No sport… but « Belem » ! (I)

Boulogne, le 30/05/2024

 

No sport !

Posté 12/04/2008

 

La légende raconte que Winston Churchill, le célèbre homme politique britannique qui a imaginé et dirigé non seulement le destin de la Grande-Bretagne, mais même, à un moment donné au milieu du XXe siècle, celui du monde entier, a été assailli par des questions de journalistes venus pour l’interviewer à l’occasion de son 90éme anniversaire : 

“M. Monsieur le Premier Ministre, au cours de votre longue vie, vous avez traversé d’innombrables moments difficiles, vous avez assumé des responsabilités écrasantes et vous avez affronté des épreuves qui en auraient détruit d’autres. Comment expliquer qu’on soit si en forme à cet âge avancé ?

Le Premier ministre britannique, avec l’indispensable cigare au coin de la bouche et avec l’humour britannique incomparable qui le caractérisait, répondit de manière extrêmement laconique :

“No sport !”

* * *

Le journal « Le Figaro », du 30 janvier 2008, publie un article intitulé : 

« Quand le sport rajeunit de dix ans »

L’auteur affirme s’appuyer sur “de multiples études qui démontrent qu’une activité physique régulière, plusieurs fois par semaine et de manière soutenue, peut prévenir l’obésité, les maladies vasculaires, l’ostéoporose…

Et l’on serait tenté d’ajouter : cancers, verrues, insomnies, hémorroïdes…, etc., etc…

Seulement les mycoses, non, car les champignons appelés “pied d’athlète” sont bien connus des coureurs de fond ou des joueurs de tennis. 

Il semblerait que des chercheurs du King’s College de Londres aient étudié 2 401 jumeaux* (réels ou faux), femmes et hommes, âgés en moyenne de 48 ans, qui ont d’abord répondu à un questionnaire portant sur le niveau d’activité physique pratiquée, leur statut socio-économique, le tabagisme éventuel… 

Plus tard, ils ont subi une analyse de sang et leur ADN a été extrait des globules blancs, après quoi la longueur de leurs télomères (!?) a été mesurée. 

Eh bien, « les résultats sont parfaitement clairs ! »

Les personnes moins actives physiquement ont des télomères plus courts que celles qui font régulièrement de l’exercice. (Peut-être qu’une étude de la taille des taches solaires à la naissance de chaque participant à l’enquête nous aurait donné une réponse similaire ! Mais je n’ose pas douter des résultats d’une telle étude scientifique !) 

D’où l’affirmation selon laquelle les plus actifs possèdent des télomères d’une longueur comparable à celle des sédentaires de dix ans plus jeunes.

L’intelligence du sportif vue par SERRE

L’auteur reconnaît que le mécanisme par lequel l’exercice physique agit sur le vieillissement est inconnu. Les chercheurs évoquent un « stress oxydatif » ou « stress psychologique », qui pourraient influencer la longueur des télomères et donc le processus de vieillissement. 

Quoi qu’il en soit, avec ou sans explication, les autorités médicales en Europe et aux États-Unis recommandent de pratiquer une activité physique modérée au moins cinq jours par semaine, à raison de 30 minutes quotidiennes, ce qui peut prolonger de dix ans vos télomères et donc votre vie (dans le meilleur des cas !)

Loin de moi l’idée de douter de la justesse d’une telle étude scientifique ! 

Même si, dans quelques mois, je tomberai probablement sur un autre article, basé sur une autre étude, tout aussi sérieuse, qui tirera une conclusion diamétralement opposée concernant la longueur des télomères ! 

 J’ai déjà vu de telles études scientifiques sur la consommation de vin, la disparition de la couche d’ozone, le bon ou le mauvais effet du cholestérol, la culture des OGM, l’algue « invasive » en Méditerranée etc., etc. Ce n’est pas pour rien que la course médiatique, soutenue par des chercheurs en quête de sensationnel, nous « interroge » chaque jour ! 

