Il mio primo giorno a Roma… (III)

Rome, 07/06/2022

 

Au long de la Via delle Quattro Fontane, j’ai traversé un de mes endroits préférés de Rome : justement « les Quattro Fontane » !

Elles avoisinent avec léglise Saint-Charles-aux-Quatre-Fontaines.

« San Carlo alle Quattro Fontane est une église de Rome, située dans le rione (quartier) Monti. Construite dans le style baroque par Francesco Borromini l’ordre espagnol des Trinitaires Déchaux, c’est la première réalisation indépendante de l’architecte.

L’église San Carlo alle Quattro Fontane est dédiée à Charles Borromée, mais du fait de ses petites dimensions, les Italiens l’appellent le plus souvent San Carlino. Elle doit son nom au carrefour sur lequel elle se trouve et dont les quatre angles sont décorés d’une fontaine représentant le Tibre et l’Arno d’une part, Diane et Junon d’autre part, l’une d’elles est intégrée dans la façade de l’église. »

Si l’affirmation que « cette réalisation de Borromini est considérée comme étant un des chefs-d’œuvre de l’architecture baroque » est tout-à-fait exacte, elle cache aussi un drame. Et non des moindres !

Borromini réalisa un tour de force pour la construction de cette église, avec très peu de moyens et dans un espace minuscule. On dit que toute l’église pourrait entrer dans un seul pilier du Vatican !

Et pourtant, grâce à un savant jeu de perspectives, aux colonnes et aux anneaux de la coupole, des niches et corniches décoratives, on a le sentiment de bien plus grandes dimensions que celles réelles.

En 1667, prés de trente ans après le début des travaux, Borromini travaillait encore sur la finalisation de la façade, au moment où il se suicida, désespéré, car son ennemi de toujours, Le Bernin, décrochait encore les commandes les plus importantes.

Borromini avait prévu de se faire enterrer dans la crypte de San Carlo alle Quattro Fontane. Seulement, les moines refusèrent d’accepter la dépouille d’un suicidé !

Ce qui fait que la tombe dans la crypte est toujours vide, à ce jour ! 

Malheureusement, à l’heure où je suis passé, l’église était déjà fermée.

Je n’ai pu, donc, admirer que la façade de l’église, qui fût achevée par le neveu de l’architecte, Bernardo Borromini, selon les plans de son oncle, en 1670. 

Il faut laisser des choses à revoir… pour le prochain voyage ! 

 *   *   *

Il commençait à se faire tard !

C’était l’heure de la sieste, pour pouvoir partir à l’attaque « frais et dispos » dans la soirée.

J’ai tourné à gauche, dans la Via Nazionale, en direction de mon hôtel. 

La Via Nazionale est tout… sauf un plaisir ! Surtout en fin d’après-midi.

Une circulation… pas possible, un bruit… difficilement supportable, une chaleur accablante, qui se dégage des murs limitrophes. 

Ainsi, j’ai fait une « escale de repos » à l’Albergo Quirinale. 

C’est aussi un de mes endroits « chou-chou » à Rome. 

Sa publicité met en avant qu’il s’agit du seul hôtel romain « relié par un passage au « Teatro dell’Opera di Roma ».

C’est bien vrai ! Mais, moi je préfère son jardin intérieur, caché du « bruit et de la fureur » de la rue ! Et le « Restaurant Rossini », le « Salon Verdi », la coursive « Opéra », enfin… « tout pour la musique ! ». 

L’ensemble, ponctué par une vingtaine de plaques dans le style « Art Déco », représentant des personnages réels ou de fiction, les trait de caractère humains, les institutions légales…  Des sujets à méditer !

                                                     *   *   *

Une longue sieste bien méritée… et me voilà, de nouveau, d’attaque ! 

Maintenant, il s’agit de trouver un endroit pour dîner et finir la soirée.

J’ai déjà une petite idée ! Même si ce n’est pas l’un de mes endroits préférés pour ce type d’opération.

J’aimerais dîner en contemplant la tombée du jour… sur la Colonne Trajane !

Cela suppose d’aller en métro jusqu’à la station « Colosseo », puis chercher un restaurant avec vue sur la Colonne. Pas si simple ! Et, surtout, vu la localisation, je suis condamné à un repas « touristique ». 

