L’Aziza, je te veux si tu veux de moi !

Feuilles de journal

Abu-Dhabi, le 20/03/2019

 

Retourner dans un pays que l’on connaît bien, après quelques années d’absence, c’est une expérience intéressante!

Surtout s’il s’agit des Émirats Arabes Unis où chaque année apporte son lot de nouveautés.

Je connais ce pays depuis 1983. A l’époque, j’étais venu pour leur vendre le compound P.V.C. qui servait à la production des bouteilles d’eau. C’était une nouvelle application pour le Moyen Orient et je sentais qu’elle permettrait un développement fulgurant: l’eau est un sujet capital dans le monde arabe!

Je ne me suis pas trompé. Quelques mois plus tard  je vendais mon P.V.C. à la majorité des fabricants de bouteilles des Émirats : Masafi, Emirates, Hatta…

A partir de ce moment, j’ai développé d’autres marchés, toujours dans le domaine des plastiques.

L’avantage de ce travail était qu’il me mettait en contact avec la consommation des ménages.

Par la suite, à partir de 1994 et jusqu’en 2007, j’y ai vendu un produit utilisé dans les carrières pour la fabrication du béton. D’où les contacts avec les travaux publics et l’industrie du bâtiment.

Je peux donc affirmer, sans fausse modestie, que j’ai participé au développement de ce pays, tant dans le domaine de la vie de tous les jours, que dans celui des infrastructures.

C’est probablement pour ça que l’évolution des Émirats, que j’ai suivi pas-a -pas, m’a fasciné!

Ce petit pays, qui n’est pratiquement apparu sur la carte du monde qu’en 1971, avec la création, grâce à la vision du cheikh Zayed, de l’union des 7 émirats qui le compose, a su se créer une identité propre et se retrouver, à peine 25 ans plus tard, à la pointe de la création mondiale, dans de nombreux domaines: l’architecture, les transports de masse, la finance, le tourisme, les loisirs et, depuis quelques années, même la culture!

Qui plus est, les particularités de chaque composante ont été préservées et cela donne une mini-mosaïque intéressante à étudier, pour le voyageur qui ne se contente pas de traverser le pays au rythme imposé par les agences de voyages.

Bien sûr, ils n’ont rien inventé dans tous ces domaines. Mais, ils ont su, en utilisant les moyens importants dont ils disposaient, utiliser le savoir-faire de l’Occident, pour accomplir un projet d’ensemble bien conçu dès le début.

Une vue de “The Creek” en 1994 (gauche haut) et en 2019

En 2007, j’écrivais à Dubaï, dans un texte intitulé «  Welcome to Tomorrowland! » :

« Au cours des visites qui ont suivi, j’ai remarqué de plus en plus de projets de développement de la petite ville-état, qui paraissaient  de plus en plus pharaoniques. Je me demandais souvent quel était le but ultime de cette croissance démesurée par rapport à la taille de l’émirat. Naturellement, comme tout nouvel arrivant à Dubaï, je me suis senti obligé de sourire avec condescendance quand j’ai entendu dire qu’au milieu du désert, où la température montait chaque jour à plus de 40 ° C pendant plusieurs mois de l’année, on avait inauguré une piste de ski. De même, j’ai été émerveillé par le projet de construction d’un archipel d’îles appelé “Le monde” où des « Palm Islands », les presqu’îles couvertes d’hôtels, résidences et d’immeubles de location. Le visiteur néophyte, qui a du mal à comprendre le but de ces exploits et qui, poussé par des commentaires journalistiques à scandale, ne voit que leur aspect mégalomane, pense se trouver devant des enfants / adultes, gâtés par le destin, qui ne sachant plus quoi faire de leur argent, ont choisi d’en profiter, en jouant avec le béton dans le désert!  Rien n’est plus faux! Les dirigeants de l’émirat ont décidé, il y a quelques décennies, du but ultime du développement recherché et poursuivent depuis cette évolution de manière raisonnée, en suivant la route tracée. »

C’est exactement le contraire de la politique à court terme pratiquée dans nos pays occidentaux !L’exemple que je donnais à l’époque était celui de la construction du nouveau port de la ville de Dubaï :

