Les La Tour de Saint-Quentin (IV)

La Bastide Vieille, le 3 juillet 2023

 

Mais, si l’on connait l’image d’un tableau… cela ne me suffit pas !

J’ai, surtout, envie de le voir « en chair et en os » !

D’autant plus que, plus d’une fois, j’ai été déçu en me trouvant « face à face » avec le tableau dont j’avais rêvé : la taille, les couleurs, l’état de conservation… peuvent apparaître différentes de la reproduction disponible dans le commerce.

Ce fût le cas pour « le portrait d’un inconnu », le tableau de Van Eyck du Musée Bruckenthal de Sibiu, quand je l’ai revu au Musée Jacquemart-André en 2009.


Cu inel sau cu tichie ? | ADRIAN ROZEI (adrian-rozei.net)

« Il s’agit du célèbre tableau “L’Homme au chapeau bleu”, devenu célèbre en Roumanie grâce au film “Portretul unui necunoscut”, tourné en 1960.

Seulement, maintenant, le tableau est intitulé « Uomo con l’annello » (L’homme à la bague), huile sur bois de Jan van Eyck (1390 -1441), cm 22 X 17.

Ce qui m’a surpris, ce n’est pas tant le changement de titre (en gros, à cette époque les tableaux n’avaient pas de titre, pour ce qui est des portraits !), mais la matière et ses dimensions. Exactement comme le tableau de Sibiu, revenu dans la collection du Musée Bruckenthal il y a quelques années, il s’agit “d’une huile sur bois, 22,5 × 16,6 cm avec les parties ajoutées ou à l’origine 19,1 × 13,2 cm”.

Sur l’affiche de l’exposition “L’homme au chapeau bleu” le tableau paraît monumental. En réalité il a la taille d’un mouchoir ! Mais la magie du regard mélancolique de l’inconnu est accentuée par son histoire tout aussi mystérieuse ! »

Encore une fois, les pastels de Maurice Quentin de La Tour ont vécu une histoire… mouvementée !

Voici leur situation, il y a un siècle, tel que racontée par… Pierre de Nolhac !

« Voici que, parmi une abondance de chefs-d’œuvre, Maurice Quentin de La Tour va reparaître au milieu de Paris.

L’exposition du pastel français qui s’ouvrira dans peu de jours à l’hôtel Jean Charpentier réveillera-t-elle toutes nos impressions de jadis ? Du moins le siècle où cet art charmant eut son meilleur prestige lui vaudra quelques semaines de renouveau.

Il règne assurément au Louvre dans toute sa puissance ; mais maint visiteur, alléché par l’attrait de l’inédit, préférera l’aller chercher au faubourg Saint-Honoré et servir en même temps une belle fondation artistique.

Personne n’ignore les récentes aventures de la collection apportée par La Tour en sa ville natale et qui appartient à l’Ecole de dessin qui garde son nom.

 Au mois d’août 1914, la Picardie fut séparée de la France par l’invasion et les grandes dévastations y commencèrent. Les mesures décidées aussitôt pour éloigner les pastels du théâtre de la guerre ne purent s’exécuter à temps, et ils restèrent vingt mois à l’abri dans les caves de l’hôtel Lécuyer.

Puis l’autorité d’occupation militaire les fit transporter à Maubeuge, première étape du chemin de Berlin, et l’armée allemande fut conviée à les admirer.

L’armistice les délivra ; mais leur ville avait été martyrisée, leur logis entièrement détruit ; il fallut les exposer au Louvre, et leur fidèle ami, M. Elie Fleury, veilla sur eux avec les conservateurs de la grande maison nationale.

L’exil des chefs-d’œuvre va prendre fin. Ils vont maintenant retourner à Saint-Quentin, où le dévoué sous-préfet, M. Maurice Mathieu, et la jeune Société des amis du Musée La Tour leur ont préparé l’accueil.

 Ce sera un grand jour pour la vieille cité patriote que celui où elle rentrera en possession de ses trésors et les rétablira dans l’Ecole rebâtie dont ils sont le patrimoine. »

Heureusement, depuis 1927, les choses ont évolué ! En bien, malgré une autre Guerre mondiale !

« Le musée porte le nom d’Antoine Lécuyer (1793-1878), un banquier de Saint-Quentin qui, en 1876, légua son hôtel particulier pour y présenter l’exceptionnelle collection de portraits exécutés au pastel par Maurice-Quentin De La Tour, né et mort à Saint-Quentin (1704-1788), provenant du fonds d’atelier de l’artiste.

En 1886, les pastels furent installés dans trois salons du premier étage tandis que le rez-de-chaussée était dévolu aux collections d’objets d’art qui venaient d’être léguées par les frères Félix et Josias Le Sérurier.

Pendant la Première Guerre mondiale, tous les pastels et une grande partie des objets d’art furent sauvés mais le bâtiment fut, lui, largement bombardé. Le musée fut entièrement reconstruit entre 1928 et 1931 par Paul Bigot qui s’inspira d’un édifice parisien du XVIIIe siècle, le Pavillon de Hanovre.

Inauguré en 1932, il constitue le plus important musée des beaux-arts du département de l’Aisne.

De renommée internationale, la collection de portraits au pastel par Maurice-Quentin De La Tour (1704-1788) permet, plus que tout autre, de comprendre l’art et l’œuvre du « prince des pastellistes » et offre un panorama de la brillante société française du XVIIIe siècle (le roi Louis XV et la marquise de Pompadour, des membres de la famille royale, des fermiers généraux, des philosophes, des musiciens, des hommes d’Église, des artistes …).

Outre cette prestigieuse collection, le visiteur peut découvrir peintures italiennes, nordiques et françaises (XVIIe – XXe siècle), sculptures (XVIIIe – XXe siècle), art des années 1920-1930, porcelaines chinoises et japonaises, faïences françaises et européennes du XVIIIe siècle, une importante collection d’ivoires et un mobilier de qualité.

Le Musée Antoine Lécuyer propose régulièrement conférences d’histoire des arts, concerts et expositions. Ses catalogues offrent des éclairages sur divers aspects des collections. »

Il ne me reste plus qu’à y aller ! Saint-Quentin se trouve à seulement une heure 15 min. de Paris en train !

« Voulez-vous venir avec moâ ? » 

Adrian Irvin ROZEI

La Bastide Vieille, juillet 2023

 

P.S. J’oubliais un « détail » !

Pour ne pas changer une bonne habitude, la carte postale avec le pastel « Vernazobre » de Quentin de La Tour trône toujours sur notre cheminée à la Bastide Vieille. J’espère qu’il s’y plait.

Moi, j’adore le regarder !

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