Les nouvelles fenêtres démurées… (III)

La Bastide Vieille, 29/05/2021

Entretemps, les mois d’été de l’année 2020, s’étaient écoulés. Avec ses lots de « confinements », « déconfinements », « mesures sanitaires », « décisions gouvernementales pour ou contre », « affirmations péremptoires des médecins » (dans un sens ou le contraire !) etc. 

Pendant une courte « fenêtre de tir » de « semi-déconfinement », la « Féria de Béziers » a pu se dérouler. Pas selon la formule habituelle, mais… tout de même ! La « Féria de Béziers » est le top des manifestations annuelles de la ville ! 

« La feria de Béziers, qui se tient à la mi-août, est l’un des plus grands évènements de l’été en Occitanie. Près d’un million de personnes s’y donnent rendez-vous chaque année. Fondée en 1968, elle est l’héritière des premières novilladas et corridas qui se sont déroulées dans les arènes de Béziers depuis 1897.

La feria a bâti sa réputation grâce aux différentes fêtes qui se déroulent dans le centre-ville autour des bodegas et des casitas. Les airs joués d’une multitude de musiques de rues (peñas et bandas), scandent de leurs rythmes une multitude d’animations. chaque été depuis des lustres, (se) réunissent dans tous les quartiers de Béziers des centaines de milliers de personnes venues du Languedoc et d’ailleurs. Le soir venu, dans les rues de la ville, autour des bodegas, les spectacles et les animations, toutes les musiques et toutes les danses du monde, entraînent les festivaliers dans un grand tourbillon qui retrouve les magnificences des réjouissances populaires antiques. La feria reste un moment hors du temps partagé par tous, tout en étant liée à l’identité biterroise et à la notoriété de la ville. »

Nous participons, année après année, depuis près de deux décennies, à ces manifestations populaires.

Et, Dieu sait que, pendant les cinq jours de « réjouissances collectives » qui se déroulent autour du 15 Août, il y en a… pour tous les goûts !

Mais, cette année, nous avons tremblé… jusqu’au dernier moment !« Elle aura ou elle n’aura pas lieu ? », on se demandait, jour après jour !Et « Elle aura finalement lieu ! », comme proclamait le feuillet de la mairie. 

« Pas la Féria traditionnelle, bien sûr. Cette crise sanitaire historique ne nous en a pas laissé le temps. Mais une Féria quand même. Avec ses bandas, ses toros et ses bodegas !…  A Béziers, autour du 15 août, la tradition sera donc un peu « bousculée », mais elle ne sera pas rompue !… Après cette triste période, Béziers va retrouver son âme : la fête, la passion, le plaisir du beau, la démonstration du courage à l’état brut, sans fioriture. La vraie vie comme on dit… Au cœur de la saison estivale, la Féria 2020, si particulière, est une sorte de résurrection. Une ode au Sud féerique. Un symbole de résilience. Je sais que vous en serez ! » 

Une invitation rédigée dans ces termes ne se refuse pas !Et, bien nous a pris ! Non seulement que nous avons assisté à des manifestations originales, sans précédent (course de taureaux, un grand spectacle autour de l’art équestre, des soirées musicales et gastronomiques dans les bodegas…), mais nous avons pris, aussi, un grand bol d’air frais, en vue de la traversée de la chape de plomb qui se profilait déjà pour les mois à venir ! Sans manifestations ou fêtes publiques et sans restaurants ! 

On ne doit pas oublier un tel moment !J’avais remarqué, sur les panneaux d’affichage de la ville, le poster de la Féria avec une superbe Andalouse et les Arènes de Béziers, qui me plaisait beaucoup. Mais, comment faire pour me le procurer? Une fois de plus, le hasard a bien fait les choses!

Le soir du 15 août, après la rencontre tauromachique, le « Spectacle équestre & acrobatique » et la soirée « bodega », nous étions près de la gare de Béziers, quand j’ai remarqué un employé municipal qui enlevait l’affiche de la Féria 2020.

« Pourrais-je l’avoir ? », j’ai demandé poliment. « Vous la voulez ? Prenez-la ! », m’a répondu l’employé.

