A Venise, dans Paris… (I)

19/04/2023

Feuilles de journal

Aujourd’hui, c’est une vraie journée de printemps ! Le soleil brille, il fait 20°C… c’est le moment de partir se promener dans Paris.

Mais, pour que le plaisir soit complet, il vaut mieux avoir un but précis.

Même ça, c’était prévu de longue date ! Je comptais aller voir l’exposition « Ca’ d’Oro », à l’Hôtel de la Marine, Place de la Concorde.

Cette exposition, ouverte depuis le 30 novembre 2022, fermera ses portes, après une prolongation d’un mois, le 07/05/2023, et je risque de la rater. Sous aucun prétexte !

Mais, comme je dispose de tout l’après-midi, je choisi de prendre mon temps, pour y arriver.

Je prends le bus 42, près de ma maison de Boulogne.

C’est vrai ! Ce bus met plus de 70 minutes pour arriver à la Gare Saint-Lazare, son terminus ! Mais, il traverse des quartiers très variés, aussi bien sur la Rive Gauche, que sur la Rive Droite, et il passe près de nombreux points d’intérêt (Porte de Saint-Cloud, Pont de Garigliano, Tour Eiffel, Pont de l’Alma, Av. Marceau…) avant d’arriver au Rond-Point des Champs-Elysées, où je compte descendre, pour continuer à pied vers la Place de la Concorde, le but de mon « voyage ».

Un vrai programme de touriste qui découvre Paris… pour la première fois !

Une fois arrivé au Rond-Point, je m’accorde un petit détour.

J’entre chez ARTCURIAL, comme à chaque fois quand je passe dans le quartier, depuis plus de vingt ans.

Artcurial est une maison française de ventes aux enchères d’œuvres d’art et d’objets de collection. Son siège se situe dans un hôtel particulier au 7, rond-point des Champs-Élysées, dans le 8e arrondissement de Paris.

En 2018, le groupe revendique près de 200 millions d’euros en volume de ventes.

La galerie d’art Artcurial a été créée en juin 1975 par François Dalle, alors PDG de L’Oréal, au 9, avenue Matignon. Artcurial exerçait à la fois des activités de galerie, de librairie spécialisée et surtout de maison d’édition d’œuvres multiples.

(En 2002) La société s’installe dans l’ancien hôtel d’Espeyran, construit en 1888 au 7, rond-point des Champs-Élysées, propriété de Dassault.

Elle devient en 2006 la première maison française de vente aux enchères et la troisième au monde.

Faire un tour chez Artcurial est un énorme plaisir ! Pas seulement pour admirer des objets/œuvres d’art en présentation, en vue des ventes aux enchères à venir, mais aussi pour consulter dans la librairie, qui s’y trouve dans ses murs, des ouvrages d’art, des livres et des catalogues en rapport avec l’actualité artistique du moment.

C’est un plaisir et… un supplice ! On aimerait acheter TOUS ces livres ! Ce qui est impossible, tout autant à cause du prix, comme du poids de ces ouvrages !

Cette fois-ci, Artcurial me réserve une surprise de taille !

Du 24 avril au 4 mai prochain, Artcurial mettra à l’honneur le mobilier de l’Hotel Bauer Palazzo, illustre palace vénitien.

 À travers ses verreries de Murano, son mobilier ou encore ses soieries des maisons Rubelli et Bevilacqua, cette vente de plus de 4 000 lots célèbre l’identité vénitienne de cette sérénissime institution. Des portes torchères aux arts de la table, amateurs et collectionneurs sauront retrouver l’esprit de ce lieu chargé d’histoire.

Dans un bâtiment du XVIIIsiècle idéalement situé sur le Campo San Moisè, entre la place Saint-Marc et le Grand Canal, le Grand Hotel d’Italie Bauer- Grünwald ouvre ses portes en 1880. Né de l’union du jeune entrepreneur autrichien, Julius Grünwald, et de la fille d’un notable vénitien, M. Bauer, il devient rapidement le lieu de passage incontournable de la haute société.

