La Bastide Vieille, le 17/02/2020
Pendant les cinq jours passés à New-York, mes peintures d’Argentine ont dormi tranquillement dans ma valise.
Bien-sûr, je suis allé visiter quelques musées et j’ai essayé de m’inspirer, à chaque fois, de la manière dont on encadre ce genre de tableau.
Ce n’est pas parce que leur prix est ridiculement bas qu’il faut sacrifier « la mise en page » ! Même si j’étais conscient que le prix du cadre risquerait de dépasser -et de loin !- celui des peintures !
Je suis même allé au Met où, après avoir vu l’exposition « Making Marvels – Science & Splendor at the Courts of Europe », j’ai fait un tour dans les collections permanentes.
Mais ici, à mon grand désespoir, je n’ai pas trouvé des « ángeles arcabuceros».
Nobody’s perfect !
* * *
Une fois arrivé en France, je me suis dit qu’il ne faut pas abandonner la lutte sans combat ! Même si les expériences du passé tentent à prouver qu’il ne s’agit pas de l’endroit idéal pour trouver un encadreur compétent, bon marché et proposant une large gamme de cadres, dans tous les styles.
J’ai, tout de même, fait quelques tentatives.
Pour le tableau « D. Fucs », j’ai trouvé chez « Bricorama » un cadre standard et sans grande fantaisie, avec un prix frisant 6 fois celui du tableau.
Mais, l’artisan m’a demandé une semaine pour accomplir la tâche et, voyant mon visage étonné, m’a dit : « Vous pouvez le faire vous même ! Moi, j’ai beaucoup de travail ! »
Et il est parti boire un café!
Quant à la « spécialiste », recommandée chaudement par un acteur connu de la place de Paris, elle m’a dit que le samedi sa boutique serait ouverte entre 14h et 15h et que la semaine suivante elle sera partie en congé ! Sans même me demander quel est le travail à exécuter !
Au revoir et merci !
* * *
Depuis quelques mois déjà, on m’avait annoncé que j’ai été nominé pour le titre de « L’Homme de l’année 2019 ».
De quoi s’agit-il ? Simple !
Le « Centre Culturel Israël – Roumanie », qui se trouve à Jérusalem, accorde tous les ans des « Diplômes d’excellence » à un certain nombre de personnalités artistiques/politiques/sociales qui se sont distingués dans le domaine littéraire en langue roumaine. Le président du Centre est M. Teşu Solomovici, bien connu journaliste, éditeur, écrivain, animateur de la vie culturelle depuis quelques sept décennies.
J’ai eu l’honneur de collaborer avec lui depuis quelques années ; il a publié certains de mes textes (en roumain), entre autre dans sa revue « MAXIMUM », éditée en Israël. D’innombrables fois, il m’a incité à écrire mes mémoires et il m’a promis qu’il se chargerait de la diffusion d’un nouveau livre… si je trouvais un sponsor pour l’éditer !
Cette opération est en cours.
En attendant, il m’a parlé de la rencontre internationale intitulée «Le livre : pont entre les peuples, religions, civilisations », programmée entre le 22/01 et le 26/01/2020 à Tel-Aviv, en Israël. Et il m’a précisé : « A cette occasion seront décernés les « Diplômes d’excellence » pour l’année 2019. »
Il est évident que je ne pouvais pas refuser un tel honneur ! D’autant plus qu’il m’a indiqué qu’à cette occasion, « Les journées de la culture et de la langue roumaine en Israël », je disposerai d’une dizaine de minutes pour prononcer une courte allocution sur le thème : « Le roumain, en dehors des frontières de la Roumanie ».
Au programme des journées, il était prévu une cérémonie, le 24/01/2020, à la « Maison des écrivains de langue hébraïque », un spectacle soutenu par l’un des plus réputés acteurs et directeurs de théâtre de Bucarest, Horaţiu Mălăele, ainsi qu’un banquet dans le Restaurant « Bucureşti » de Tel-Aviv, auquel étaient conviés les quelques 50 invités arrivés de Roumanie, plus une dizaine de membres réputés de la communauté roumaine d’Israël et d’autres pays d’Europe.
Pendant les autres journées des rencontres, avait été prévu un vaste programme de visites en Terre sainte, comprenant des excursions à Jérusalem, Bethleem, Massada, Nazareth etc., etc., ainsi que des rencontres avec des hautes personnalités du culte chrétien et judaïque, parmi lesquels une réunion avec l’Archimandrite Teofil Anăstăsoaie, dans l’église roumaine de Jérusalem.