En pleine course, au long de la Via dei Fori Imperiali, à la recherche du restaurant « oiseau rare », je suis du coin de l’œil le ciel qui s’obscurcit, les monuments historiques qui s’éclairent, les pins parasol qui forment des tâches sombres vers l’infini… 

Il n’y a pas un moment à perdre ! Heureusement, je tombe, dans le restaurant « Il Giardino ai Fori », sur la seule table d’où l’on peut apercevoir le sommet de la Colonne Trajane. 

Maintenant, je peux savourer mon repas traditionnel (mozzarella di bufala, salmone alla grilglia, tiramisu della casa), le tout accompagné par 50cl de « Frascati ».

C’est le bonheur absolu ! 

A la table voisine, un jeune couple parle un arabe qui m’est familier. Pas de doute, c’est le Moyen Orient ! 

Nous parlons en anglais un petit moment. Effectivement, ils sont syriens, médecins et ils habitent Londres. Je leur raconte mes « dernières » expériences (d’il y a dix ans !) dans leur pays. 

Ils sont époustouflés : « Nous ne sommes pas allés au pays depuis douze ans ! » Nous nous proposons de nous revoir… à Londres. C’est plus prudent ! 

A la fin du repas, je pars sans me presser, vers Piazza Venezia.

C’est la nuit noire et les monuments éclairés forment des tâches de lumière sur un ciel de charbon.

Je salue, au passage, Trajan sur son socle, j’admire les monuments du Forum, les Marché de Trajan et je fais une longue pause devant la Colonne.

 

Il est grand temps de rentrer !

Tomorrow is another day !

 

Adrian Irvin ROZEI

Roma, juin 2022

 

SERVICE APRES VENTE

De retour à Paris, je feuillette le livre « Quatro giorni in Via Tasso », offert par Chico Paladino Florio à Palerme, au début du voyage qui s’est achevé par le séjour à Rome, partiellement décrit dans ce texte.

Chico est le petit-fils de Vincenzo Florio, l’auteur de ce livre.

A ma grande surprise, Vincenzo Florio décrit, à peu près, le même trajet que celui suivi ce jour, mais… en 1943 !

Tout d’abord, qui était Vincenzo Florio :

Vincenzo Florio (1883 – 1959), fils de Giovanna D’Ondes et du sénateur Ignazio, est mondialement connu pour avoir créé la célèbre Targa (coupe) automobile sur le circuit de la Madone et pour avoir été l’un des premiers et des plus brillants organisateurs d’événements et de compétitions sportives au début du XXe siècle.En plus d’être pilote de voiture et d’avion, passionné de peinture et de photographie, il était également rédacteur depuis 1906 du magazine «Rapiditas – Magazine illustré des rencontres automobiles en Sicile». Quatorze ans plus jeune que son frère Ignazio, propriétaire du groupe commercial, financier et industriel Casa Florio, il ne s’occupe pas des affaires, et n’occupe de postes de direction dans les entreprises familiales. Après la mort prématurée de sa femme Annina Alliata di Montereale, il se remarie avec Lucie Henry qui l’introduit auprès du monde des artistes parisiens et avec qui en 1944 il est le protagoniste de l’histoire racontée dans le livre.Après la liquidation des actifs de la Casa Florio et les ventes aux enchères d’objets d’art et de bijoux, les frères Florio traversent une période difficile. Vincenzo est mort en 1959, un an avant sa femme. 

Voici, la présentation du livre, reprise du colophon du volume mentionné : 

« Le 19 mars 1944, à Rome toujours occupée par les Allemands, Vincenzo Florio, qui vivait dans la capitale avec sa femme Lucie Henry depuis environ deux ans, est arrêté car ils le soupçonnent d’avoir tenté de vendre des joyaux de la couronne, et de livrer le produit au maréchal Badoglio.

Le commandement allemand, après le 8 septembre 1943, avait transformé en un lieu d’emprisonnement et de torture, géré par les SS de Kappler, un bâtiment de la via Tasso, où Florio d’abord et, quelques heures plus tard, sa femme était également emmenée pour interrogatoire. Ce qui aurait pu être résolu rapidement, pour clarifier le non-fondé de l’accusation, s’est plutôt transformé en une peine de quatre jours de prison.