Maintenant que j’avais obtenu l’affiche, je devais trouver un endroit pour la placer. L’emplacement idéal m’a sauté aux yeux… « comme le nez au milieu de la figure » !

Toujours dans le même hangar des « fenêtres démurées », il y a un horrible réservoir en ciment, qui, pendant près d’un siècle, alimentait en eau la cave de la propriété viticole que nous habitons. Maintenant, il n’approvisionne plus que… l’arrosage du jardin! On ne peut pas s’en passer. Mais, il est « tout… sauf belle à regarder », comme dit Aznavour !

Voilà l’emplacement idéal pour mon affiche !

Facile à dire ! Mais, vu ses grandes dimensions (2 m X 1,20 m !), il faut trouver moyen de l’encadrer, la protéger, l’accrocher…  

En tenant compte de l’expérience avec le poster précédent, le « coucher de soleil d’Abu-Dhabi », beaucoup plus petit, j’ai compris que j’étais en train de me lancer… dans une nouvelle croisade ! 

Cette appréhension  a été confirmée quand, par hasard, j’ai repéré, dans un grand centre commercial, la même affiche encadrée, proposée à la vente. Pour le prix « modique » de… 225 Euros ! Sans compter le transport, car un tel monument n’entre pas dans n’importe quelle voiture. En tout cas, pas dans la nôtre ! Sans compter  les complications générées par l’accrochage, car les « spécialistes » vous imposent une protection… en verre.  Qui est beaucoup plus lourd que l’acrylique et qui risque de se casser !

Bien sûr que, pour justifier leur mauvais choix (et le prix de « ouf » !) ils vous expliquent « shi, shi, shiéntificamenté » (comme disait Toto, dans un célèbre film italien des années ’60 !), avec des arguments fallacieux, que « Moi, je travaille bien, Monsieur ! ». Ils ont poussé la mauvaise foi jusqu’à tenter de me convaincre que l’acrylique n’est pas transparent ! En oubliant, par mauvaise volonté ou par incompétence, d’enlever la feuille de polyéthylène de protection, collée sur l’acrylique !  

De toute façon, au prix annoncé, je préférais… m’abstenir !Mais, pas d’abandonner ! « La lotta continua ! », comme disent « mes amis » révolutionnaires italiens ! 

Enfin, pour la faire courte, il a fallu trouver l’artisan compétent et bienveillant qui a voulu se charger de cette tâche… sur le « lieu de crime », c’est-à-dire, dans le hangar ! Et, pour un prix sans rapport avec celui annoncé par les « professionnels de l’encadrement » ! 

Maintenant que l’affiche est installée, il a fallu trouver un nom à ma « belle de la Féria ». Car, selon une vieille tradition, tous les «  personnages » présents chez nous (tableaux, sculptures, affiches…)… portent un nom ! Ainsi, en parlant d’eux, on peut les appeler par leur prénom ! 

Pour la « belle Andalouse » le choix du nom a été simple ! Elle va s’appeler « Carmen la de Ronda ».

Tout un chacun se souvient de la « Carmen de Mérimée » Ou, si vous préférez, de la « Carmen de Bizet ».

Mais, peu nombreux sont ceux qui se souviennent en France de « Carmen la de Ronda » ! Même le titre français du film, « Carmen de Grenade », est un contresens !

Puisque « Grenade » et « « Ronda » sont deux villes d’Andalousie éloignées de près de 200Km. Que dire, alors, des efforts que je dois déployer pour expliquer que le titre n’est pas « de la Ronda », mais « la de Ronda » (celle de Ronda, en espagnol).

Mais, tout ceci est bien connu dans le monde hispanique et… en Roumanie où le souvenir du film, dont la protagoniste était Sara Montiel, est encore vivant. Et pourtant, la vedette masculine du film était l’acteur français Maurice Ronet, lui aussi oublié dans son pays. 

Carmen de Grenade (Carmen la de Ronda) est un film espagnol de Tulio Demicheli sorti en 1959.

Synopsis

Espagne 1808. Antonio est amoureux de Carmen, mais l’amour est un oiseau rebelle que nul ne peut apprivoiser, et c’est José, le bel officier français, qui a les faveurs de Carmen. Et puis il y a Lucas, le toréador, qui doit songer en combattant qu’un œil noir le regarde, mais que l’amour attend puisque Carmen s’est promise à lui. Mais l’amour, enfant de bohème, n’a jamais connu de loi. Et si je t’aime, prends garde à toi !

