacifique à travers une glace couleur fumée !
Au bout de quelques minutes, après le départ du bus, j’ai dit à ma fiancée : « Regarde sous la banquette, derrière nous ! Une surprise t’attend ! »
Quand elle a découvert qu’il s’agissait d’iguanes VIVANTES, elle a sauté en l’air et exigé que l’on change de place ! Malheureusement, le bus était complet.
Mais, les propriétaires des iguanes l’ont rassuré, en lui expliquant avec luxe de détails… l’usage qu’ils allaient faire de ces animaux !
« Volens, nolens ! », il a fallu accepter ce voisinage, jusqu’au prochain arrêt du bus.
Quelques heures plus tard, nous voilà arrivés à Acapulco.
Mais, entretemps, nous avions quitté l’Etat de Oaxaca. Donc, les « aventures » qui ont suivi débordent du cadre de ce texte !
* * *
Le vendredi, 16 décembre dernier, nous sortions, avec mon fils Olivier, du spectacle de l’humoriste Sandrine Sarroche aux « Folies Bergère ». Il était presque 23h00, il faisait « un froid de gueux » (-4°C, sensation thermique ressentie -7°C !).
Nous n’avions pas dîné, avant le spectacle, et la faim nous taraudait. Ce n’était pas le moment de finasser sur le choix du restaurant, d’autant plus que deux établissements, dans la rue voisine, ont refusé de nous servir « à cette heure avancée ».
Le premier restaurant qui a accepté de nous servir était une « cantina mexicana ». Très bien !
Nous avons pris les plats mexicains les plus traditionnels : du guacamole con totopos, du chili con carne et queso fundido. Malheureusement, même si « Le Mexique est le plus grand exportateur de bière au monde depuis 2010, dépassant la Hollande, grand exportateur jusque-là… », aucune des bières mexicaines que je connais (Corona, Dos XX, Pacifico…) n’était pas disponible.
Peu importe ! Je ne suis pas un vrai buveur de bière. J’ai choisi la sangria.
Sitôt le repas fini, je me suis adressé à la serveuse, en la questionnant sur ses origines mexicaines. Elle m’a répondu : « Je viens de Oaxaca ! ».
Ça ne pouvait pas mieux tomber !
Je lui ai raconté, en quelques mots, mes souvenirs de Oaxaca et de Puerto Escondido, d’il y a presque 40 ans. En précisant que je rêve de retourner à Puerto Escondido.
« Vous ne reconnaîtrais pas les lieux ! Tout a changé depuis ! C’est devenu une station balnéaire très courue. Surtout par les surfeurs. »
En sortant du restaurant, j’ai demandé leur carte de visite. C’était écrit « Zicatela Folies ». Ce nom ne me disait rien !
En rentrant à la maison, j’ai cherché sur Internet l’hôtel « Paraiso Escondido ». Je l’ai retrouvé. Rien, si ce n’est la couleur des murs, n’a changé !
Dans un coin de l’image, c’est marqué :
« Plage : Playa Zicatela 4 min. à pied »
Et, tout d’un coup, j’ai ressenti sur mes épaules les brûlures du soleil d’il y a 40 ans !
La boucle était bouclée !
A suivre…
Adrian Irvin ROZEI
Paris décembre 2022
Bonjour Adrian, toujours aussi intéressant vos récits. J ai failli mettre de la Biafine sur mes épaules 😉à bientôt au téléphone
Bravo Adrian pour cette boucle de 40 ans Paris- Mexico – Paris
Passionnant as usual
Pierre Teissier