Florio vivait dans la même cellule avec 8 autres prisonniers qui, contrairement à lui, n’ont pas été sauvés. Dans ces courtes pages de son journal, Vincenzo Florio, sans aucune intention de victimisation et conscient des drames et des dangers bien plus grands que couraient ses compagnons de cellule, raconte son séjour en exposant quelques traits de son caractère et ses sentiments. 

Le livre a été publié à Palerme en 1947, avec une préface de Vittorio Emanuele Orlando et est maintenant proposé à nouveau avec une note d’introduction de Rosario Lentini »

Voici le texte des pages 22 et 23 du livre « Quatre jours en Via Tasso » :

« Un jour, je venais précisément d’avoir passé la matinée avec lui et après avoir fait des provisions de nourriture dans divers magasins, avec beaucoup de difficulté et beaucoup de peur, j’essayais de porter mes fardeaux à la maison dans une voiture. Quand j’ai atteint la Piazza S. Bernardo, j’ai réalisé que la Via XX Settembre, à la hauteur de la via S. Nicolo da Tolentino et de la via Firenze, était barrée par un cordon de troupes allemandes qui empêchait le passage. Chaque soldat était armé d’une mitraillette et avait une boîte pleine de grenades à main sur le sol. Je suis descendu de la voiture et j’ai demandé à un soldat de me laisser passer pour aller chez moi, tout à côté, à la porte voisine de l’entrée principale du Ministère. J’ai eu un refus net, alors je suis revenu sur mes pas non sans avoir constaté que c’était le Ministère de la Guerre qui était encerclé et que toutes les fenêtres étaient sous la menace des canons des fusils braqués contre elles.

J’ai dit à mon cocher de m’accompagner au Grand Hôtel qui est là, près de la Via delle Terme où, dès son arrivée, il a voulu être libéré parce qu’il avait autre chose à faire…

J’ai laissé mes paquets au portier et j’ai couru jusqu’au téléphone. Puis j’ai téléphoné à mes amis Crocco, qui vivaient à l’étage supérieur de ma maison, et toujours pas de réponse ; je pensais que les Allemands avaient occupé nos appartements pour mieux surveiller le Ministère et j’étais alarmé.

Dans le vestibule, j’ai rencontré le comte San Martino ; je lui ai demandé conseil sur ce que je devrais faire, mais il n’a rien pu me dire; puis je suis ressorti et je suis rentré chez moi dans l’espoir d’amadouer le soldat, mais il m’a répondu qu’il me faudrait attendre encore une heure, et il n’a rien voulu me dire sur la raison de ce déploiement  de troupes.Il m’est venue une idée : redescendre partiellement via S. Nicolo Tolentino et depuis la cour derrière le Palazzo Barrachini – sur laquelle donnaient mes fenêtres – appeler pour être entendu ; le plan a réussi. L’ingénieur Crocco regardait de la terrasse et ma femme de la fenêtre ; alors je savais que la maison n’avait été dérangée par personne et qu’ils étaient tous sur la terrasse.Tranquillisé, j’ai voulu réessayer la possibilité de rentrer chez moi et j’ai parcouru les rues de Torino, Nazionale et 4 Fontane jusqu’à ce que je trouve une autre barrière … » 

Pou ceux qui souhaitent connaître le dénuement de cette aventure, il ne reste plus qu’à se procurer le livre !Qui, pour l’instant, n’existe qu’en italien.Bonne chance ! 

One thought on “Il mio primo giorno a Roma… (III)

  1. Chico Paladino Florio écrit :
    Bonjour Adrian,
    Merci pour votre mail, je confirme l’avoir reçu.

    J’ai hâte de lire le texte que vous avez écrit.
    Effectivement Fulco di Verdura dans ses textes ‘’Une enfance sicilienne’’ mentionne la famille Florio, mais il n’est pas le seul, autres auteurs ont également parlé des Florio aussi en passant, mais d’autre part c’est une famille qui n’est pas passée inaperçue et qui en a inspiré beaucoup des gens.

    Merci et j’espère vous voir bientôt.
    Chico

    Re-Bonjour Adrian,
    Au fait, je ne m’étais pas aperçu des link avec les articles que vous avez écrits, parmi lequel la partie qui concerne les quatre jours à Via Tasso.

    Je veux remercier pour avoir dédier un espace pour les Florio.

    Merci et à bientôt.
    Chico

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