Cependant, j’ai fait un petit calcul technique. 

Si Winston Churchill avait pratiqué une demi-heure de sport chaque jour pendant 90 ans, il aurait perdu environ 6% de sa vie (en calculant environ 8 heures actives par jour hors temps consacré au sommeil et au travail), soit environ deux années de vie active ! 

Et cela dans l’espoir de remporter dix années effectives, mais hypothétiques !

Il convient de se demander si même une heure de vie active de la jeunesse vaut la peine d’être sacrifiée, ne serait-ce que pour un jour supplémentaire à 90 ans !

Sans compter que le temps/capital investi tout au long de la vie n’a aucune garantie de remboursement avec intérêts en fin de contrat (les accidents de voiture ou d’avion, les attentats, les accidents domestiques, etc., etc. sont des événements quotidiens dans le monde d’aujourd’hui). 

Bien sûr, il y a d’innombrables personnes qui disent « faire du sport » pour le plaisir !

Des chercheurs scientifiques ont également quantifié et expliqué ce plaisir. 

Il semble que lors des activités sportives, le corps génère certaines enzymes, appelées endorphines, qui procurent une sensation de plaisir. Mais qui, dans des situations d’émissions répétitives, deviennent une véritable drogue, dont on ne peut plus se passer.

C’est probablement pour cela que d’innombrables jeunes, et même des personnes d’âge moyen, désireux de dépasser les limites imposées par la nature dans la pratique du sport, consomment régulièrement des stimulants, même lorsqu’il ne s’agit pas de compétitions qu’ils veulent gagner à n’importe quel prix. 

Ils se justifient, si vous leur demandez, en disant qu’ils pratiquent une manière de « se remettre en question » !

Mais cet excès, au-delà du danger direct pour la santé, représente une porte ouverte à tous les excès.

SIESTA : le seul sport qui contribue à améliorer la santé !

D’autres théoriciens du sport, adeptes des idéologies extrémistes de gauche ou de droite concernant la formation de « l’homme nouveau », affirment que c’est à travers les rencontres sportives que se forgent les caractères et que les liens d’amitié entre les peuples se renforcent. 

Nous avons vu à quel point cette théorie était valable lors du déclenchement de la guerre inter-yougoslave au début des années 1990, lorsque l’étincelle qui a provoqué la conflagration régionale était un match de football.

Et l’année dernière, à l’occasion du Championnat du monde de rugby, un chroniqueur néo-zélandais nous expliquait, à propos de la danse « Haka » pratiquée par les joueurs des « All blacks » au début de chaque match, qu’elle symbolise l’envie de pulvériser leur adversaire. Peut-être même manger ses entrailles sur le grill ! 

D’ailleurs, Bernard Laporte, le sélectionneur de l’équipe de France, s’est illustré à cette occasion en tentant de motiver ses troupes avec des arguments qui rappelaient la résistance française contre l’occupant allemand lors de la dernière guerre mondiale. Superbe exhortation à la « fraternisation entre les peuples » ! 

Mais l’incitation la plus efficace à la pratique sportive est sans aucun doute la participation, en tant que spectateur, à des compétitions cyclistes, qui sont devenues au fil des années une forme de compétition entre laboratoires pharmaceutiques pour démontrer, avec le soutien de médecins corrompus, leur capacité à cacher le dopage aux organismes de contrôle (dont la naïveté mérite probablement d’être examinée de plus près dans d’innombrables cas !)

Mais toute cette armée grouillante d’entraîneurs, de commentateurs, de journalistes, d’organisateurs, etc., etc. s’adresse aux vrais “fans de sport”, ceux qui, affalés sur le canapé, dans le salon, vêtus de tenues appropriées comme s’ils étaient au stade, une bouteille de bière à la main, regardent à la télévision, tous les dimanches, les compétitions sportives les unes après les autres. 

