Dis !  T’as vu Monte – Cristo ? (VI)

La Bastide Vieille, 22/07/2024

 

Et, nous voilà arrivés en 2024 !

J’ai appris par la presse spécialisée le tournage du film « Le Comte de Monte-Cristo ».

Puis, j’ai vu le reportage sur sa première à Cannes :

LE COMTE DE MONTE CRISTO – Les Marches – Français – Cannes 2024 (youtube.com) et je me suis dit que je ne pouvais pas rater ce film… sous aucun prétexte !

Mais, selon une bonne habitude suivie depuis des décennies, je ne vais jamais voir un film dès sa sortie sur les écrans. J’attends, toujours, de lire quelques critiques, quelques articles, quelques interviews… Et, si possible, entendre quelques avis « non-officiels » glanés parmi les amateurs du 7éme art… non rémunérés pour ce service ! 

Le premier commentaire que j’ai entendu, dans la bouche de quelques jeunes amateurs de cinéma inconnus, à la terrasse d’un restaurant de Boulogne-Billancourt, ce fût : « X m’a dit qu’il a vu le film. Ça l’a réconcilié avec le cinéma français contemporain ! »

Pas si mal, pour une première approche !

Puis, l’on m’a dit qu’il y avait « des dialogues en roumain ». J’étais encore plus intrigué !

J’ai décidé d’aller voir le film tout de suite, même si j’ai appris qu’il dure… près de trois heures ! 

Mais, d’abord, je suis passé à la bibliothèque de Boulogne, près de ma maison.

Je souhaitais emporter le roman d’Alexandre Dumas pour pouvoir le consulter après avoir visionné l’œuvre cinématographique. J’ai appris que tous les exemplaires existants étaient sortis et qu’il fallait attendre deux mois avant le premier retour programmé ! Quel succès ! 

Puis, en passant par la FNAC, j’ai appris aussi qu’aucun exemplaire du roman n’était disponible, non plus. Et, qu’il fallait attendre au moins deux semaines avant l’arrivée d’une nouvelle édition. Encore mieux !

Mais, en fouinant dans les rayons, je suis tombé sur le dernier exemplaire disponible du « Comte de Monte-Cristo » dans les « classiques Hatier », avec « un dossier HISTOIRE des ARTS » de la « Collection Œuvres et thèmes ».

Un « Texte abrégé », un livre avec seulement 350 pages, mais agrémenté d’une quinzaine d’illustrations (gravures, tableaux, affiches de film anciens…) de l’époque de la publication de l’œuvre originale ou de ses premières « écranisations » (pour employer un barbarisme franco-anglais).

En supplément, des pages qui exposent « le contexte historique », « les arts », « la vie, la grande vie et les revers de fortune », « les sources du roman » et même « le résumé du roman » d’Alexandre Dumas ! Suivi de 19 textes essentiels pour suivre l’intrigue. Que demander de plus ? 

Je dois préciser que nous possédons depuis une quarantaine d’années, les 6 volumes reliés du roman, dans une édition très ancienne, probablement du XIXe siècle, publiés à Paris, par « Calmann – Lévy, éditeurs au « 3, Rue Auber, 3 ».

Parmi d’autres avantages, cette édition « dans son jus » contient, au début de chaque volume, la liste des œuvres complètes d’Alexandre Dumas.

Cette liste m’a permis de compter les œuvres que j’ai déjà lus. A ma grande honte, elle ne totalise que… 18 sur quelques 150 titres mentionnés !

Du boulot en perspective !

Et pourtant, il y a une dizaine d’années, j’avais trouvé, proposée à la vente, chez un brocanteur, une collection des œuvres historiques d’Alexandre Dumas, reliés en rouge et or dans les années 1990, pour la somme faramineuse de… 50 Euros !

J’avais réfléchi à la possibilité d’acheter les 50 volumes. Mais, …où les stocker ?

J’ai compté, toutefois, les titres que j’avais lu et je suis tombé sur 25 parmi les 50 proposés. Je suis sorti de la boutique… tout fier !

Quant aux volumes du XIXe siècles mentionnés, ils se trouvent depuis 20 ans dans notre maison de l’Hérault. Il a fallu attendre quelques jours de plus et un voyage de 700 Km pour les consulter. Tout ça, pour vérifier mille détails qui apparaissent dans le film dont la vedette masculine est Pierre Niney. 

Dans la salle où le film était projeté, il ne restait plus une place de libre.

Très bon signe !

Mais moi, qui avait choisi une place en bout de rangée, pour pouvoir allonger mes jambes, j’ai découvert que mon fauteuil n’existait pas !

Branle – bas de combat ! Trois surveillants « musclés » qui se réunissent, qui discutent, qui donnent un avis… avant de conclure qu’il s’agit d’une « place pour handicapé », qui vient avec son propre fauteuil à roulettes.

