Un automne de porcelaine… (V)

Paris, le 10 septembre 2022

Parmi ses tentatives pour trouver un emploi, mon père a contacté la société « Phillips », qui cherchait un directeur pour le « Département éclairage » après avoir signé un contrat avec la ville de Paris.

Mon père a été reçu, a présenté ses états de service, parlé de son expérience etc. L’affaire paressait conclue.

Tout à la fin, avant de se quitter, le directeur a demandé à mon père :

 « Au fait, quel est votre âge ? »

« 60 ans. », a répondu mon père.

« Quel dommage ! Chez « Phillips » on passe à la retraite à 60 ans ! Vous ne pouvez pas commencer une carrière chez nous à votre âge ! » 

L’un des grands plaisirs de mon père, une fois qu’il a commencé à travailler dans une entreprise, les huiles « Lesieur » pour ne pas la nommer, était d’aller aux Halles, le vendredi en fin de journée.

On y trouvait plein de choses « à donation » : des fruits et légumes, des fleurs… En particulier, je me souviens qu’il a apporté un régime de bananes presque entier acheté pour… 1FF ! Continue reading

Un automne de porcelaine… (IV)

Paris, le 10 septembre 2022

 

La suite de mon parcours se déroule au long de la rue Réaumur, en direction de la station de métro « Arts et Métiers ».

Ici, on longe la grille du Conservatoire National des Arts et Métiers.

« Le Conservatoire national des arts et métiers est situé au cœur de Paris, sur le cardo, à l’emplacement et en partie dans les bâtiments historiques de l’ancien prieuré bénédictin de Saint-Martin-des-Champs. Ce grand monastère clunisien fondé par le roi Henri Ier en 1059-1060 sur des vestiges de l’époque mérovingienne, est encore aujourd’hui en partie conservé.

Les cours à Paris ont principalement lieu au 292, rue Saint-Martin mais également dans la rue voisine au 2 rue Conté, dans l’Annexe Montgolfier, ancien bâtiment de l’École centrale des Arts et Manufactures jusqu’en 1969. »

C’était, justement, la présence de l’École centrale des Arts et Manufactures qui présentait un grand intérêt pour moi.

Encore en Roumanie, j’avais étudié les règlements des Grandes Ecoles françaises et j’avais découvert que tout élève d’une Ecole Polytechnique étrangère pouvait y entrer « sur titres » à partir de sa troisième année.

Comme j’étais, déjà, en quatrième année d’études à l’Ecole Polytechnique de Bucarest… tous les espoirs étaient permis ! Et comme, en plus, j’avais un cousin qui avait fait ses études à l’Ecole Centrale de Paris, l’idée « d’intégrer » cette Grande Ecole me souriait. En vérité, elle « souriait » plutôt à mon père ! 

Moi, j’aurais préféré poursuivre mes études à l’ENSM de Saint-Etienne (l’Ecole Nationale Supérieure des Mines), là où mon père Ionel et son frère jumeau Aurel avait accomplis les leurs. Mais, mon père craignait que deux localisations de la famille (Paris et Saint-Etienne) ne lui coûte… le double ! Continue reading

Un automne de porcelaine…(III)

Paris, le 10 septembre 2022

Le passage par le Bd. Saint-Denis, nous permettait de traverser le Bd. de Strasbourg au carrefour « Strasbourg-St. Denis ». C’était, aussi, le nom d’une station de métro fort pratique pour aborder la traversée de Paris.

Nous on revenait régulièrement à cet endroit parce que c’est ici que se trouvait, et s’y trouve encore, l’agence L 412 du « Crédit Lyonnais ». Dont l’adresse officielle est « 9, Bd. Saint-Denis ».

Nous on entrait par la porte du Bd. de Strasbourg. C’est dans cette agence que mon père a ouvert un compte, qui portait le no. 58974/C, devenu, par la suite 200933B. Je retrouve toutes ces informations grâce à ses carnets d’adresses des années ’60-’70, que j’ai gardé scrupuleusement.

