Boulogne, le 20/04/2024
Parti en si bon chemin, je n’allais pas abandonner mes recherches « Street-Art » !
Il faut dire que, il y a déjà un bon moment, j’ai acheté le « livre de chevet » de l’amateur de « Street-Art » à Paris : « Guide du STREET ART à Paris ».
Dans ce livre, et je possède la « Nouvelle édition » de 2022, sont listés « 8 itinéraires + cartes » que l’on peut suivre en flânant dans la Ville-lumière.
Dès la page 11, les auteurs du livre nous avertissent :
« …il est possible qu’au moment de votre visite peu d’œuvres soient visibles. L’art urbain est un art éphémère en renouvellement constant, et beaucoup des créations photographiées dans ces pages auront immanquablement disparu – effacées ou remplacées par d’autres. N’hésitez pas à refaire les parcours plusieurs fois, à des saisons différentes – les artistes préfèrent peindre et coller au printemps et en été. »
Me voilà donc devant un dilemme kafkaïen :
-dois-je courir vite, vite… pour ne pas rater un seul des « chef-d’ œuvres » listés,
-ou dois-je en profiter « à la longue », tout en sachant que leur durée de vie est limitée et que leur nombre n’est pas extensible ?
Le livre de Thom Thom & Chrixcel nous suggère la réponse : « Enfin, et c’est une promesse, si vous ouvrez l’œil, il y aura toujours quelque chose à voir ! »
J’attends, quelques fois, l’occasion pour courir dans un quartier un peu « hors de mes chemins habituels », d’autres fois, je m’organise ce que j’appelle (et cela depuis 70 ans, à Bucarest, dans la ville de mon enfance) « une promenade d’architecture », qui intègre aussi des étapes « Street-Art ».
La promenade d’aujourd’hui fait partie de la première catégorie !
Un vieil ami de Budapest m’a proposé de le rencontrer dans un restaurant des environs de la Gare de l’Est, là où son épouse doit arriver, tard le soir, en train depuis la Hongrie. Je dois donc lui proposer un restaurant/café/bistro où l’on peut rester à « tchatcher » de 19h à 22h, puis dîner après 22h, une fois son épouse arrivée. « « Vaste tâche ! » », comme disait… qui vous savez !
Je suis allé, par un bel après-midi de printemps, à la recherche de « l’oiseau rare ».
Je dois dire que le quartier de la Gare de l’Est, qui se trouve pratiquement à l’opposé de mon appartement, n’est pas un endroit que je fréquente tous les jours !
Tout autre était le cas à la fin des années ’60 !
A cette époque, j’étais « missionné » par mes parents, pendant les vacances scolaires, d’aller à la Gare de l’Est pour attendre des amis arrivés en train depuis Bucarest.
J’aimais bien ça ! J’avais le sentiment (faux !) que nos amis arriveraient par L’Orient-Express, comme dans les récits de Pierre Loti !
« L’Express d’Orient fait l’aller-retour Paris-Constantinople de 3 094 km en moins de deux semaines : parti le 4 octobre 1883 à 19 h 30, à l’arrêt pendant cinq jours, il est de retour le 16 octobre à 6 h. Ainsi, le trajet de Paris à Constantinople n’a pris que quatre jours là où, jusqu’alors, la liaison maritime Marseille-Constantinople en nécessitait une quinzaine. C’est une révolution rapportée par une presse enthousiaste. Cependant, le trajet n’est pas encore direct : le train traverse l’Europe de Paris (France) à Bucarest (Roumanie) via Strasbourg, Munich (Allemagne), Vienne (Autriche) et Budapest (Hongrie).