« On va vous rembourser la place ! »

« Pas d’accord ! Je veux voir le film !»

Après de looongues discussions, j’ai obtenu une place pour la séance suivante (3 heures plus tard !).

Encore une fois, je me suis souvenu de… Monte-Cristo !

Dans le passage du carnaval à Rome, pour les fenêtres de la Piazza del Popolo, on peut y lire : 

« On vit alors entrer un individu de quarante-cinq à cinquante ans, qui parut ressembler comme deux gouttes d’eau au contrebandier qui l’avait introduit dans la grotte, mais qui ne parut pas le moins du monde le reconnaître. Il vit que le mot était donné.

— Monsieur Bertuccio, dit le comte, vous êtes-vous occupé, comme je vous l’avais ordonné hier, de me procurer une fenêtre sur la place del Popolo ?

— Oui Excellence, répondit l’intendant, mais il était bien tard.

— Comment ! dit le comte en fronçant le sourcil, ne vous ai-je pas dit que je voulais en avoir une ?

— Et Votre Excellence en a une aussi, celle qui était louée au prince Lobanieff ; mais j’ai été obligé de la payer cent…

— C’est bien, c’est bien, monsieur Bertuccio, faites grâce à ces Messieurs de tous ces détails de ménage ; vous avez la fenêtre, c’est tout ce qu’il faut. Donnez l’adresse de la maison au cocher, et tenez-vous sur l’escalier pour nous conduire : cela suffit ; allez. »

Moi, je n’ai pas payé « cent… » pour le fauteuil du « prince Loubanieff », mais j’ai trouvé que « l’appariteur musclé » ressemblait « comme deux gouttes d’eau au contrebandier… » qui m’avait « exfiltré » de la salle ! 

Revenons au film !

J’ai beaucoup aimé ce film ! 

Même si le script s’éloignait, par moment, de l’histoire racontée par Alexandre Dumas. On comprend aisément que 1400 pages de textes ne peuvent pas être reproduites « à l’identique » dans un film, même s’il dure 2h 55 ! Et que les moyens techniques visuels ne sont pas les mêmes dans un film et dans un roman.

Cependant, on devrait exiger que la conception de l’auteur soit respectée, que son message ne soit pas réécrit à l’aune des goûts et idéologies du jour (du tournage !). D’autant plus que l’auteur du livre ayant quitté ce monde il y a plus d’un siècle, on ne peut pas imaginer ce que serait sa réinterprétation des évènements de l’époque.

Je dois reconnaitre que les auteurs du scénario du film ont évité la grande majorité de ces erreurs, à mon avis !

Avis qui ne coïncide pas avec celui de ceux qui ont « adoré » la transposition du drame de Carmen (de Bizet) dans un garage à Chicago ou de « Don Giovanni » (de Mozart) … dans une boucherie !

Mais, ce qui m’a « interpellé » tout au long de la projection, a été tant d’images, propos, actions, décors… inattendus qui m’ont rappelé des souvenirs récents et lointains.

J’avais vu dans la présentation du film que l’un des rôles majeurs, celui de Haydée, est interprété par la jeune actrice franco-roumaine Anamaria Vartolomei.

Mais, d’ici à imaginer que je retrouverai des dialogues et chansons en roumain dans le film… il y a un monde ! 

Je me souvenais (vaguement) des affirmations du livre concernant la langue pratiquée par le comte dans ses conversations avec Haydée.

« Haydée se souleva sur le coude qui tenait le narguillé, et tendant au comte sa main en même temps qu’elle l’accueillait avec un sourire :

— Pourquoi, dit-elle dans la langue sonore des filles de Sparte et d’Athènes, pourquoi me fais-tu demander la permission d’entrer chez moi ? N’es-tu plus mon maître, ne suis-je plus ton esclave ? »

Plus d’une fois, tout le long du livre, Dumas parle de « langue romaïque » ou « d’esclave romaïque » :

« Haydée avait trois femmes françaises et une femme grecque. Les trois femmes françaises se tenaient dans la première pièce, prêtes à accourir au bruit d’une petite sonnette d’or et à obéir aux ordres de l’esclave romaïque, laquelle savait assez de français pour transmettre les volontés de sa maîtresse à ses trois caméristes, auxquelles Monte-Cristo avait recommandé d’avoir pour Haydée les égards que l’on aurait pour une reine. » 

Mais, ceci n’a aucun rapport avec « le roumain » !  

Selon le Dictionnaire de l’Académie française :

« Linguistique. Vieilli. La langue romaïque ou, elliptiquement et subst., au masculin, le romaïque, la langue grecque communément parlée et écrite, par opposition aux dialectes et à la langue savante (on dit plutôt aujourd’hui Langue grecque démotique). » 

Dans le film, on explique (rapidement) cette particularité linguistique, en ce qui concerne le roumain pratiqué par Haydée, comme quoi « après l’assassinat de son père, elle aurait été vendue à une « tribu valaque ».

