No sport, …but « Belem » ! (II)

Boulogne, le 30/05/2024

 

Je suis tombé, un peu par hasard sur ce texte, écrit il y 16 ans, en pleine pression médiatique en faveur de la pratique des sports.

Normal ! Nous sommes à quelques semaines du début des Jeux Olympiques 2024 et, cela n’a échappé à personne sur la Planète Terre, ils vont se dérouler… à Paris ! C’est, accessoirement, l’endroit où j’habite depuis 57 ans. Pas tout-à-fait ! J’habite dans le Département des Hauts-de-Seine, dans une ville limitrophe avec la capitale de la France.

Mais, les Jeux de Paris vont se dérouler jusqu’en… très grande banlieue, puisque des épreuves sont prévues même en Polynésie !

Je suppose que l’on a prévu une loi ponctuelle pour élargir la superficie de la Capitale, pour deux mois, jusqu’à 16 000 Km.  

Je « bénéficie » donc d’une pression accrue, qui se manifeste dans tous les domaines : médiatique, culturel, circulation etc., etc.

Mais, à ma (très !) grande surprise, quelques voix dissidentes se permettent de prendre par-dessus la jambe ces « moments magiques que seul le sport peut offrir » !

Ainsi, dans une exposition d’arts plastiques de ma ville, dédiée aux sports, j’ai remarqué quelques œuvres qui semblent tourner en dérision ce « grand moment magique ».

Non seulement que l’auteur de deux jolis dessins présente le portrait de Winston Churchill, avec un gros cigare au bec et surmontant sa fameuse devise : « No sports ! », mais, en dessous, une petite sculpture représente l’essence du « sportif de salon » : affalé dans son fauteuil, torse nu, avec le zappeur dans une main et l’autre, avec le poing en l’air, comme pour « dynamiser » son équipe préférée. Et, pour avoir un look encore plus sportif, son couvre-chef porte le graphisme d’un ballon de foot.   

Il ne manque, pour l’authenticité de la représentation, que… la canette de bière. Mais, comprenant parfaitement qu’un tel « détail » risquait de faire rejeter son œuvre pour « incitation à… », l’artiste a évité ce piège pour pouvoir exposer son œuvre !

E pourtant, malgré mon peu d’intérêt pour cette activité, j’ai suivi, de bout en bout, un programme T.V. étroitement lié au déroulement des Jeux olympiques de Paris 2024 !

Sauf que, cette activité se déroulait… à Marseille !

Il s’agissait de l’arrivée de la flamme olympique depuis la Grèce.

Mais, ce que je souhaitais voir ce n’était pas la flamme, mais le magnifique voilier qui la transportait.

Je dois préciser que je suis, pas-à-pas, l’odyssée de ce bateau depuis une bonne quarantaine d’années.

Autant que celle des autres grands voiliers, comme disent les américains « tall ships », qui sillonnent les mers du globe.

J’ai eu l’occasion de décrire l’histoire et mes rencontres avec le navire-école roumain « Mircea », dans un texte intitulé « Escale à Sète » :

Escale à Sète (I) | ADRIAN ROZEI (adrian-rozei.net)

Escale à Sète (II) | ADRIAN ROZEI (adrian-rozei.net) en roumain, mais ceux que cela intéresse, peuvent le lire en utilisant le programme Google Traduction.

Mais, j’ai parlé aussi des grands voiliers latino-américains, rencontrés pendant ma visite à Rio-de-Janeiro de 2019, dans le texte :

Lembranças do Brasil (V) | ADRIAN ROZEI (adrian-rozei.net)

J’ai découvert, pour la première fois, un grand nombre de « tall ships » et j’ai pu monter à bord de quelques-uns, à l’occasion de la manifestation navale qui a eu lieu à Rouen, en 1989, organisée dans le cadre des fêtes organisées pour le Bicentenaire de la Révolution française. Elle portait le nom de : « Les Voiles de la liberté ».

« Les Voiles de la liberté sont la première édition du rassemblement de grands voiliers de Rouen, qui s’est déroulée du 9 au 16 juillet 1989.