« Le premier port artificiel au monde, Djebel Ali, a été inauguré il y a près de 30 ans, à 35 km de la cité historique: « The Creek ». Il semblait absurde de créer un port complètement artificiel si éloigné, alors qu’à l’époque, il aurait pu être construit à seulement  quelques kilomètres de la ville. Outre le fait que cet emplacement a permis la création d’une vaste zone franche, il est clair aujourd’hui qu’a l’avenir  Dubaï s’étendra entre le nouveau port et le centre historique. Le premier avantage est que les zones traditionnelles, le souk, les marchés, les rares bâtiments historiques ne sont pas noyés par les gratte-ciel ajoutés d’année en année, mais qu’ils conservent l’atmosphère traditionnelle, jusqu’à un certain point, et gardent leur aspect folklorique.  Ce qui rappelle le charme du passé ! Ainsi, dans le centre-ville historique, non seulement des zones entières sont réservées aux piétons, mais vous pouvez même traverser le fjord “the Creek” avec des bateaux-bus, où des dizaines d’ouvriers se pressent en payant la course avec une pièce de 1Dhiram, de la main à la main. » 

Le plan de la ville de Dubai, en 1994 (haut) et en 2019 (bas)

Inutile de reprendre, aujourd’hui, une par une, la liste de toutes les réalisations de la ville-état inaugurées depuis 12 ans !

Il suffit de mentionner :

  • que l’espace entre le centre ville et le nouveau port a été « rempli » de bâtiments de toute sorte,
  • que le premier métro, avec ses deux parcours les plus longs au monde complètement automatisés, fonctionne depuis une dizaine d’années,
  • que le plus haut gratte-ciel au monde se trouve à Dubaï  (Burdj Khalifa),
  • que la piste de ski de 900 mètres de long attire énormément de visiteurs,
  • que des centaines d’appartements sont vendus chaque année à des étrangers venus des quatre coins de la planète,
  • que plusieurs autoroutes longent en parallèle la côte, d’un bout à l’autre de la ville, sans pouvoir éponger, aux heures de pointe, les embouteillages monstres,
  • que plusieurs musées ou galeries d’art proposent aux visiteurs un regard sur l’histoire, les traditions voire les œuvres des artistes émiratis  contemporains…
  • et tant et tant d’autre réalisations, administratives ou culturelles,  qui rendent la ville un pôle d’attraction touristique de premier ordre, à l’échelle de la planète.

Parce que, le tourisme est le dernier but de développement de l’émirat, après le commerce de l’or et de l’électroménager (dans les années ’90), la finance (dans les années 2000), la vente des résidences secondaires (depuis 20 ans) et le commerce de luxe, toujours recherché à travers les innombrables « malls », qui fleurissent comme les champignons après la pluie !  Il faut rappeler que les revenus du pétrole ne représentent plus, aujourd’hui, que 7% du PIB à Dubaï ! 

Pour ce qui est d’Abu-Dhabi, que je connais beaucoup moins bien que Dubaï, chaque spécialiste  s’accorde pour dire que le « grand émirat » (87% du territoire du pays et l’essentiel des revenus pétroliers) ne fait que suivre les initiatives du « petit frère », mais agrandies et embellies, grâce à ses ressources financières bien plus importantes. 

Le développement en cours, qui a fait  couler beaucoup d’encre, c’est le « Louvre Abu-Dhabi », inauguré en 2017 par le président français.Il faut dire que, déjà à ma première visite à Abu-Dhabi, en 1983, on m’a parlé de « l’émirat français » !

C’est vrai que j’avais remarqué, dans les rues de la ville, les abribus « J. C. Decaux » et les poubelles « Plastic Omnium », comme à Paris ! 

En 2015, j’ai visité un des musées de « l’Ile des musées » (Saadiyat Cultural District) où l’on présentait les plans de développement de cette superbe réalisation, qui doit comporter :

  • le «Louvre Abu-Dhabi »,
  • le « Musée Guggenheim »,
  • le « Pavillon Dubaï » de l’ « Expo Shanghai 2000 »,
  • le pavillon « Manarat Al Saadiyat »,
  • et le « Zayed National Museum ». 

Dans ces conditions, à ma précédente visite, j’ai pu consulter et admirer, aussi bien, la liste et les maquettes de tous ces édifices, avec la description de leur  fonction finale. J’ai été, une fois de plus, impressionné par la vue à long terme des dirigeants émirati. 

Les projets, annoncés au Manarat Al Saadiyat en 2015, restés …en projet!

Un des objectifs de ma visite d’aujourd’hui est de « faire le point » sur la finalisation des projets découverts il y a 4 ans. Sachant que, l’année prochaine, Dubaï sera le siège de l’ « Expo 2020 », pour laquelle on attend plus de 15 millions de visiteurs ! 