On avait choisi pour ouvrir un compte bancaire, le « Crédit Lyonnais » parce que… c’était le seul nom de banque à résonnance connue pour nos oreilles !

Moi, je n’étais pas titulaire du compte, puisque j’étais encore mineur.

En vérité, je suis devenu « majeur » deux fois dans ma vie :

  • une première fois en Roumanie, à l’âge de 18 ans,
  • et une deuxième fois, en France, à l’âge de 21 ans !

Entre les deux, j’ai été « déclassé » pendant 3 mois ! Continue reading

Un automne de porcelaine… (II)

Paris, le 10 septembre 2022

A quelques pas des Folies Bergère, j’ai reconnu l’angle de la rue Bergère avec la rue de Trévise.

Si nous avons fréquenté cette rue pendant un bon moment, à notre arrivée à Paris, c’est parce qu’ici se trouvait une cantine à bas prix financée par un organisme de secours aux démunis.

Selon le « Dictionnaire des rues de Paris », cette rue « ouverte en 1836 entre les rues Richier et Bleue, a été prolongée… en 1844, jusqu’à la rue Bergère.

Elle doit son nom au Maréchal Mortier, duc de Trévise (1768 – 1835), tué l’année d’avant son ouverture dans l’attentat de Fieschi contre le roi Louis-Philippe. »

Tout ça ne colle pas du tout avec mes souvenirs.  Et pour cause !

Dans mon désir de faire rattacher mon actualité du moment à mes lectures de jeunesse, j’ai confondu « Trévise » et « Tréville » !

Dans mes souvenirs, D’Artagnan, le héros du roman d’Alexandre Dumas « Les trois mousquetaires », arrivait à Paris avec une lettre de recommandation pour M. de Trévise. Continue reading

Un automne de porcelaine… (I)

Paris, le 10 septembre 2022                                           

Il y’a 55 ans à peine,
Il y’a 55 ans déjà
Ma mémoire est incertaine
Mais mon cœur lui n’oublie pas !
I have never forgotten…

Mort Shuman – Un été de porcelaine (1977)

 

« Ma mémoire est incertaine… »

Je me demande si c‘est vrai ?

Voici 55 ans, jour pour jour, depuis que je suis arrivé à Paris.

Certains disent en Argentine « La memoria es un espejo deformante ! ». J’aimerais savoir si c’est vrai !

C’est pour ça que « j’ai fait le chemin à l’envers » ! 

Même si Dave chante :

« On oublie, hier est loin, si loin d’aujourd’hui
Mais il m’arrive souvent de rêver encore
A l’adolescent que je ne suis plus

On sourit en revoyant sur les photos jaunies
L’air un peu trop sûr de soi que l’on prend à 20 ans
Et que l’on fait de son mieux pour paraître plus vieux 

Je ne voudrais pas refaire le chemin à l’envers
Et pourtant je paierais cher pour revivre un seul instant
Le temps du bonheur… »

de mes 20 ans ! 

Comment j’en suis arrivé là ? Commençons par le début !  Continue reading

O poveste cu… medalii

Bucureşti, 06/06/2022

Aventura pe care doresc s-o povestesc acum, s-a derulat de-a lungul unui laps de timp de aproape un secol !

Desigur, cu mai multe întreruperi de zeci de ani. Insă, pentru mine, ea a început în vara anului 1967.

Atunci, împreună cu părinţii mei, am părăsit România şi m-am instalat în Franţa,  ţară în care locuiesc şi astăzi.

Cel mai simplu, pentru primul episod, este să transcriu aici o frântură dintr-un text foarte lung, încă nepublicat, scris în plină vreme de pandemie, în anul 2020 luna septembrie. 

Acest text se intitulează « Cum i-am cunoscut… » şi descrie legăturile mele cu nenumăraţi membri ai familiei Sanielevici, din care fac parte, pe linie paternă. 

