« Le Champo » à 80+…

Paris, le 1/07/2018

Tous les journaux d’aujourd’hui parlent du fait majeur de ce jour.
Non! Je ne parle pas du transfert de Simone Veil au Panthéon, mais des 80 ans du cinéma mythique du « Champo ».

Tout un chacun connait le cinéma qui se trouve, en plein Quartier Latin, à l’angle de la rue des Écoles et de la rue Champollion. D’où son nom!

Je ne me souviens pas à quelle date précise je suis allé, pour la première fois, au « Champo »! Mais c’était certainement entre 1967 et 1970, alors que j’étais étudiant.  Pas à Paris, mais à St. Étienne. Donc, je ne peux même pas me reprocher quelque chose, comme l’affirme la directrice du cinéma, à propos des étudiants du Quartier Latin qui «  des l’ouverture, ont préfère les fauteuils de sa salle du Champo aux bancs des amphithéâtres universitaires ». Et Christiane Renavand ajoutait: « Nous avons beaucoup de fautes sur la conscience »!

C’est vrai!

Mais, pour moi, ce ne sont pas celles auxquelles on pense.

J’aime beaucoup la programmation du « Champo ».

D’ailleurs, même un demi-siècle après ma première séance dans cette salle, j’y retourne régulièrement, avec le plus grand plaisir. Ici, je peux combler mes lacunes dans l’histoire du cinéma français, en visionnant les films de Sacha Guitry, Fernandel, Michel Simon, Arletty, …et tant d’autres monstres sacrés du 7éme art, ou revoir les classiques italiens ou américains, avec Vittorio Gassman ou James Dean.

Ce que je leur reproche, c’est que, vent, neige ou canicule, il faut faire la queue sur le trottoir, devant le cinéma.

On nous a expliqué savamment que le hall d’entrée est trop petit pour autoriser l’attente des cinéphiles et que les règles de sécurité l’interdisent. Quant à la façade, étant classée « monument historique », il est hors de question d’ajouter une marquise ou autre volet, qui nous protégerait des intempéries.

Profitant de la projection d’un film d’anthologie, « Le roman d’un tricheur » de Sacha Guitry, j’ai réussi à rencontrer M. Renavand pour lui présenter ma suggestion : tout simplement vendre les places une heure ou deux avant la séance (une « prévente », comme l’appellent les gens du métier), ce qui nous permettrait d’aller dans un café voisin et revenir quelques minutes avant le début de la séance.

C’est ce qui se fait à Paris depuis quelques années, dans bon nombre de cinémas. Voir même dans des salles de théâtre ! On peut même -Oh! Miracle!- choisir sa place sur un écran et non sur une maquette de la salle, en carton délavé par le temps, qui date certainement… d’entre les deux Guerres!

Le responsable de la salle m’a répondu qu’ils ont pensé à cette solution, mais qu’ils ont peur que le client ne perde le billet et qu’il vienne réclamer une entrée… en créant un embouteillage à la caisse!

J’avoue que cet argument m’a laissé… bouche-bée !

Je lui ai suggéré, subodorant la raison profonde de ce refus, d’augmenter de 0,50€ le prix du billet, pour couvrir l’investissement dans un nouvel équipement. D’autant plus que le prix de la séance est ridiculement bas (7€, en temps normal, et, du 1 au 4/7, …de seulement 4€!).

Et, avec la contribution des quelques 120 000 spectateurs qui traversent le seuil du « Champo » tous les ans, le coût de l’investissement sera très vite amorti.

« Vous êtes donc prêt à payer 0,50€ de plus, la prochaine fois? », m’a demandé le directeur.

« Avec joie! A condition que je ne sois pas le seul ! »

Adrian Irvin ROZEI
Paris, juillet 2018

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