J’avoue que ce superbe programme me semblait surprenant et inespéré !
Non seulement à cause de l’honneur qui m’était accordé, mais aussi pour l’occasion de rencontrer et de faire connaissance avec tant de personnalités de la vie culturelle roumaine, ainsi que celle de retourner en Israël, pays que je connais depuis 1971, avec lequel j’ai travaillé pendant une quarantaine d’années, mais où je n’ai pas mis les pieds depuis 10 ans !
Eh puis, quelque part, au fond de ma tête, je me suis dit que, sur le chemin du retour, je pourrais m’arrêter à Rome et… faire encadrer mes tableaux argentins ! Comme disait à mon sujet une réputée actrice du théâtre roumain, il y a quelques cinq décennies : « Peu d’idées, mais bien fixes ! ».
Tout ça me semblait… un don du Ciel tellement inattendu que je n’ai pas osé commencer la préparation du voyage qu’une vingtaine de jours avant le départ. Mais, pas-à-pas, tant d’autres projets de visites et de rencontres s’y sont greffés, que j’ai été obligé de renoncer à quelques événements, surtout touristiques.
Ce qui n’est pas un problème, puisque j’ai visité déjà ces endroits, maintes et maintes fois, à l’occasion de mes visites de travail ou des vacances en Israël.
Qui plus est, le mois de janvier n’est pas le meilleur moment pour faire du tourisme dans ce pays ! Cette affirmation c’est avérée exacte, puisque notre arrivée a été précédée de pluies diluviennes et même d’inondations, et pendant notre séjour nous avons subi des tempêtes et vents forts.
Mais, l’événement majeur qui s’est déroulé en Israël, en même temps que notre réunion, a été la présence d’une quarantaine de chefs d’Etats venus commémorer la libération, il y a 75 ans, du camp d’Auschwitz-Birkenau.
Sorin Roşca Stănescu, le « Tycoon » de la presse roumaine, lui-même désigné comme « Le journaliste de l’année 2019 » à cette occasion, écrivait dans son commentaire quotidien, daté 23/01/2020 : « Les cérémonies de Jérusalem sont en plein déroulement, et, là-bas, se trouve aussi le Président de la Roumanie, Klaus Iohannis. Mais, l’Holocauste est commémoré aussi à Tel-Aviv, où se trouve en ce moment une autre délégation de Roumains, encore plus consistante que celle qui accompagne le président à Jérusalem. »
Malgré tout, cet événement de taille mondiale n’a affecté que légèrement notre programme, prouvant ainsi la « proactivité » des organisateurs.
J’ai reçu, comme prévu, mon « Diplôme d’excellence », dont le texte dit en roumain (avec la traduction suivante en français) :
« L’Homme de l’année 2019 »
A l’occasion des « Journées de la culture et de la langue roumaine en Israël », titre accordé à M. Adrian IRVIN ROZEI en signe d’appréciation particulière pour ses activités et actions bénéfiques dans la vie socioculturelle et au vu du développement des liens d’amitié franco-roumano-israéliennes.
Mentionner ici les noms des participants, prévus de longue date ou apparus à la dernière minute, des « diplômés » du jour, des artistes montés sur la scène de la rencontre, compter les langues parlées dans la salle, décrire la joie des amis qui se sont retrouvés après des années d’absence, conter les souvenirs resurgis du fond des mémoires, les anecdotes échangées par-dessus les têtes de ceux attablés avec un verre à la main… ce serait trop fastidieux, voire impossible !
Disons que, nous avons vécu TOUS une très, très grande rencontre !
Pour laquelle nous devons remercier l’âme et le maître d’œuvre de l’organisation, M. Teşu Solomovici !
* * *
Pour ma part, une fois de plus, j’ai faussé compagnie à mes collègues de réunion, partant, dès le lendemain de « l’événement », à Haïfa.
Même là-bas, mon temps était compté !
Je devais visiter, en moins de 36 heures, deux musées majeurs de la ville où j’avais pris des R. V. Et tout ça en prenant en compte que, le samedi, les établissements juifs sont fermés et le dimanche, ceux chrétiens n’ouvrent pas ! Sans parler de l’aspect «touristique» d’une ville où je n’ai pas mis les pieds depuis dix ans !