Pour ce qui est des bâtiments des « Emirates Palace », de la « Grande « Mosquée Sheikh Zayed » ou des « Etihad Towers » pour Abu-Dhabi et des « Emirates Towers Hotel », « Burj Khalifa », « Burj Al-Arab » ou « Jumeira Beach Hotel » à Dubaï, comme ils existaient déjà à mes précédents passages dans les E.A. U., il s’agissait seulement d’une « revoyure ». Dans certains de ces édifices j’ai même habité ou dîné …dans ma vie antérieure, quand j’étais moi-même un prince ! Je parle de l’époque où mes notes de frais étaient remboursées par ma boîte, il y a 12 ans à peine ! 

Je dois dire que le bilan de mes visites d’aujourd’hui m’a laissé un peu perplexe ! 

A Dubaï, j’ai découvert la superbe réalisation de l’ « Opéra » et de son quartier d’hôtels, restaurants, « malls » commerciaux, résidences, voire des pelouses et des bateaux-bus sur le lac artificiel qui le jouxte.  C’est très bien fait, très réussi comme ambiance, mais… ce n’est que la copie d’ensembles similaires existants. Un air de  « déjà vu » !* 

Le « Musée des technologies du futur », qui devait ouvrir ses portes en 2017, n’est construit …qu’à moitié ! On peut espérer qu’il sera prêt pour l’ « Expo 2020 » ! 

A Abu-Dhabi, j’ai été un peu déçu !Certes, le « Louvre » est une réalisation sans équivalent au monde !

Non seulement l’architecture du bâtiment, mai aussi la qualité et la variété des expositions temporaires présentées (dans mon cas «Rembrandt, Vermeer et le Siècle d’or hollandais», après « Roads of Arabia : Architectural Treasures of Saudi Arabia », et « Japanese connections : The Birth of Modern Décor »), rendrait jaloux n’importe quel directeur de musée en Occident !

C’est ainsi que la devise du lieu trouve toute sa justification : « A World of Exchange ». 

Mais, surtout, l’exposition permanente, qui passe en revue la culture du monde, sous la forme d’ «un voyage depuis la préhistoire à l’art contemporain », en mettant côte-à-côte des objets arborant les mêmes formes, les mêmes fonctions, les mêmes motifs, provenant de civilisations parallèles, séparées par des milliers de kilomètres ou des centaines d’années.

C’est la présentation rêvée pour l’amateur d’art, comme moi, qui tente d’avoir une vision globale de notre planète.

Adrian et l’empereur Hadrian, au Louvre Abu-Dhabi!

Mais, cette réalisation unique a eu, elle aussi, deux années de retard à l’ouverture, par rapport au programme initial ! 

Pour ce qui est du « Musée Guggenheim », censée ouvrir en 2011, puis en 2015 ou en 2017…, les fondations ont à peine été posées.Pour le « Pavillon Dubaï » de Shanghai, qui devait abriter un musée des traditions populaires émirati, il a été vidé, n’est plus aujourd’hui qu’une coquille sans contenu et on discute encore sur sa fonction à venir ! 

Les émirati auraient-ils perdu la « clef du champ de tir » ? Mystère ! 

Mais le pire est que les multiples et variés centres commerciaux, les uns plus élégants que les autres, enregistraient, au moment de mon passage, une foule énorme qui déambulait dans les allées, mais …quasiment personne pour acheter dans les boutiques !

Et, pour la première fois en 35 ans, aussi bien à Dubaï qu’à Abu-Dhabi, j’ai vu des vitrines avec l’écriteau : « A louer », aussi bien dans le souk, que dans les grandes galeries commerciales ! 

La crise ? La chute du prix du pétrole ? Une nouvelle distribution de la croissance dans le monde, avec l’émergence de la Chine ?

L’avenir nous le dira !                                   

   *   *   *

Malgré toutes ces constatations, qui ne dénotent pas un grand changement depuis ma dernière visite aux Emirats, une grande surprise m’attendait !

Et dans un domaine où je ne l’attendais pas !

Je connais le fort Qasr al-Hosn, pour l’avoir vu, en passant en voiture, depuis très longtemps.

« Le Qasr al-Hosn (en arabe : قصر الحصن ) est le plus ancien bâtiment en pierre de la ville d’ Abu Dhabi, capitale des Émirats arabes unis . 