Les 10 000 objets qui seront présentés à la vente résonnent encore des voix des illustres visiteurs qui, de Marylin Monroe au Prince Charles et Camilla, contribuèrent à la légende des lieux.

Je dois dire que cet endroit ne m’est pas inconnu !

Je ne peux pas préciser si j’y suis allé dès ma première visite à Venise, en 1969. Probablement pas !

A cette époque, je faisais un tour de l’Italie du nord, depuis Rome, en passant par Assise, Florence, Venise, Vérone, Gênes… et retour, en compagnie d’un groupe d’étudiants français et étrangers. En seulement 14 jours, nous avons dû découvrir les « basics » de « Bella Italia ». Mais, je me suis donné comme objectif d’y revenir… le plus souvent possible !

J’ai tenu ma promesse ! Je suis revenu à Venise presque tous les ans. Le plus souvent, pour des séjours de 3 ou 4 jours.

Et, pendant mes dernières années de travail, entre 1994 et 2007, j’y suis retourné chaque année : j’organisais mes « visites clients » en commençant, une année à Venise, pour finir à Rome, et, l’année d’après… dans l’autre sens.  

Pour ce qui est de l’Hôtel Bauer-Grünwald, j’y suis entré une fois, mais je n’y suis pas revenu par la suite ! Tout ça, parce que j’ai été étonné et déçu tout autant par sa façade, que par l’ameublement de sa réception !

Comment peut-on accepter, dans un endroit aussi historique, une façade géométrique, qui fait penser à l’architecture « vintage » des années ’50 ? Et pourtant, la présentation de l’hôtel affirme que :

« Le bâtiment principal de l’hôtel, face au Grand Canal, a été reconstruit de 1900 à 1902, selon les plans de l’architecte Giovanni Sardi dans un style néo-gothique éclectique qui a été décrit comme « peut-être le plus important représentatif du maniérisme médiéval vénitien de la fin du XIXe siècle”.

L’hôtel a été fermé pendant une grande partie des années 1940, période au cours de laquelle Bennati a entrepris d’importantes rénovations et a ajouté une extension à l’hôtel à l’arrière, face au Campo San Moisè. La nouvelle aile a été conçue par Marino Meo en 1945 et achevée en 1949.

Bien ! Voilà l’explication !

Et pourtant, vu du Grand Canal, le bâtiment de l’hôtel semble parfaitement intégré au cadre vénitien du XVe siècle !

« À l’angle sud-ouest se trouve le « Canal bar », une grande terrasse au rez-de-chaussée entourée d’une clôture en pierre ajourée ; à l’angle se dresse une statue de femme de 3,6 m de haut représentant l’Italie, œuvre de Carlo Lorenzetti. Avant la construction de l’hôtel, c’était une place publique appelée dei Felzi.

Le site de l’hôtel abritait auparavant un bâtiment du XVe siècle de style “arabo-byzantin”, qui a été démoli en 1844. Certains fragments de ce bâtiment ont été incorporés dans la construction de Sardi. »

C’est grâce à cette statue que l’on reconnaît l’hôtel depuis le Grand Canal.

Mais, il faut éviter de regarder sur le côté, au long du Rio de San Moisè, où l’on revoit la façade du style ’50 !

Peu importe !

« Les plus grandes Maisons vénitiennes et italiennes ont été sollicitées par le Bauer au cours de ses rénovations successives. Parmi elles : les Maisons Rubelli et Bevilacqua, le tapissier Alessandro Vianello, la Maison italienne de mobilier Bussandri ou encore le maître-verrier vénitien Seguso. Nous devons à ce dernier l’extraordinaire paire de lanternes d’applique à trois bras de lumière en verre soufflé, pincé et pailleté d’or qui accueillait les visiteurs du monde entier dans le grand hall de réception et estimée 30 000 à 50 000 €. »

Je ne peux pas résister, dans ces conditions, à l’invitation d’Artcurial :

« Venez découvrir une sélection de lots exposés à l’Hôtel Marcel Dassault et inscrits dans une scénographie sublimée par les compositions florales de la maison Debeaulieu. »

Je dois avouer que je n’ai pas regretté ma visite !