En l’absence de pont permettant de traverser le cours inférieur du Danube, les passagers doivent prendre un bac entre Giurgiu (Roumanie) et Roussé (Bulgarie) pour franchir le fleuve et la frontière. Ils prennent ensuite un autre train à destination de Varna, port bulgare sur la mer Noire, où ils embarquent à bord du navire à vapeur Espero qui les emmène en une quinzaine d’heures jusqu’à Constantinople sur le Bosphore. De plus, au luxe du train s’ajoutent des animations comme un concert de musique tzigane et la visite du château de Peleș en Roumanie. »
C’est, probablement, en souvenir de ce train « mythique », que j’ai rêvé de prendre pendant des années avant de quitter la Roumanie, en 1967, que l’un de mes premiers textes, au début des années 2000, parlait de l’histoire de l’Orient-Express.
Quelques semaines plus tard, un ami de Bucarest m’a averti : « Sais-tu qu’une revue roumaine d’histoire a publié ton article ? »
Ce fût mon premier texte publié dans une revue de Roumanie : « Lumea » du mois de juillet 2005. Mais, … sans mon accord !
J’étais trop content pour réclamer mes droits d’auteur ! Il est vrai qu’ils avaient remplacé mes illustrations par d’autres… libres de droits d’auteur !
Mais, le même texte était sorti dans la revue « Dorul » au Danemark, en 2001, dans laquelle j’ai publié tous les mois, entre 2000 et 2007, quand elle a cessé de paraître.
Voici, donc, comment je me souvenais de « l’aventure de l’Orient-Express » dans un texte, intitulé « Roule, roule train du plaisir »… toute la nuit ! (III) | ADRIAN ROZEI (adrian-rozei.net) publié sur mon site en 2020 :
« Ça fait une éternité que je rêve de voyager avec « L’Orient Express » !
Au début, dans les années ’60, j’ai vu, une ou deux fois, ses voitures dans la Gare du Nord, à Bucarest.
A cette époque, ce train mythique n’était plus que l’ombre du convoi des stars, si réputé dans l’entre Deux guerres.
A cause de la tombée du « Rideau de Fer » entre l’Ouest et l’Est, le « train des millionnaires » était devenu le « train des réfugiés » ! Et, même si la branche « Paris-Bucarest » n’a jamais interrompu son service, le trajet principal, « Paris-Istanbul », n’a été supprimé officiellement que le 19 mai 1977.
Le dernier départ de « L’Orient Express » était programmé, à la Gare de Lyon, à 23h56.
En vue de cet événement historique, le train affichait « complet » des mois à l’avance, les voyageurs étaient accompagnés de fanfares improvisées, les bouchons des bouteilles de champagne volaient au-dessus des quais… mais, à l’heure prévue le train n’a pas bougé d’un pouce !
Que s’est-t-il passé ? A cause du retard du train de Calais, qui amenait dans ses voitures les voyageurs anglais, le départ du dernier « Orient-Express » a été retardé… de 17 minutes. Donc, il est parti… le lendemain, le 20 mai 1977 !
Mais, dix ans auparavant, nous allions, de temps à autre, à la Gare du Nord de Bucarest, pour accompagner nos amis ou parents qui quittaient définitivement la Roumanie vers Vienne, à travers la Hongrie. Et nous rêvions d’être à leur place, même si le luxe des années trente n’y était plus !
Ce n’est qu’une quarantaine d’années plus tard, dans la première décennie des années 2000, que j’ai croisé les luxueuses voitures du nouvel « Orient -Express » arrêtées en gare de Sinaïa, aux pieds des Carpates.
Dans le programme du voyage, tout comme pour le premier trajet « Paris – Istanbul », parti de Paris le 4 octobre 1883, le train s’arrête dans la ville de Sinaïa toute une journée, pendant laquelle les passagers sont invités à visiter le Palais royal, le « Peleș ». Sauf que, cette fois-ci, le roi Carol I n’est plus là pour les recevoir, ni la reine de Roumanie, Carmen Sylva, pour leur réciter quelques-uns de ses poèmes !
Par la suite, ils peuvent rallier Istanbul, toujours en train, en traversant le Danube sur le « Pont de l’Amitié Bulgaro-Roumaine », construit à l’époque communiste, en 1954.
