Feuilles de journal
Annecy, le 19/09/2016
Quand on vit à Saint-Etienne, on a intérêt à aimer la cuisine italienne !
Rien que sur le pourtour de la place Marengo (je n’arrive toujours pas à l’appeler « Jean Jaurès » !) il y a quatre restaurants italiens. Et selon un restaurateur (italien) du voisinage il y aurait six autres dans les rues adjacentes. Heureusement d’ailleurs, parce que sinon on serait condamné au « kebab/frites ».
Mais, certains de ces restaurants ont une fonction de socialisation insoupçonnable. Par exemple, le « Stromboli » situé à un endroit stratégique au coin de la place, en ligne avec la Préfecture, annonce fièrement « ouvert 7 jours sur 7 ». Et si on demande suavement : « Jusqu’à quelle heure ? », la réponse est beaucoup plus surprenante : « Tant qu’il y a des clients ! ».
J’ai connu à Bucarest, dans les années ‘90, des restaurateurs qui annonçaient avec autant de fierté : « Ouvert jusqu’au dernier client ! », ce qui signifiait souvent 4 ou 5 heures du matin. Même que j’ai vu quelquefois des « hommes d’affaires » tziganes qui, ayant fait un bon coup, « privatisaient » le restaurant avec des liasses de dollars et, accompagnés par trois ou quatre musiciens, restaient sur place jusqu’au lever du jour.
Mais, à Saint-Etienne ce n’est pas du tout la même chose !
Certes le samedi, même si dehors il pleut des cordes, il y a beaucoup de monde dans le restaurant fort tard dans la nuit. Par contre, en semaine, comme dit un vieil adage : « La guerre cessa, faute de combattants ». Mais, tout de même, sur le coup de minuit !
Après seulement trois heures de route, je viens de débarquer à Annecy et j’ai l’impression d’être arrivé sur une autre planète.
C’est normal ! J’ai quitté une ville qui a du mal à oublier son brillant passé industriel évanoui depuis longtemps, pour rejoindre une ville au passé millénaire, au cœur des Alpes et au bord d’un lac on ne peut plus touristique.
Ici tout est échauguettes et mâchicoulis, bretèches et tourelles, douves et remparts … On se croirait arrivé en plein Moyen-âge ! Et chaque pierre est mise en valeur par un éclairage savant qui souligne les tâches de couleur florales sur fond de muraille rongée par le temps. Et l’eau ! L’eau qui coule partout, qui étreint dans ses méandres de vieilles demeures qui, on dirait, se sont aiguisé pour mieux fendre les flots.
Tout ça, c’est bien beau ! Mais après les nourritures spirituelles il faut trouver aussi celles du corps.
Je pars à la recherche d’un restaurant car, selon les conseils du « Guide du routard », il y en a un ouvert jusqu’à 1h ou 2h du matin. Quelle aubaine ! Il n’est que 22h et j’ai donc tout le temps.
Vue de l’esprit ! Quand je le trouve enfin, dans les rues de la ville tout aussi peuplées que celles de Fukushima un dimanche de janvier, on m’avertit que je dois me dépêcher pour commander : « Vous comprenez, la cuisine ferme dans 15 minutes ! ».
A Bucarest, dans les années ‘60, quand nous allions au restaurant avec mes amis les acteurs vers minuit après la fin de la représentation, on nous disait : « La cuisine est fermée, mais nous pouvons vous proposer un steak tartare ».
Dois-je demander un steak tartare à 22h15 dans une des villes les plus touristiques de France ?
Adrian Irvin ROZEI
Annecy, septembre 2016
Service après-vente
Après une deuxième soirée passée à Annecy, je me dois de réviser légèrement mon propos. Pas en ce qui concerne l’horaire de la restauration, mais pour l’animation nocturne au centre-ville.
Mais, la définition même d’un journal est d’enregistrer les impressions du moment !
En tout cas, je déconseille au visiteur affamé d’arriver à Annecy un lundi soir !
Le passé industriel de Saint-Etienne qui a disparu…..les traces……? les souvenirs?…..la désertification…..comment renaître? Que faire?….