Cette affirmation rapide mérite une explication, qui risque d’être… un peu longue ! 

Dans la Péninsule balkanique, il n’y a pas de « tribu valaque » !

Mais, il y a une population qui parle une langue voisine du roumain, depuis plus de 2000 ans ! Ce sont « les Aroumains » !

« Les Aroumains (également appelés en Roumanie Macédoniens,  Macédoniens-Roumains, Macédoniens-Valaques ou, plus populairement, Machidoni) sont une branche de la latinité orientale, avec les Daco-Roumainsles Mégléno-Roumains et les Istro-Roumains. En Grèce, même s’ils sont appelés Valaques, dans l’environnement académique officiel, ils sont quelque peu présentés comme des « Grecs anciens » ou des « Grecs latinisés anciens ».

Leur nombre est difficile à estimer, car il y a de nombreux mariages mixtes et parce que de nombreux Aroumains ne parlent plus l’aroumain, les estimations varient donc de 100 000 à 250 000.  Leur langue est la plus proche du roumain, étant dérivée du proto-roumain. 

L’origine des Aroumains, en accord entre tous les historiens, ethnologues, linguistes et philologues, est qu’ils descendent, comme les Daco-Roumainsles Mégléno-Roumains et les Istro-Roumains, des Proto-RoumainsMatilda Caragiu Marioțeanu a formulé la définition suivante : Les Aroumains sont des Romains du sud du Danube. Ils sont les successeurs des populations romanisées d’Europe du Sud-Est (Thraces, Illyriens, Grecs, Macédoniens) ou colonisées par les Romains, tandis que T. J. Winnifrith n’hésitait pas à affirmer que : « … si nous voulons parler des Aroumains (Valaques), nous devons commencer par Olympie et Philippe de Macédoine. »,

selon

Aromâni — Wikipédia (wikipedia.org) 

Je dois avouer que cette particularité linguistique et ethnique me passionne depuis… plus de 65 ans !

Déjà, dans mon enfance, mon père m’avait parlé des « aromâni », un des surnoms donnés aux Aroumains en Roumanie. J’aurais bien voulu savoir si, avec mon « Daco-Roumain » (nom scientifique des habitants de la Roumanie) de Bucarest, j’arriverai à me faire comprendre et les comprendre, en parlant.

Mais, comme dans la Roumanie communiste les spécificités ethniques étaient mal vues, je n’ai pas eu l’occasion de faire l’essai. 

Ce sujet est resté au fond de ma mémoire une bonne quinzaine d’années.

A la fin des années ’70, j’étais en vacances en Grèce du Nord, en Epire pour être plus précis, toujours avec Michel Boulangeat, mon ami avec qui j’ai traversé une dizaine de pays en voiture à cette époque.

Nous sommes arrivés à Metzovo, petite ville de l’Epire, en quelque sorte « le cœur » du pays des Aroumains.

Je tendais l’oreille dans l’espoir d’entendre, ne serait-ce qu’un mot de leur langue ! Rien à l’horizon !

Et, tout d’un coup, assis à la terrasse d’un café, au cœur du village, devant l’arrêt du bus, j’entends un paysan avec des « opinci » aux pieds (sandales traditionnelles des bergers roumains) crier à un autre paysan :

« Haide măi ! Vino repede cà pleacă autobuzul ! » (Viens vite, le bus s’en va !)

Impossible, dans ces conditions, d’entamer une conversation ! Quelle frustration !

Encore une quinzaine d’années sont passées.

En 1995, on m’a confié la responsabilité de la vente du Nitrate d’ammonium en Grèce. Le principal client grec pour ce produit était la mine de charbon de PPC, deuxième par la taille en Europe.

Elle se trouve tout au Nord de la Grèce, à la frontière avec la Macédoine (aujourd’hui Macédoine du Nord, ex-FYROM après quelques décennies de conflits avec la Grèce en rapport avec le nom du pays !). 

J’ai organisé mon voyage chez PPC, en calculant mon coup pour finir les visites le vendredi à 17heures. J’avais l’intention ferme d’aller en Macédoine, à Bitola (en roumain : Bitolia), puis à Ohrid, au cœur du pays des aroumains macédoniens. 

Je n’ai rien dit à personne sur mon projet : je craignais qu’il ne soit pas bien vu par mes clients grecs dans les conditions de « guerre froide » entre les deux pays.

J’ai réussi, avec l’aide du directeur technique de la mine, à dénicher un taxi pour m’amener à la frontière avec « Skopya » (nom inventé par les grecs pour la Macédoine du Nord) …mais pas au-delà !