Je laisserai de coté les rencontres amicales, la visite de la « Colonie allemande », les retrouvailles avec le phare de Michel Pacha, en haut du Mont Carmel, la découverte des tasses « Meinl » au Café « Santa Maria Coffee & Snacks », le retour aux « Souk Hapishpishim » (Marché aux puces) ou la connaissance des chrétiens melkites et de leur église « Saint-Elias », la participation à l’anniversaire de 50 ans de mariage d’un couple local et de sa famille juive et chrétienne…
Mais, la visite du « Musée ferroviaire d’Israël » était un des sujets majeurs de ce voyage !
« Israel Railway Museum ( hébreu : מוזיאון רכבת ישראל ) est le musée national des chemins de fer d’ Israël, situé à Haïfa. Le musée du chemin de fer appartient à Israel Railways et est situé dans la gare de Haïfa Est qui, de nos jours, ne dessert plus les passagers. Le musée présente l’histoire ferroviaire d’Israël, de ses prédécesseurs et des pays voisins depuis 1892. L’endroit lui-même est une attraction, car il était le hangar de la branche de la vallée de Jezreel de l’ancien chemin de fer du Hedjaz . »
Je connais ce musée depuis 10 ans. Sa visite et les contacts que nous avons eus pendant tout ce laps de temps, sont la conséquence de ma passion pour les chemins de fer et, en particulier, celui du Hedjaz, dont je compte en parler à l’avenir.
Mais, cette fois-ci, la visite était la suite directe de celle de 2010.
A l’époque, j’ai découvert sur les murs du musée, une collection de timbres au sujet « chemins de fer » provenant d’innombrables pays du monde.
Un peu étonné, j’ai constaté que ceux de Roumanie dataient de… 1963, pour les plus anciens, et des années ’70, pour les plus récents !
J’ai demandé à parler avec le guide et je lui ai exprimé mon étonnement.
Il m’a dit qu’ils n’avaient rien de plus récent !
« Eh, bien ! Je vais m’en occuper ! », je lui ai répondu.
J’ai demandé à un cousin de Bucarest d’aller à l’Office philatélique de la ville, là où l’on peut trouver toutes les émissions récentes de timbres roumains, et d’acheter tout ce qui était disponible pour le sujet « chemins de fer ». Ensuite, il a porté lui-même ces timbres à Haïfa et les a déposé en main propre à M. Chen Mailing, le responsable que j’avais connu quelques semaines auparavant.
Chen m’a confirmé par mail la réception et m’a remercié.
Par la suite, nos contacts se sont espacés et, ces dernières années, ont cessé complètement.
Ma visite à Haïfa était une excellente occasion pour découvrir, en paraphrasant les vers du poète :
« Que sont mes timbres devenus
Que j’avais de si près tenus
Et tant aimés… »
J’ai donc envoyé un mail à Chen pour lui annoncer ma visite, en ajoutant des photos sur le sujet « chemin de fer du Hedjaz », dont j’aimais lui en parler.
Il m’a répondu gentiment, en m’indiquant le moment où il serait disponible. Et en me précisant qu’entre temps, il était devenu le directeur du Musée. Tant mieux !
A la date et l’heure convenues, je me suis présenté au musée.
Chen m’a reçu et nous avons parlé de nos sujets d’intérêt commun.
Mais, quand j’ai demandé quel est le sort de ma donation… énorme déception !
« Nous n’avons pas l’argent pour changer quoi que ce soit dans nos collections. Ni nouvelles vitrines, ni réarrangement des objets existants… ! »
J’ai demandé, au moins, de voir les timbres que j’avais offerts ! Et que je ne connaissais même pas ! « Grand silence se fit entendre ! » Pas moyen de mettre la main dessus !
En visitant, ensuite, le Hangar no. 2, là où se trouvent les timbres, des cartes et bien d’autres objets de l’histoire des chemins de fer locaux et du monde entier, j’ai constaté que RIEN n’avait changé, depuis 10 ans !
Et, probablement, depuis les années ’70 !
Quelle tristesse ! Et pourtant, ces dernières années, en Israël, le train a connu d’énormes améliorations, en tant que modernisation du réseau, restauration des bâtiments historiques, aménagement des anciennes voies et locaux…
On se reverra dans 10 ans !
Peut-être que les choses auront changé ou… que le Musée aura disparu !
Je crains que des investisseurs peu scrupuleux aient repéré déjà ce superbe emplacement et qu’ils nous préparent de magnifiques projets immobiliers ! LOL.
A suivre…
Adrian Irvin ROZEI
La Bastide Vieille, février 2020