Monte-Cristo ? …l’aventure continue ! (II)

La Bastide Vieille, janvier 2025

  

Revenons à ma revue et au texte d’Alain Decaux.

Tout d’abord, Decaux raconte une histoire de fantaisie, en imaginant une visite d’Alexandre Dumas au château d’If, sur l’île qui se trouve en rade de Marseille, à l’époque du Second Empire.

Et, parmi les touristes de passage, qui pouvons-nous rencontrer ? Vous l’avez deviné ! Alexandre Dumas lui-même !

Voici, en facsimilé, le récit d’Alain Decaux.

Pour ce qu’il en est de la réalité de l’aménagement des (fausses) cellules d’Edmond Dantès et de l’abbé Faria, selon les documents consultés, « la date exacte de leur installation n’est pas clairement mentionnée dans les sources disponibles ».

Mais, cette visite aurait pu avoir lieu !

« François Billou, guide au château, raconte : « Dès 1850, les premiers lecteurs affluent vers le site, comme pour un pèlerinage. Quand je souligne que les premiers aménagements muséographiques avec les cellules de Dantès et de l’abbé Faria relèvent, selon toute vraisemblance, d’une mise en scène imaginée par les militaires au XIXème siècle dans le seul but de satisfaire la curiosité des lecteurs, les visiteurs sont très surpris… Il s’en trouve même qui réfutent cette version, préférant considérer comme réelle l’histoire inventée par Dumas ! »

Même si, pour l’abbé Faria on sait que :

« Ce célèbre vieillard, qui a aidé Dantès à s’évader du château d’If, est librement inspiré d’un certain José Custódio de Faria (un prêtre métis, catholique et révolutionnaire, scientifique et magnétiseur portugais).

Il est l’un des premiers à avoir pu décrire avec précision les méthodes et les effets de l’hypnose. Faria a réellement été incarcéré quelques mois au château d’If, probablement pour ses idées révolutionnaires. »

*   *   *

La suite du texte d’Alain Decaux est vraiment passionnante !

Elle raconte l’histoire vraie de François Picaud, qui a inspiré le personnage d’Edmond Dantès.

Elle commence dans ces termes :

« Alors que Napoléon, en 1807, était au zénith de sa puissance, vivait à Paris un cordonnier en chambre, du nom de François Picaud. Il était jeune, joli garçon et filait le parfait amour avec une jeune fille prénommée Thérèse. Une ravissante personne, cette Thérèse, fort amoureuse, elle aussi, de François Picaud. Elle était d’une condition fort supérieure à celle du cordonnier et Picaud n’ignorait pas que, le jour de leur mariage, il encaisserait une dote fort appréciable.

Le bonheur de Picaud faisait plaisir à voir. Seul un certain Mathieu Loupian s’en affligeait. Loupian était veuf, il avait deux enfants. Mais la petite Thérèse lui plaisait.  Et la dot plus encore… »

Voici, donc, le décor d’une affaire sordide, mais, somme toute, assez banale qui va se tisser autour de ces personnages ! Et, quelques autres, aussi vénaux, avec des intérêts différents, mais qui allaient mener au malheur de ce pauvre Picaud ! 

L’histoire, telle que racontée par Alain Decaux, est beaucoup trop longue pour être reprise ici « in extenso ». Elle couvre près de 5 pages (illustrations comprises !) dans le numéro de la revue « HISTORIA » précitée.

En quelques mots :

« Pierre Picaud, également connu sous les noms de François Picaud ou François-Pierre Picaud, était un cordonnier de Nîmes.

Victime d’une machination politico-judiciaire sous le Premier Empire, il est passé à la postérité en tant que modèle du personnage d’Edmond Dantès dans le roman Le Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas.

En 1807, Picaud était sur le point d’épouser une femme riche, Marguerite Vigoroux, mais un ami jaloux l’accusa à tort d’espionnage et d’être un agent royaliste. Il fut arrêté le jour de ses noces et passa sept ans en prison sans connaître le motif de son arrestation. Après sa libération, il se vengea contre ses anciens amis en récupérant un trésor caché et en mettant en place sa propre vendetta. Une histoire rocambolesque qui a inspiré l’intrigue captivante du roman. »

Ceux qui veulent en savoir d’avantage, peuvent visionner le programme T.V. de 1987 mentionné ci-dessous :

« Monte-Cristo par Alain Decaux

Alain Decaux Raconte – La vraie histoire du comte Monte Cristo (youtube.com) Antenne 2 1987 INA

Les extraordinaires aventures du Comte de Monte-Cristo, l’un des plus grands succès littéraires d’Alexandre Dumas père, ont captivé les lecteurs pendant près de 150 ans. Alain Decaux, dans son récit, explore la genèse de cette formidable épopée vengeresse. 

Il met en lumière les divergences entre l’histoire originale de Pierre Picaud, qui a inspiré le personnage d’Edmond Dantès, et le roman de DumasSi vous souhaitez en savoir plus, je vous invite à découvrir les détails fascinants de cette histoire sur la chaîne YouTube “L’Histoire racontée” où Alain Decaux partage ses connaissances. »

Le fait est que, Alexandre Dumas a découvert cette histoire dans les archives de la ville de Paris.

« L’archiviste de la Préfecture de Police Jaques Peuchet la retrouva et la publia. Dans les souvenirs de Peuchet, l’épisode figure sous le titre : Le diamant et la vengeance. Un romancier nommé Alexandre Dumas lut le livre. De son propre aveu, il fit, à l’endroit de ce chapitre – une vingtaine de pages – une corne au volume. »

Dumas comptait s’en servir pour rédiger un récit qui devait décrire les différents quartiers de la capitale, récit pour lequel il avait reçu une commande rémunératrice. 

Et puisque le grand romancier, qui gagnait et dépensait des sommes folles, était, comme de coutume, à court d’argent… cela tombait « à point nommé » !

*   *   *

A ce niveau de notre histoire, je ne résiste pas à la tentation de laisser la parole à Alexandre Dumas lui-même, qui s’explique sur la genèse de son « roman- phare », dans un texte intitulé « Etat civil du Comte de Monte-Cristo ».

C’est un peu long, je l’admets !

Mais, on se souvient que Dumas était, souvent, payé « à la ligne ». Et, pour tenir ses lecteurs en haleine, il se sentait obligé « de rajouter de la sauce » !

Certains esprits chagrins, affirmeront que « j’en fais autant » !  Sauf que, moi, personne ne me paye !

Cela vaut, quand-même, la peine d’apprécier le style de Dumas en dehors de ses romans historiques, puisque ce texte a été publié sous le titre « Causeries »

Alain Decaux avait, lui aussi, résumé ces pages dans son récit. Une seule page de la revue ! 

A suivre…

Adrian Irvin ROZEI

La Bastide Vieille, janvier 2025

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