Même si à Paris ne sont exposés qu’une toute petite partie des objets qui seront mis en vente entre le 24 avril et le 4 mai (à Paris et on-line) la variété, la qualité, les formes et les couleurs, la provenance des objets disposés sur deux étages… font de cette vacation une vraie présentation de ce qu’il y a eu de meilleur dans ce domaine, depuis un siècle !

Cette vente correspond à la fermeture de l’hôtel, pour la troisième fois depuis un siècle, après celles de 1930 et 1990, occasionnée par la rénovation complète prévue jusqu’en 2025. Plus de 4000 lots sont proposés à la vente !

Parmi ceux-ci on trouve des bergères, des luminaires, des chaises, des tapis, des tentures et vaissellerie, provenant des plus grandes maisons italiennes et anglaises. Et, bien sûr, des plus prestigieuses maisons vénitiennes.

Parmi les pièces présentées, j’ai remarqué une « paire d’appliques lanternes à trois bras de lumière en verre soufflé, pince et pailleté d’or » du « maître verrier Seguso ».

Ceci m’a rappelé le temps, dans les années ’80, où j’allais régulièrement habiter à la « Pensione Seguso » sur la ‘Fondamenta delle Zattere’.

« L’hôtel Pensione Seguso, fidèle à une tradition familiale centenaire, continue d’accueillir aux Zattere les amoureux de la belle et unique ville de Venise. Nous avons commencé notre activité pendant la Première Guerre mondiale quand un ami anglais de notre famille a suggéré de transformer le palais où nous vivions en hôtel et d’accueillir les nombreux touristes qui visitaient Venise.
Au début, nos clients étaient surtout des Anglais, mais avec le temps, l’hôtel est devenu célèbre dans le monde entier.
 

L’hôtel prend le nom de notre famille et maintient son caractère traditionnel de sorte que vous pouvez être sûr d’un accueil chaleureux et amical chaque fois que vous nous rendez visite et nous espérons continuer cette tradition pendant longtemps.

L’hôtel Pensione Seguso est situé sur la ‘Fondamenta delle Zattere’ et à quelques minutes à pied des “Gallerie dell’Accademia” et de la “Collection Guggenheim”. »

A l’époque, j’avais cherché l’emplacement de l’hôtel sur des vieille cartes de Venise et j’avais découvert que son immeuble existait… avant la construction de « La basilique Santa Maria della Salute (Sainte-Marie-du-Salut) » (1631 – 1681).

Mais, un autre souvenir nous rappelle, jour après jour, cet endroit.

Sur l’image posté sur le site de l’hôtel, on peut remarquer un légumier en argent assez spécial : il se compose d’un socle et d’un couvert surmonté par une anse circulaire. Ce qui m’a le plus « interpellé », c’est que l’anse peut s’enlever, moyennant un mouvement circulaire. Ceci permet d’employer le couvert de ce légumier comme un deuxième plat profond, qui s’emboîte parfaitement dans le socle.

On m’a expliqué, dans les années ’80, que cet objet était resté dans l’hôtel après le départ des officiers américains qui y avaient habité à la fin de la Deuxième Guerre mondiale.

Eh bien, au début des années ’90, j’ai trouvé, à Montréal, deux légumiers semblables, que je me suis empressé d’acheter. Et que je vois, aujourd’hui, chaque jour, dans notre salle à manger !

 *   *   * 

La visite et la consultation des documents présentés dans les salles d’Artcurial a été un énorme plaisir ! Même si les lots exposés n’étaient, en leur grande majorité, que des objets de la vie courante dans un hôtel de luxe.

Mais, la présentation a été mise en valeur par les informations communiquées par Jade, une fort aimable jeune guide, qui, même si elle ne connaissait pas très bien Venise, avait étudié dans le détail le style, la provenance et l’historique des objets proposés à la vente. 

Cela compte aussi et vaut davantage qu’un audio-guide !

 

A suivre…

 

Adrian Irvin ROZEI

Paris, avril 2023

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