Monte-Cristo ? …l’aventure continue ! (I)

La Bastide Vieille, janvier 2025

Plus de six mois sont passés depuis la sortie du film « Le Comte de Monte-Cristo » et nous sommes en pleine « Monte-Cristo-mania » !

La preuve ?

-Le film a totalisé plus de 9,5 millions d’entrées, alors que les auteurs comptaient, tout au plus, sur 4 à 4,5 millions au moment de l’écriture du scénario ! « Nous attirons 150 000 curieux par jour et cette tendance ne faiblit pas », affirmait la production, déjà, au mois de juillet. « Autre preuve de la belle unanimité autour du projet : la note de 4,5/5, accordée par les spectateurs sur Allociné, soit la meilleure moyenne jamais enregistrée pour un long-métrage français sur ce site ! »

– On ne peut pas entrer dans une librairie majeure de « France ou de Navarre » sans tomber sur un stand qui propose cinq ou six variantes du chef-d’œuvre d’Alexandre Dumas, depuis la version en livre de poche jusqu’à l’édition brochée et cartonnée de luxe. Malgré, au minimum, deux volumes qui totalisent plus de 1500 pages.

Chez Gallimard, on a réimprimé le livre en deux tomes à la fin du mois de mai. « Au cumul, le tirage pour le premier tome est de 35 000 exemplaires et de 27 000 pour le second. » En version Pléiade, « les ventes ont pour leur part augmenté de… 248% entre la semaine qui a précédé la sortie et celle qui a suivi le lancement. » Toujours au mois de juillet !

-Que dire des sites en rapport avec l’action du roman ou la vie de son auteur (le Château d’If, le Château de Monte-Cristo etc.) ? Le nombre de visiteurs, en période estivale, a explosé !

Et pourtant, malgré cet engouement du public, bon nombre de zones d’ombres, par rapport à la genèse du roman, subsistent encore.

Il faut dire que l’auteur, malgré de longues explications fournies en son temps, a su ménager quelques zones d’ombre, qui n’ont été éclairées que… près d’un siècle après la sortie de son chef-d’œuvre.

Même si je me suis investi personnellement dans les recherches attachées aux « à cotés » du sujet, je n’ai résolu une partie de ces mystères que grâce à de heureux hasards et… beaucoup d’entêtement !

Voici comment !

*   *   *

Au mois de juillet 2024, je devais prendre le train pour aller dans le Languedoc, là où se trouve notre résidence secondaire. Donc, quatre heures de voyage en perspective !

Je me suis demandé ce que j’allais lire pendant ce voyage. Traditionnellement, je passe la moitié du temps du voyage à écouter de la musique, que j’apporte avec moi, sous forme de CD, l’autre moitié étant dédié à la lecture. Donc, au moins, deux heures de lecture à venir !

Je n’avais ni journaux, ni revues… en retard. Alors, j’ai jeté un coup d’œil circulaire dans le salon où s’entassent des livres et revues… en attente d’être lus. Mon regard a buté sur un vieil exemplaire de la revue « HISTORIA » de 1985 !

J’étais tombé, quelques semaines auparavant, dans les étagères de la Médiathèque de Boulogne, là où les habitants de la ville déposent des livres et revues qui encombrent leurs armoires, sur une pile de revues datant de d’une quarantaine d’années. Parmi ces revues, j’ai découvert une vingtaine de revues « HISTORIA » des année 1980.

Un peu intrigué, j’en ai choisi une petite dizaine, en consultant les sommaires, en fonction des auteurs des textes et des sujets listés. Il faut dire que des signatures prestigieuses, comme celles du Duc de Castries, Alain Decaux, Michel Mohrt ou Michel Droit, tous membres de l’Académie française, autant que celles d’historiens réputés, comme André Castelot, François Ribadeau Dumas ou Jacques Jourquin, étincelaient dans les pages de ces revues. Je me suis dit que cela valait la peine de comparer le style de ces maîtres du récit historique avec celui pratiqué de nos jours ! Tout comme l’intérêt des sujets abordés !

Excellente lecture pour un voyage en train. Malheureusement, il ne restait qu’un numéro non lu : celui du mois d’Août 1985. Qui affichait en couverture la photo de Lech Walesa et le titre « Gdansk, un 31 août… ».

Ça valait la peine de lire ce texte, deux années à peine après que Lech Walesa ait reçu le Prix Nobel de la paix et cinq ans avant la chute du mur de Berlin ! L’actualité… revue vingt ans après !

Tiens ! C’est comme un titre d’Alexandre Dumas !

Une heure plus tard, confortablement assis dans mon siège, -comme toujours la place 126 de la voiture 8 -, j’ai commencé à tourner les pages de ma revue.

Et là, …surprise du siècle !

Le premier article s’intitulait : « L’histoire vraie de Monte-Cristo » ! Sous la signature d’Alain Decaux de l’Académie française !

Ça ne pouvait pas mieux tomber ! Je venais de boucler mon texte sur Monte-Cristo, qui allait être publié sur mon site en 8 épisodes de :

Dis ! T’as vu Monte-Cristo ? (I) à Dis !  T’as vu Monte – Cristo ? (VIII) !