Je ne résiste pas à la tentation de reproduire ici les commentaires « d’époque » des critiques cinématographiques, autrement dit « des mercenaires payés à la ligne » :

“Adaptation très libre de la nouvelle de Prosper Mérimée. Il s’agit en fin de compte d’un mélodrame dont le seul intérêt est de se dérouler dans un cadre très photogénique et que la couleur met très bien en valeur. Les personnages s’y livrent à leur passion en entrant et sortant de ce cadre au gré d’un scénario qui disperse le peu d’intérêt dramatique par manque d’unité et d’approfondissement des caractères.”

Comme toute réponse, il suffit de se souvenir des commentaires des critiques au moment de la première de la Tosca, en 1900. Apparemment, en 150 ans, ils n’ont « Rien appris, rien oublié ? ». 

Je reconnais ! Mon jugement est probablement faussé par mon amour pour Sara Montiel ! Mais, qui ne serait pas séduit, rien qu’en regardant la séquence ou Sara/Carmen se présente au public: 

Encore plus ! La chanson pendant laquelle Carmen la de Ronda remarque le bel officier français s’intitule « Ojos verdes ! ». Et notre belle Andalouse de la Féria 2020, a aussi les yeux verts ! 

« Ojos verdes
Verdes como la arbaca
Verdes como el trigo verde
Y el verde verde limón.

Ojos verde verde
Con brillo de faca
Que se han clavaito
En mi corazon. »

Ou, en français :

« Yeux verts
Vert comme le basilic
Vert comme le blé vert
Et le vert citron vert.
Yeux verts, verts

Avec l’éclat d’une lame
Qui ont été cloués
Dans mon cœur. »

Je ne sais pas si celui ou celle qui a conçu cette affiche, connaissait la chanson et le film de Sarita Montiel. Mais son choix pour les yeux de notre belle Andalouse ne pouvait pas être plus judicieux ! 

Et ce choix me fera, jour après jour, penser à ma « préférée », que j’ai eu la chance de rencontrer, il y a 40 ans, et dont j’ai suivi la trace dans quatre pays, comme je l’ai raconté dans plusieurs textes.

C’è una storia in ogni angolo di Roma!*

 La stessa storia, un altr’angolo di Roma… (I) b

Fidel, Fidel… je suis resté Fidel!*

*   *   * 

Maintenant, les emplacements pour des « fenêtres démurées » dans notre hangar sont pratiquement remplis !

Et pourtant, il en manque une vue… essentielle : celle de Paris !  

En cherchant bien, j’ai trouvé encore une place. Mais, il faut choisir la photo !

Ce ne serait pas si difficile. Surtout que les vue représentatives de la « Ville lumière » ne manquent pas. Mais, pour ça, il faudrait que j’aille la prendre moi-même !

Chose que je n’ai pas pu faire… depuis un an. Précisément, depuis juin 2020, quand nous avons quitté « la grande ville », sous les coups de buttoir de la pandémie. 

Mais, je compte y retourner bientôt, prendre « l’image de mes rêves » et l’accrocher dans le hangar. « Si la photo est bonne… », comme chantait Barbara !

 

Adrian Irvin ROZEI

La Bastide Vieille, mai 2021

2 thoughts on “Les nouvelles fenêtres démurées… (III)

  1. Bonjour M. Rozei
    Je suis Christine Espallargas Moretti, je vous avais contacté il y a 3 ou 4 ans au sujet de Capestang.
    Je reviens vers vous aujourd’hui car j’habite maintenant à Capestang, depuis 2019 et je viens de créer l’association “Capestang, plus de mille ans d’Histoire” après avoir initié en 2020 un groupe facebook, dédié à l’histoire, la culture et aux patrimoines capestanais.
    J’ai créé aussi un site https://www.capestang-histoire-culture-patrimoines.fr/
    Si vous êtes intéressé par cette nouvelle association, n’hésitez pas à me contacter
    par mail : [email protected] ou par tél 06 89 52 07 60

    Bien à vous.

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