Il est « également connu sous le nom de Fort Blanc (à l’origine non de couleur blanche, mais peint en blanc brillant lors des rénovations de 1976-1983), ou Old Fort, et fut construit en 1761 en tant que tour de guet  conique  pour défendre le seul puits d’eau douce sur l’Île d’Abu Dhabi.  La tour a ensuite été agrandie en un petit fort en 1793 par le dirigeant d’alors, Shakhbut bin Dhiyab Al Nahyan, et est devenue la résidence permanente du cheikh au pouvoir.  La tour a pris sa forme actuelle après une extension majeure à la fin des années 1930, grâce aux revenus perçus pour l’octroi du premier permis pétrolier à Abu Dhabi.  Il resta le palais de l’émir (d’où le nom Qasr al-Hosn, qui signifie palais fort) et siège du gouvernement jusqu’en 1966.  Le fort a été développé à plusieurs reprises et est maintenant partiellement ouvert au public. »

Cette fois-ci, j’ai décidé de visiter l’intérieur du fort, qui abrite un musée dédié à l’histoire et aux traditions du pays. Il s’agit, vu son ancienneté et l’importance de sa fonction, d’un endroit représentatif pour l’émirat. 

D’ailleurs, en même temps que moi, est arrivé, pour le visiter, la dernière promotion de l’Ecole des cadets de l’armée d’Abu Dhabi, venue pour compléter sa formation dans cette « destination de découverte culturelle qui représente un vaste objectif de recherche historique, archéologique et architecturale ».

Après avoir obtenu le « passeport » qui permet de visiter le musée et qui rappelle les relations diplomatiques de l’émirat, nommé, entre 1820 et 1971,  « Trucial States » ou « Côte des pirates », je suis parti à la découverte des objets et panneaux représentatifs pour son histoire, traditions et évolution. 

A la fin de la visite, je tournais dans la cour intérieure du musée. C’était vers 18heures et la lumière du crépuscule enveloppait les mûrs blanchis d’un halo de lumière dorée. Une pleine lune brillante éclairait tous les coins du monument.

J’avais remarqué un groupe de jeunes filles, vêtues du tissu noir « en signe de modestie ! », qui tournaient aussi dans la cour. Tout d’un coup, une d’entre elles m’a adressé la parole. Dans un anglais impeccable, elle m’a demandé ce que je pensais de la présentation du musée. Je lui ai fait mes commentaires et nous avons entamé une longue conversation. 

J’avoue que, en 35 ans de visites dans ce pays, je n’ai jamais eu l’occasion de discuter librement avec une jeune fille de 23 ans, tout aussi à l’aise en anglais que dans les détails de l’histoire et la culture de sa région ! Et, quand mes questions étaient trop pointues, elle se retournait vers une de ses collègues pour lui demander, en arabe, un complément d’information et revenait avec le détail demandé.

C’est ainsi que j’ai appris qu’Alia avait fait des études d’ingénieur chimiste à Birmingham, en Angleterre, et qu’elle venait, en tant que volontaire, plusieurs heures par semaine, pour présenter aux visiteurs étrangers l’histoire de son pays dans le plus représentatif musée de l’émirat.

Elle m’a confié que son rêve est de travailler sur une plateforme de forage pour l’exploitation du pétrole en haute mer ! 

A la fin de notre longue conversation, qui a porté aussi sur le métier d’ingénieur –nous sommes, en quelques sorte « collègues » !- je lui ai demandé de faire une photo souvenir ensemble, ce qu’elle a accepté volontiers. 

Le lendemain, après avoir visité le « Louvre Abu Dhabi » pendant plus de six heures, je suis allé voir le Centre d’expositions de « Manarat Al Saadiyat ». 

Je connais cet endroit depuis 2015. C’est dans cet immense hall que j’ai découvert, il y a 4 ans, la présentation des projets culturels de « l’Ile des musées »  et que j’ai eu l’occasion de discuter avec le responsable français du projet « Louvre », à cette époque encore en construction. 

Aujourd’hui, le Centre présente une exposition temporaire : « Distant prospects. European Landscape Paintings from LIECHTENSTEIN », une sélection de quelques 70 tableaux de la collection princière du duché européen. 

Et, comme il me restait encore une heure jusqu’à la fermeture du musée, j’ai traversé le hall d’entrée pour jeter un coup d’œil à l’autre exposition abritée par le Centre. 

Il s’agit d’un sujet un peu inattendu ! 