Formidable coïncidence !

Bien sûr, j’ai avalé les 7 pages… d’un trait !

Et j’ai découvert des choses… que je vais vous confier… sous le sceau du secret !

Mais, d’abord : qui était Alain Decaux, pour les lecteurs de la jeune génération, qui n’ont pas eu la chance de le lire ou de l’écouter à la télévision, il y a un demi-siècle !

« Alain Decaux, né le 23 juillet 1925 à Lille et mort le 27 mars 2016 à Paris, est un journaliste françaisessayistebiographescénariste, homme de radio et de télévision .

Membre de l’Académie française, il a occupé le devant de la scène médiatique pendant près d’un demi-siècle avec ses émissions de vulgarisation historique et ses nombreuses publications. Il est considéré comme l’un des pionniers des programmes d’histoire dans les médias. »

« En 1957, pour la télévision, avec Stellio Lorenzi et André Castelot, il crée la série historique  « La caméra explore le temps », pour RTF Télévision, devenue la première chaîne de l’ORTF. Les 39 épisodes de la série sont diffusés du 14 septembre 1957 au 29 mars 1966. »

« Connu pour ses talents de conteur et d’« historien populaire », il crée en 1969, pour l’Office de radiodiffusion-télévision française (ORTF), l’émission « Alain Decaux raconte », diffusée sur la deuxième chaîne de l’ORTF, puis sur Antenne 2. Chaque mois, entre le 10 juillet 1969 et le 13 juillet 1987 (durant quinze minutes, puis trente minutes en 1970 et enfin pendant quarante-cinq minutes à partir de 1971) il traite en direct d’un personnage ou d’un événement de l’Histoire.

Cette émission forge le style Decaux : avec ses lunettes d’écaille carrées et ses costumes sobres, il « parle assis, se lève pour présenter des cartes, des photos, des croquis ».

Son travail de vulgarisateur permet « à une génération entière de se réapproprier des personnages et des événements, pas toujours faciles, grâce à sa faconde et à son sens de la dramaturgie. De façon simpliste et biaisée pour certains, qui lui ont reproché de donner dans la facilité, parfois, l’inexactitude en mettant plus en avant le roman national et ses grands hommes que l’exégèse du métier »

« Il est membre du comité d’honneur du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP), président-fondateur de la Société des amis d’Alexandre Dumas (SAAD) et membre étranger de l’Académie roumaine. »

Je dois dire que, si je n’ai jamais rencontré personnellement Alain Decaux, j’ai profité de sa « recommandation » pour visiter un monument étroitement lié à la vie et à l’œuvre d’Alexandre Dumas.

Comment ça ? Simple !

Un jour, je ne me souviens pas de la date exacte, mais je pense que c’était vers la fin des années ’70, je me suis retrouvé, avec mon père, au Château de Monte-Cristo à Marly-le-Roi.

Le château, en difficulté financière et presqu’à l’état d’abandon, était ouvert, seulement le jardin, à la visite. En vérité, pour gagner quelques sous, le propriétaire avait accepté qu’un rallye fasse une escale dans la cour, et deux personnes, missionnées à cet effet, distribuaient la question pour l’étape suivante aux participants.

En parlant avec les deux dames, nous avons appris qu’elles faisaient partie de la Société des amis d’Alexandre Dumas (SAAD), fondée par Alain Decaux.

J’ai raconté mes souvenirs de Roumanie avec Alexandre Dumas et comment j’ai appris le français dans ses livres. Et, je me souviens d’avoir passé près d’une heure, par la suite, à chercher, sur la façade du « Château d’If », le « bureau » où Alexandre Dumas rédigeait ses œuvres, les titres de ses livres que j’avais lu une vingtaine d’années auparavant.

J’ai raconté cette aventure dans plusieurs textes, dont :

Dis! T’as vu Monte-Cristo? (I) | ADRIAN ROZEI

Une des dames, impressionnée par mon récit, a décidé de nous offrir un cadeau. Elle nous a invité à monter dans les étages supérieurs du château pour nous montrer les salons mauresques, récemment restaurés …avec les fonds du roi du Maroc, Hassan II !

Ce « tour de force » était dû, si j’ai bien compris, aux efforts déployés par Alain Decaux auprès de « Sa Majesté ».

Il faut rappeler que :

« La Société des amis d’Alexandre Dumas (SAAD), fondée en 1970, entretient la mémoire d’Alexandre Dumas et participe activement à la diffusion et à la connaissance de son œuvre.

La Société des amis d’Alexandre Dumas est créée en 1970 par Alain Decaux pour sauver le château de Monte-Cristo, alors menacé de destruction, et où elle a aujourd’hui son siège. Comptant plusieurs centaines d’adhérents en France et dans le monde, elle a été présidée successivement par Alain Decaux (1970-1997), Didier Decoin (1997-2006), Dominique Fernandez (2006-2010) et, depuis 2010, par Claude Schopp. »

A suivre…

Adrian Irvin ROZEI

La Bastide Vieille, janvier 2025

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