Peu importe qu’il s’agisse de football, de courses hippiques, de rugby (plus récemment), de natation, de patinage, d’athlétisme… Quand on est un vrai athlète, on ne peut pas être sectaire ! Mais avant, pour mériter ce titre, il faut acheter quotidiennement “l’Equipe”, ou “Sportul popular”, ou “Gazzetta dello Sport” ou…! 

Aussi pour leur satisfaction, sur les 30 minutes du Journal télévisé, environ un tiers est occupé par le reportage du match capital entre les équipes Colo-Colo **et River Plate**, qui compte pour les futurs éliminateurs de je ne sais quelle coupe “Libertadores de America”, en vue de la finale qui aura lieu dans environ deux ans ! 

Sans parler des Jeux Olympiques, une liturgie mondiale, dans laquelle la grandeur politique du pays organisateur est bien plus importante que les résultats sportifs, qui ont d’innombrables chances d’être contestés, après la compétition, à la table des juges. Ces jeux réputés comme organisés souvent dans des conditions de démocratie exemplaire, que ce soit à Berlin, Moscou ou Pékin ! 

En fait, force est de constater que toute cette bataille pour la promotion du sport n’a qu’un seul objectif : gagner de l’argent en vendant n’importe quoi (casquettes, journaux, programmes télé, tee-shirts, bouteilles de boissons, etc., etc.)

Il y a quelques années, étonné par les résultats médiocres de l’équipe de France dans les compétitions internationales dédiées aux sports d’hiver, j’ai demandé à un ami, qui gravite autour du monde du sport, de m’expliquer la différence avec la période des années ‘60, où la France a conquis la plupart des médailles olympiques et mondiales dans ces disciplines. 

“C’est simple !” répondit mon ami. “A cette époque, les promoteurs immobiliers avaient du mal à lancer des stations de sports d’hiver et devaient attirer du public pour la vente de milliers d’appartements. L’argent destiné au financement des sports d’hiver affluait donc en cascade. Aujourd’hui, tout le domaine skiable est déjà construit et vendu !”

Alors, comme disent les Français : “Pas d’intérêt, pas d’action !” 

L’un des derniers bastions des talents sportifs est tombé il y a quelques années lorsque l’« America’s Cup », le plus ancien trophée sportif mondial avec plus d’un siècle et demi d’existence, a été remportée par le challenger suisse, un pays qui, comme chacun le sait, n’a même pas d’accès à la mer ! 

Mais, il a les fonds nécessaires pour payer les marins les plus qualifiés sur les voiliers du monde entier !

Malheureusement, grâce à l’excellente organisation du Championnat du monde de rugby en 2007, l’un des derniers sports collectifs moins influencés par le « veau d’or » risque de perdre son caractère convivial et désintéressé. 

Que dire ? C’est probablement le sens de l’histoire ! 

Et comme personne ne peut s’y opposer, j’ai décidé de devenir maintenant, alors que j’entre dans le troisième âge, un véritable athlète.

Je descends donc immédiatement acheter le journal “l’Equipe” et une caisse de bouteilles de bière !

La Bastide Vieille, février 2008


NOTES
*probablement des paires de jumeaux, sinon ce ne serait pas un numéro impair ou peut-être que les jumeaux étaient parfois 3 ou 5 ou 7 !

** équipes de football, respectivement chilienne et argentine, bien connues des “afficionados” d’Amérique du Sud. 

P.S. Je suis obligé de reporter l’achat de la bière ! Après les 10 kilomètres de marche d’hier, je souffre d’une fièvre musculaire qui m’empêche de quitter la maison.

 

A suivre…

Adrian Irvin ROZEI

Boulogne, juin 2024

One thought on “No sport… but « Belem » ! (I)

  1. G.P. de Paris écrit :

    Ouf Adrian, me voilà rassurée !
    Presque sauvée par toi !
    Je me contenterai donc de mes 3 ou 4 kms de marche
    par jour et basta cosi !
    Quel article extraordinaire !!
    Passez un bon dimanche.
    Gen.

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