Iată fragmentul menţionat : 

 *   *   * 

« Cam prin luna august (1967), am primit un telefon de la « Hotelul Ambasador » din Bucureşti. Enormă surpriză! Ne suna Sally Robinson*, mama lui Leslie!

Sally era în trecere prin Bucureşti, revenind dintr-un voiaj la Moscova, unde se dusese… să cumpere o balalaikă pentru soţul ei, cadou de aniversare ! Pentru că Dr. Robinson cânta la mandolină ! No comment !  Continue reading

«Traduttore, traditore ! »*

La Bastide Vieille, 12/07/2021

« Le don des langues (est) le mystérieux présent de la Pentecôte. L’épisode est célèbre. Lors de la Pentecôte, les apôtres se mirent à parler dans toutes les langues. Ce don du Saint-Esprit n’a pas fini d’intriguer. »

J’avoue que j’ai toujours rêvé de comprendre toutes les langues du monde !

Mais, pas les mots dits dans chacune de ces langues.

Moi, j’aimerais comprendre ce que suggèrent à chaque destinataire les affirmations et  histoires racontées par ses interlocuteurs. Parce que, chaque phrase prononcée déclenche dans l’esprit de celui qui l’écoute d’innombrables connections, souvenirs, références ! Tout comme dans l’esprit de celui qui parle !

Comme j’ai la grande chance de pratiquer une petite dizaine de langues, je me suis rendu compte qu’en vérité, l’important n’est pas de comprendre ce que signifient les mots de votre interlocuteur, mais ce que vos affirmations lui font remonter du fond de sa mémoire, culture, souvenirs…

Ainsi, quand j’ai reçu un texte, écrit il y a presque un siècle, de la part d’un ami Roumain, je me suis demandé si quelqu’un qui ne comprend ni la langue, ni les arrière-pensées de l’auteur, ni le contexte de sa création, peut être sensible à sa signification ! Continue reading

Les nouvelles fenêtres démurées… (III)

La Bastide Vieille, 29/05/2021

Entretemps, les mois d’été de l’année 2020, s’étaient écoulés. Avec ses lots de « confinements », « déconfinements », « mesures sanitaires », « décisions gouvernementales pour ou contre », « affirmations péremptoires des médecins » (dans un sens ou le contraire !) etc. 

Pendant une courte « fenêtre de tir » de « semi-déconfinement », la « Féria de Béziers » a pu se dérouler. Pas selon la formule habituelle, mais… tout de même ! La « Féria de Béziers » est le top des manifestations annuelles de la ville ! 

« La feria de Béziers, qui se tient à la mi-août, est l’un des plus grands évènements de l’été en Occitanie. Près d’un million de personnes s’y donnent rendez-vous chaque année. Fondée en 1968, elle est l’héritière des premières novilladas et corridas qui se sont déroulées dans les arènes de Béziers depuis 1897.

La feria a bâti sa réputation grâce aux différentes fêtes qui se déroulent dans le centre-ville autour des bodegas et des casitas. Les airs joués d’une multitude de musiques de rues (peñas et bandas), scandent de leurs rythmes une multitude d’animations. chaque été depuis des lustres, (se) réunissent dans tous les quartiers de Béziers des centaines de milliers de personnes venues du Languedoc et d’ailleurs. Le soir venu, dans les rues de la ville, autour des bodegas, les spectacles et les animations, toutes les musiques et toutes les danses du monde, entraînent les festivaliers dans un grand tourbillon qui retrouve les magnificences des réjouissances populaires antiques. La feria reste un moment hors du temps partagé par tous, tout en étant liée à l’identité biterroise et à la notoriété de la ville. »

Nous participons, année après année, depuis près de deux décennies, à ces manifestations populaires.

Et, Dieu sait que, pendant les cinq jours de « réjouissances collectives » qui se déroulent autour du 15 Août, il y en a… pour tous les goûts ! Continue reading