Lembranças do Brasil (I)

L’éloge de la paresse!
Itaparica, 19/03/2018

 

Depuis deux jours, je prends des cours intensifs de « dolce far niente »!

Mon premier professeur était un lézard vert. Il m’a appris à rester allongé, les doigts en éventail, pendant des heures. Presque sans bouger!

Tout au plus, en tirant sur une paille des rasades de Bailey’s, accompagnées de quelques gorgées de café. Du Brésil, ça coule de source!


J’ai commencé ma préparation à la paresse en 1980.

J’ai passé alors, 5 jours à Salvador de Bahia, sous prétexte que je devais préparer mon intervention à la réunion des agents sud-américains, que j’avais organisé.

A Itaparica, en 1980

Je suis allé, pour un jour, dans l’île d’Itaparica. En revenant, au coucher du soleil, j’ai rêvassé  pendant une heure dans le filet attaché à la vergue du beaupré du voilier qui me ramenait à la ville. J’ai gardé un tel souvenir de ce moment, où je flottais entre le ciel et l’eau, que je n’ai pas eu de cesse de songer, pendant 38 ans, à un retour à Itaparica.

Hélas! De nos jours, les bateaux à voile ont été remplacés par des ferries à moteur!

Mais, j’ai repris mes cours de « paresse »!

Après le lézard, je suis passé au deuxième degré, avec les iguanes. Pas verts ou bleus, comme dans les îles Caïmans, mais gris ou noirs.

Après une sieste réparatrice, juste avant le coucher du soleil, je pars faire une longue promenade sur la plage. Je suis trop fainéant pour me baigner!

Mais, je regarde avec intérêt les gens qui font de la planche à voile, du parachute ascensionnel, les compétitions d’OPTIMIST, le dériveur monocoque des débutants.

Je regarde, surtout, les « tangas » des baigneuses ! 

Au moins ça, c’est une spécialité brésilienne!


Puis, j’attaque la première caïpirinha, à base de cachaça, de sucre de canne et de citron vert, de la soirée. Les fantaisies où l’on remplace l’alcool de canne avec vodka, saké ou whisky, …trop peu pour moi !

Elle sera suivie par tant d’autres, …jusqu’à 2 heures du matin!

Je fais des progrès, de jour en jour!

L’Hôtel do Carmo, en 1980 (gauche) et aujourd’hui. Les palmiers ont poussé en 40 ans!

Rien n’a changé, depuis 1980!

 

On doit aussi se nourrir!

Vivere pericolosamente… à Salvador de Bahia !

Salvador, 22/03/2018

 

Il est vrai que mes amis sud-américains me disaient, sur le ton de la plaisanterie, mais en le pensant vraiment, au fond d’eux-mêmes, que je devais les avertir de mon arrivée dans le pays, …pour qu’ils puissent se préparer psychologiquement !

Chaque fois, …il se passait quelque chose ! Ou mourait Pinochet, ou démissionnait le président argentin De la Rua, ou se déclenchait une révolte populaire et l’aéroport de Quito fermait pour une semaine, ou un tremblement de terre secouait la côte Pacifique du Pérou, ou… 

En 1980…

Aujourd’hui, je suis allé (re)voir Nossa Senora do Bonfim, la fameuse église où, si tu attache à ton poignet le ruban en tissu offert, tu fais trois nœuds  et… attends jusqu’à ce qu’il tombe, … on t’exauce trois vœux. Mais, …il faut y croire ! 

…et en 2018!

Pendant le repas, dans un magnifique restaurant local, où l’on peut savourer la cuisine bahianaise que j’aime tant, la musique que j’avais demandée s’est arrêtée tout d’un coup. Je pensais qu’il s’agissait d’un problème local ! 

Je suis allé visiter l’église et, vers 17 heures, j’ai pris un taxi pour revenir au centre-ville.

J’ai remarqué, toutefois, que les feux rouges ne marchaient  pas, mais je n’y ai pas prêté trop d’attention.

Ce n’est qu’au moment où le chauffeur du taxi à mis en marche sa radio pour écouter les nouvelles, que j’ai appris qu’une immense panne d’électricité paralysait tout le nord-est du Brésil. 

J’ai remarqué, tout de suite, que les boutiques du centre-ville étaient fermées, que les rideaux de fer étaient baissés, qu’aux endroits où, la veille, on dansait et on chantait, il n’y avait pas un chat ! Mais, que des chiens sauvages étaient apparus comme par miracle, en bande ! 

Alors, bon nombre de personnes, me voyant déambuler dans une ville désertée, m’ont averti :

« Il te reste une demi-heure de lumière ! Retourne, au plus vite, à ton hôtel !  Il n’est pas conseillé de se promener, tout seul, dans les rues, quand il n’y a pas de lumière!»

Je n’ai pas joué les héros et j’ai couru à mon hôtel ! 

En chemin, j’ai aperçu des bêtes sauvages qui guettaient déjà : des panthères noires, des tigres bigarrés, des loups avec des drôles de tignasses… s’étaient agglutinées dans des bars louches, à peine éclairés par deux ou trois bougies. Un passant m’a prévenu qu’il était préférable de ne pas faire de photos. 

A l’Hôtel « Pousada do Carmo », …tout fonctionnait parfaitement : les lumières tamisées dans les patios intérieurs, l’Internet, l’eau chaude…  Même l’air conditionné !

A la réception, on m’a précisé qu’ils disposent d’un groupe électrogène privé. 

Mais, ils m’ont conseillé de dîner chez eux et d’éviter d’aller dans la ville plongée dans le noir.

Moi, j’avais prévu, avant même cet incident, de tester le restaurant de l’hôtel, très chic, mais pas plus cher que ceux situés dans les zones touristiques. 

J’ai eu donc tout le temps nécessaire pour étudier, sur le net, l’histoire des pannes d’électricité au Brésil. Même si, en 40 ans de visites répétées dans ce pays, je ne me souviens pas d’avoir connu pareille chose !

C’est comme ça que j’ai appris que des coupures de courant gigantesques, de la taille d’un pays européen, se sont multipliées depuis dix ans. Exactement le laps de temps écoulé depuis ma dernière visite au Brésil.

J’étais, toutefois, inquiet pour mon vol du lendemain matin, à l’aube, vers Belo Horizonte. Mais, ceux qui m’entouraient étaient très calmes : « Tout va s’arranger !  Vôce vai resolver ! » 

Je suis donc allé, calmement, dîner et j’ai profité pleinement des spécialités locales : casquina do siri, moqueca de camaroes (avec bananes !), une caïpirinha et un quart de vin portugais de Barcelo.

Quand je suis arrivé à mon dessert préféré (crema de mamao com liqor de cassis !), j’ai vu par la fenêtre que la lumière était revenue dans les lampadaires de la rue.

Les brésiliens avaient raison !

When in Rome, do as the Romans do’!

                                                                     A suivre…

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