Dans le cadre des festivités prévues pour le 200e anniversaire de la Révolution française, le projet fut lancé par Patrick Herr avec l’appui complet de Jean Lecanuet, alors maire de Rouen. Le succès populaire de la manifestation fut tel qu’il établit l’habitude d’organiser le rassemblement de grands voiliers à Rouen tous les 4 ou 5 ans»

Il y a eu, à cette occasion, 21 grands voiliers présents au long des quais du port de Rouen.

A l’époque, le groupe ELF, dont je faisais partie, avait sponsorisé la manifestation. Il avait, donc, une tente installée au long des quais et nous avons été invités à proposer à nos clients de venir nous rendre visite et de profiter du buffet installé sur place. Où le champagne et le vin, en dehors des « amuse-bouche », étaient disponibles tout au long de la journée.

Nous nous sommes dépêchés d’inviter nos clients et agents pour pouvoir bénéficier nous-mêmes de cette aubaine. J’ai donc passé deux jours entiers à Rouen, « aux frais de la princesse », sauf pour l’hébergement dont le coût nous revenait. J’y suis allé, accompagné de mon épouse qui, par bonheur, avait à Rouen une amie d’enfance disposée à nous héberger.

J’ai pu donc profiter longuement de la visite des bateaux ancrés aux quais de Rouen. Surtout pendant les journées de la semaine, quand la foule des visiteurs était moins compacte !

Si je juge d’après les cachets des bateaux apposés sur le guide de la manifestation, j’ai foulé le pont d’environ 10 voiliers, pratiquement la moitié des navires présents.

Sans compter les petites embarcations, comme les voiliers de commerce ou pour la pêche traditionnelle, construits en bois de Normandie et utilisés par les habitants… depuis la nuit des temps.

Dans un article publié dans la revue « Chasse-marée », François Renault nous apprend que :

« La construction navale a toujours été favorisée par l’existence du réservoir de bois que constitue la forêt normande et les arbres du bocage… ».

Il mentionne ainsi les baleiniers à partir des années 1820, quand la chasse à la baleine a été relancée. On y construisait des trois-mâts ou des bricks, des goélettes, des bisquines, des sloups, ainsi que des grands dundées harenguiers, les plus beaux voiliers de pêche normands. 

« Barfleur voit naître vers 1880 une génération de sloups cordiers aux formes gracieuses. On y retrouve un type de bateau étonnant : la platte. Il s’agit d’un voilier archaïque à fond plat d’origine saxone, construit sur toute la côte du Calvados. »

C’est à cette occasion que j’ai découvert la richesse du patrimoine maritime normand, dont il reste bon nombre d’exemplaires en bon état.

Et, je me suis réjoui en apprenant l’existence de plusieurs associations regroupées au sein de la Fédération normande pour la culture et le patrimoine maritime ainsi que des particuliers travaillant à le conserver. 

« Mais, il faut être vigilants ! Récemment on a coulé au large de Cherbourg un ancien chalutier de Port-en-Bessin, le Patron Jean Tabourel. Construit à Fécamp, il était l’exacte réduction des coques des grands harenguiers fécampois. »

J’ai découvert, par la suite, que le même problème se pose avec les Grands voiliers, aggravé par le coût faramineux de leur entretien ou restauration.

  *   *   *

En attendant, j’ai profité de la visite et des explications de l’officier chargé de l’accueil des visiteurs sur quelques-uns des plus beaux Grands voiliers au monde.

Bien sûr, j’ai choisi de préférence les bateaux venant de pays dont je parlais la langue et que j’avais visité auparavant. Ainsi, j’ai reçu un accueil « d’ami » accompagné parfois de dédicaces… personnalisées.

Ce fût le cas du « Cuauhtemoc », le trois-mâts barque de la Marine Nationale Mexicaine, un navire-école en acier avec une longueur hors-tout de 90, 50 m et une voilure de 2 200 m2.

« Dernier de la série de 4 voiliers construits aux chantiers navals de Bilbao (Espagne) après GLORIA (Colombie), le GUYAS (Equateur) et SIMON BOLIVAR (Venezuela), le CUAUHTEMOC, porte le nom du dernier empereur aztèque qui fut fait prisonnier et exécuté en 1525 sur les ordres du conquistador Herman Cortes. »      

Tout comme le trois-mâts à gréement Marconi de la marine uruguayenne, d’une longueur hors-tout de 60, 20 m en acier, CAPITAN MIRANDA.