Alors qu’en 1883, ils devaient rejoindre Constantza, au bord de la mer Noire, d’où le fameux bateau blanc « Carolus Primus » les transportait jusqu’aux quais de la capitale de l’Empire Ottoman.
Sauf que, ce voyage, dont le retour se fait en avion depuis Istanbul, … « coûte bonbons ! », comme il est de tradition de dire, accompagnant son affirmation d’un geste pendulaire de la main droite !
* * *
Bien des années plus tard, j’ai appris la « mésaventure » de l’illustre Anna de Noailles, qui a traversé la Roumanie de nuit, dans une voiture de « L’Orient – Express », entre les Deux Guerres.
La célèbre écrivaine, même si son père avait été un riche prince roumain, ne voulait se souvenir que des origines grecques de sa mère. Ainsi, quand on lui a demandé quels étaient les impressions laissées par cette longue traversée du pays, elle a répondu : « Tout ce dont je me souviens, c’est d’un terrible mal de tête ! »
Il y a quelques années, j’ai découvert que le superbe lycée français, nouvellement construit à Bucarest, porte le nom d’Anna de Noailles.
En me souvenant des affirmations mentionnées précédemment, je me suis dit que le choix du nom n’était pas le plus judicieux possible !
Quand j’ai posé la question à un ancien professeur franco-roumain du lycée, il m’a expliqué que, pour le choix du nom, on a organisé un référendum parmi les élèves de dernière année de l’établissement.
Et leur choix a été respecté par la direction.
Voici un effet collatéral des excès de la démocratie et de l’ignorance !
* * *
Une « légende urbaine », attachée aux souvenirs de la même traversée de la Roumanie de nuit par « L’Orient Express », avant la Guerre, affirme qu’entre deux villages de Transylvanie, en début de soirée, le contrôleur passait dans toutes les cabines de la voiture et fermait les rideaux des fenêtres, du côté droit.
Les passagers, intrigués et mécontents, demandaient des explications au préposé des chemins de fer. Celui-ci, répondait invariablement : « Ordre de la Direction ! »
Quand, enfin, un des passagers a insisté, et insisté, et insisté… le contrôleur lui a raconté l’histoire suivante :
« Quelques mois auparavant, un riche industriel américain regardait, en rêvant, par la fenêtre du train qui roulait à cet endroit.
Juste à ce moment, une jeune fille du village avait retroussé ses jupes, près de la voie, pour soulager un besoin pressant.
Ce qu’il a aperçu, a tellement plu à notre millionnaire qu’il a tiré le signal d’alarme, il est descendu du train, a abordé la jeune fille et, quelques semaines plus tard, elle est devenue… sa « douce et tendre épouse » !
Depuis ce jour, toutes les jeunes filles du village viennent à l’heure du passage du train… pour exposer leurs avantages, dans l’espoir que cette histoire puisse se répéter ! »
La direction de « L’Orient – Express » n’y verrait aucun inconvénient moral, mais le fait de tirer le signal d’alarme de façon répétée, risquerait de dérègler les horaires de la fameuse ligne de chemins de fer internationale !
C’est après plusieurs changements d’itinéraire, deux guerres et enfin par l’abaissement continu de son prestige pendant la Guerre froide, que le service quotidien Direct-Orient-Express vers Istanbul et Athènes cessa en 1977, vaincu par la faiblesse de sa vitesse commerciale (à peine 55 km/h vers la fin) due aux interminables arrêts douaniers dans les pays communistes traversés, ainsi qu’à l’état obsolète de leurs réseaux, et malmenée par la concurrence grandissante de l’aviation de masse. »
SERVICE APRES-VENTE
Au mois de septembre 2004, en voyage d’affaires entre Budapest, Sofia et Bucarest, j’ai profité d’un long week-end pour rendre visite à un ami de Teiuș, en Transylvanie, près d’Alba Iulia.
J’ai été invité à un mariage dans le village de mon ami.