Le “The Zayed-Gandhi Digital Museum” venait d’ouvrir  ses salles au public depuis moins d’une semaine. A l’occasion de deux anniversaires –les 100 ans depuis la naissance du cheikh Zayed et des 150 ans de la venue au monde de Mahatma Ghandi- l’exposition passe en revue leurs vies, leurs œuvres et philosophies, utilisant des moyens technologiquement sophistiqués : un système interactif digital, basé sur des lunettes en 3D, permet de voir en relief les films, photos, images d’archive de la vie des deux leaders de la première moitié du XXe siècle. 

Mais, le “clou” de l’exposition est représenté par une construction, appelé « Le Dôme de l’unité », conçu par un architecte émirati. Sous sa coupole, aspergée de faisceaux de lumière qui s’entrecroisent, on peut écouter les messages audio des deux dirigeants historiques. 

J’ai parcouru l’exposition, en admirant les prouesses technologiques accomplies par les organisateurs. Le sujet me semblait intéressant, sinon étonnant, d’autant plus que la présentation était mise sous le patronage du nouvellement  créée « Ministère de la tolérance ».  J’avoue que, n’ayant pas suivi au jour-le-jour les dernières nouvelles des E. A. U., j’ignorais l’existence d’un tel ministère, ses attributions et son fonctionnement ! 

J’aurais dû me rappeler que, 

« la visite du Pape François aux Emirats arabes unis (EAU) – dont le point d’orgue a été la messe célébrée le 5 février dans un stade d’Abu Dhabi – était placée sous le signe de la tolérance, mot d’ordre choisi par les autorités locales pour l’année 2019. Cette thématique est récurrente dans ce pays, puisqu’il existe un ministère, une charte nationale, un festival et même un pont «de la tolérance».

J’ai profité donc de l’occasion offerte par le questionnaire tendu par une jeune fille qui faisait une enquête sur l’avis des visiteurs de l’exposition sur la qualité de la présentation et du sujet, pour me faire expliquer cette approche nationale émiratie. Une fois dépassées les généralités de rigueur, j’ai posé à mon interlocutrice des questions plus personnelles. 

Ainsi, j’ai appris qu’Aziza, âgée de 23 ans, a fait des études de communication et que son but est d’avoir, dans son travail, un maximum de contacts « avec le monde extérieur et les étrangers ».

« Je ne veux pas travailler derrière un bureau ! », m’a-t-elle dit. « J’aime le contact avec le public ! ». C’est vrai que, une fois lancée sur ce sujet, Aziza était intarissable ! De nouveau, dans un anglais impeccable, appris dans le pays.

C’est pour cette raison qu’elle avait choisi de passer, gratuitement, quelques heures par semaine pour présenter l’exposition aux visiteurs étrangers. Tiens ! J’ai déjà entendu cette phrase quelque part! 

Je lui ai parlé de la chanson de Daniel Balavoine, « L’Aziza ».

Je me suis souvenu des paroles de la chanson :

« Ses yeux remplis de “pourquoi?”
Cherchent une réponse en moi
Elle veut vraiment que rien ne soit sûr
Dans tout ce qu’elle croit. »

De nouveau, j’ai demandé à mon interlocutrice de me permettre de faire une photo, pour garder le souvenir de cette rencontre. Elle a accepté avec un sourire espiègle au coin des lèvres  et a mis en place d’un geste coquet ses cheveux …qui, de toute façon, n’apparaissent pas sur la photo sous le tissu noir de son couvre-chef !

Cette fois-ci, nous étions sous le « Dôme de l’unité ». 

Tout un symbole ! 

Mais, je n’ai pas osé lui demander son adresse e-mail, pour la lui envoyer. 

Je ne sais pas si les parents, aux Emirats, sont aussi modernes et libérés des préjugés que les jeunes filles d’aujourd’hui ! 

 

                                                   Adrian Irvin ROZEI

                                                  Abu-Dhabi, mars 2019

 

*Il faut dire que les E.A.U. nous ont tellement habitués avec des réalisations hors du commun que, même s’ils sortent du chapeau un édifice  qui rendrait jaloux n’importe quel pays autour du monde, ici il nous semble banal ! 

** J’ai entendu, maintes et maintes fois, la question : « Pourquoi vas-tu aux Emirats ?  Là-bas, tout ce qu’il y a à faire c’est du shopping ! »

Voici un bref aperçu de « ce qu’il y a à faire » :    

 

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