« Monté par un équipage de 40 hommes encadrés par 11 officiers et 33 cadets, le CAPITAN MIRANDA, voilier-école, est affecté à la formation des officiers de la Marine militaire uruguayenne. »

Comment pouvais-je imaginer que, 15 ans plus tard, en mentionnant les détails de ma visite à Rouen en 1989, j’allais impressionner mon interlocuteur, le chef des achats de l’armée uruguayenne avec qui je négociais mes ventes de nitrate d’ammonium ! Et, à notre rencontre suivante, je lui ai apporté la photocopie de la dédicace reçue !

Un petit détail : la dédicace était au nom de mon fils, qui avait l’âge de… 1an et 3 mois !

J’ai visité aussi les voiliers DRUZHBA (amitié en russe), venu d’U.R.S.S., le STATSRAAD LEHMKUHL (Norvège) d’une longueur de 98 m., le SAGRES II (Portugal) avec 89, 30 m., le SIMON BOLIVAR (Venezuela) avec ses 82, 30 m., le GORCH FOCK (R.F.A.) avec 89, 30 m., le GLORIA (Colombie), longueur hors-tout 76 m., le LIBERTAD (Argentine) et ses 103 m.

Par la suite, j’allais revisiter ces deux derniers voiliers latino-américains dans leurs ports d’attache, Cartagena et, respectivement, Buenos-Aires.

Etrangement, je n’ai pas pu monter à bord de l’un de mes voiliers favoris, l’italien AMERIGO VESPUCCI, d’une longueur hors-tout de 101 m.

« Amerigo VESPUCCI, illustre navigateur italien, a donné son nom au Nouveau Monde. C’est aussi celui du plus grand voilier navigant en Méditerranée. Avec ses trois ponts au-dessus de sa ligne de flottaison, l’AMERIGO VESPUCCI accueille 160 cadets de l’Académie Navale Italienne. »   

Et, j’ajouterais, qu’il est facile à reconnaître : le seul Grand voilier avec une coque peinte à quatre bandes (noires et blanches). C’est aussi une des raisons qui font qu’il attire toujours un grand nombre de visiteurs. La file d’attente étant trop longue… j’ai renoncé ! Mais, je l’ai revu, à deux reprises, dans son port d’attache : La Spezia.

La même raison (une trop longue file d’attente), m’a empêché de monter à bord du « héro de notre histoire » : le BELEM.

Mais, ce bateau « mythique », je l’avais vu et j’allais le revoir dans des conditions… sur lesquelles je reviendrai plus tard.

Quand j’ai découvert tous ces beaux bateaux et d’autres moins prestigieux, dans le port de Rouen, qui aurait pu s’imaginer que, à peine quatre mois plus tard, le « mur de la honte » allait tomber, en laissant flotter « les voiles de la liberté » sur bon nombre de pays de l’Europe de l’Est ?

 

A suivre…

Adrian Irvin ROZEI

Boulogne, juin 2024

One thought on “No sport, …but « Belem » ! (II)

  1. A.-M. D. de Versailles écrit :
    Vraiment magnifiques toutes ces photos des superbes voiliers : ils avaient de l’allure !!! Quelle noblesse … !
    Je suis allée X fois à l’Armada de Rouen où demeure mon amie Muriel ; certes cela ne fut pas dans les même conditions que toi lors de ton ou tes séjours, mais j’ai vu le Belem …

    Le spectacle est impressionnant de beauté et puis les équipages vêtus de costumes de marins, différents évidement selon le pays. Leur démonstration aussi en impose. C’est superbe ! Par contre, je ne me souviens pas des noms des bateaux.

    Je te remercie pour ces photos, cela fixe le souvenir…et puis c’est beau à regarder…. MERCI

    P.T. de Suresnes dit :
    Salut Adrian,
    J’espère que tout va bien.
    Ci-joint Pierre à la barre du Belem, il y a quelques années.

    Bien amicalement

    B.B.K. de Budapest écrit :
    Multumesc frumos, cu prietenie,

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