« Il ne faut pas aller dans ce pays où… l’on mange les nourrissons à la broche ! »

J’étais censé faire à pied les 4 Km entre les deux pays. Heureusement, dans le « No man’s land », j’ai été rattrapé par un trafiquant de viande serbo-gréco-macédonien en voiture, qui m’a accompagné jusqu’à la ville de Bitola.  Nous étions en plein embargo, dû à la guerre en ex-Yougoslavie.   

Par la suite, j’ai eu une énorme surprise ! Décrite dans le texte :

 Of « HATE » and « LOVE » | ADRIAN ROZEI (adrian-rozei.net) en 2017, avant que le nom naturel du pays soit accepté de part et d’autre sous la pression de l’Union Européenne. 

« J’ai découvert lors de ma première visite chez PPC, la plus importante mine de charbon d’Europe, au nord du pays, qui fournissait la matière première pour 60% de l’électricité produite en Grèce, que l’essentiel de l’équipe de direction était composée de “vlachos ” ( a’rmâni). Avec qui j’ai réussi à m’entendre, en leur parlant en roumain !

Pendant dix ans, j’ai transporté, dans les deux sens, des calendriers, des livres ou des affiches édités par des Aroumains, entre la Grèce et Bitola (Macédoine, c’est-à-dire FYROM !). Jusqu’à ce que mes amis aroumais de Grèce m’ont expliqué, avec beaucoup d’embarras, que les relations avec le pays voisin n’étaient pas bien vues par les autorités !

Parce que les “Valaques” ne sont que… des « Grecs latinisés « (dixit !).   

Avec Soso et Stelios Mentzos à table ; en visite à la mine de charbon du nord de la Grèce. » 

Mais, à Bitola, j’ai fait connaissance avec Jordan Trcoski, le président des aroumains de Ohrid. Dès notre rencontre, il m’a invité dans sa maison, où nous avons discuté …pendant 7 heures d’affilé en comptant le déjeuner et le dîner !

Avec Jordan à Ohrid

Ainsi j’ai découvert que son vrai nom était « Târtza », ce que signifie en aroumain : « corde de crin de cheval » !

Nous nous sommes revus année après année, pendant plus d’une décennie, jusqu’en 2007, au moment de mon départ à la retraite.

Mais, le « climax » de notre relation a eu lieu en 1996, quand j’ai été désigné comme « invité d’honneur » au Congrès mondial des Aroumains », qui a eu lieu à Ohrid, en présence de délégués des Aroumains venus des quatre coins du monde et des ambassadeurs d’Italie et Roumanie en Macédoine du Nord, sous la présidence de mon ami Jordan.

Journée Nationale des Aroumains de Macédoine et invitation amicale envoyée par JordanJournée Nationale des Aroumains de Macédoine et invitation amicale envoyée par Jordan

A cette occasion, j’ai pu entendre les discours des Aroumains (Vlachos, Macédoniens, Mégleno-Roumains, Istro-Roumains… etc.) venus de « l’arc aroumain » : Slovénie, Croatie, Albanie, Grèce, Bulgarie, Turquie).

Affiche et invitation officielle pour la “Journée Nationale des Aroumains de Macédoine

Ce qui suit, en gros, la route de Via Egnatia, « l’autoroute Rome – Constantinople », construite par les Romains, il y a 2000 ans. 

« La via Egnatia est une des rares voies romaines hors d’Italie à porter un nom. 

On s’est demandé pendant longtemps quelle en était l’origine. C’est seulement en 1974, grâce à la découverte du milliaire de Gallikos près de Thessalonique, que la question fut résolue : l’inscription bilingue latin-grec de la borne La via Egnatia ou voie égnatienne est une voie romaine qui traversait les Balkans, en reprenant un ancien tracé de voie macédonienne, construite aux alentours de -146.

Elle relie Dyrrachium à Byzance avec une branche venant du port d’Apollonie d’Illyrie, en passant par PellaThessaloniqueAmphipolis  et Philippes. Débouché de la voie maritime entre Brundisium – l’actuelle  Brindisi et Dyrrachium, elle prolongeait l’itinéraire de la voie Appienne et de la via Traiana jusqu’au passage entre l’Europe et l’Asie.

La borne milliaire portait le nom du plus haut magistrat de la province de Macédoine au moment de la création de la route : Cnaeus Egnatius, proconsul de Macédoine dans la seconde moitié du IIe siècle av. J.-C., inconnu par ailleurs. La chose fut confirmée par la découverte en 1979 d’une deuxième borne, du même type près de la ville de Philippes. »

A la suite de ces rencontres, j’ai écrit plusieurs textes parlant des Aroumains et de leur langue, dont certains ont été publiés dans la revue des Aroumains de New-York. 

Nu de la Râm ne tragem | ADRIAN ROZEI (adrian-rozei.net)

 *   *   *

A suivre…

 

Adrian Irvin ROZEI

La Bastide Vieille, août 2024 

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