Sur le chemin du retour, mon train à fait un court arrêt en gare de Sinaïa, juste à côté des voitures de l’Orient-Express, qui attendait les voyageurs en visite au Château de Peleș.
Ainsi, j’ai pu accomplir un vieux rêve : toucher l’Orient-Express, mais pas y monter. L’arrêt de mon train était trop court !
A suivre…
Adrian Irvin ROZEI
Boulogne, avril 2024
J.-M. R de Villach écrit :
Toujours de belles et sexy histoires que tu as dans ton sac Adrian !
M. B. G. de Genève dit :
Heureuse de constater que vous êtes toujours en verve !
La grand-mère d’Irina nous racontait que lorsqu’elle utilisait l’Orient Express de Bucarest à Paris, le train ne s’arrêtait pas à Sion. Par contre, mes grands-parents étaient prévenus de l’heure du passage à Sion. Alors, elle jetait par la fenêtre du maïs pour faire la mamaliga. Mais une fois un douanier l’a interpellée disant que ce n’était pas autorisé, les dons devant être dûment déclarés.
Par ailleurs, je connais le manager des derniers Orient Express. Un Espagnol qui habite Lisbonne. Il m’a expliqué qu’il n’était plus si facile de vendre de longs trajets avec ce train, car il n’est pas équipé de salles de bains ! C’est là que butte le rêve !
E. R.-G. de Paris comenta :
Querido amigo, leo siempre con atención y con gusto! tus envíos… este del Oriente Express me ha parecido apasionante…Un abrazo fuerte !
C. P. din Bucuresti scrie:
Țineam minte “slăbiciunea” ta pentru Orient Express și am realizat că citisem deja articolul.
Nu-mi pot aminti dacă acea lectură ca fi avut legătură cu faptul că, la Bruxelles, în 2022 cred, când manifestarea [multi]culturală “Europalia” nu a mai avut ca temă o țară (absolut memorabile, între cele trăite de mine la Bxl, Europalia Rusia în 2005 și Europalia Italia în 2003) sau un grup de țări (cei noi 10 membri ai UE, cândva prin 2008-9-10, nu mai știu) ci Trenul.
Pe lângă extrem de complexa și interesanta expoziție de la Musées Royaux de Beaux Arts, care își propunea (și reușea) să ilustreze, în diverse capitole tematice și cu limbaje artistice din mai multe arte, modul cum trenul a schimbat radical percepția oamenilor despre timp și spațiu, relația dintre acestea și viața societăților umane, o altă expoziție era dedicată Orient Express-ului.
Găzduită, în mod legitim și necesar, la Muzeul Trenului creat în Gare du Schaerbeek de la capătul tramvaiului 92 care te duce direct chiar din fața Musée Royal, lucru extrem de util când… la Bruxelles plouă… “comme à Bruxelles” adică abundent și de neoprit. Au prezentat mai multe vagoane al O-E, precum și o galerie de portrete de mari personalităti care au călătorit cu emblematicul tren – spre consolarea ta, dintre românce era reținută Marta Bibescu, nu “la de Noailles”.
Tot muzeul trenului ne-a fascinat, de altfel, căci mai prezenta (cu regim de acces în vagoane, ca și pentru Orient Express) și un vagon sau două ale “trenului regal” belgian cu care călătorise Leopold III și poate chiar Baudouin.
Decorații luxoase, marquetterie rafinate (în fine, nu sunt fan), veselă fină și – cele mai impresionante pt mine – splendide elemente (gramuri de uși și alte asemenea) de cristal Lalique cu superb design Art Deco.
Din păcate, lumina inadecvată și fluxul vizitatorilor nu mi-a permis să le imortalizez, dar îți trimit fotografia Martei și un afiș care cu siguranță te va interesa. Dar parcă și mai impresionantă a fost colecția de locomotive, Belgia fiind, în anii unei istorii mai glorioase, unul dintre marii, dacă nu chiar principalul, producător de locomotive din Europa și din lume…