Feuilles de journal
Domaine de Creiscels, 13/07/2019
La date du 12 juillet a, pour nous, une signification particulière : c’est le 12 juillet 1986 que nous nous sommes mariés et le 12 juillet est la fête de Saint Olivier, le prénom de notre fils cadet.
Qui plus est, cette année s’ajoute la décision d’inaugurer MPE, dont la première étape a été finie il y a à peine une semaine. Que signifie le « MPE » ? Simple : c’est l’acronyme de « la maison en pain d’épices », notre nouvelle résidence secondaire.
Il était donc évident qu’il fallait fêter tous ces événements… comme il se doit !
Nous avons commencé avec un « cocktail dinatoire & vin » au Château de Jonquières, près de Clermont l’Hérault.
Nous connaissons ce superbe château depuis des lustres ! Il jouit d’un brillant passé, depuis le XIIe siècle, mais surtout d’une architecture remarquable, que j’appellerai « féminine », avec une élégante cour d’honneur, d’un escalier en fer à cheval du XVIIe siècle, tout comme l’ensemble du bâtiment.
Nous recevons souvent des invitations pour des soirées musicales, gastronomiques ou théâtrales au château. Mais, comme notre résidence principale dans le Languedoc se trouve à plus de 70 Km de Jonquières, le retour, tard dans la soirée, nous pose quelques problèmes !
A partir de maintenant, comme nous pouvons passer la nuit à la MPE, cela devient beaucoup plus simple ! Même si la MPE ne fait que… 17m2 !
Après une première étape, la visite du parc et le cocktail dans la cour du château, nous avons assisté à un spectacle, dans la cour d’honneur. Il s’agissait d’une pièce « déjantée », qui se passe au temps de François I.
Il a été suivi par la table des desserts. L’ensemble de la soirée était accompagnée par les vins du lieu. Parce que, le propriétaire du domaine produit les vins connus sous l’appellation «Les Terrasses du Larzac » depuis plusieurs décennies.
Je savais donc que celui-ci est passionné par l’histoire du monde de l’aviation, autant que par la viticulture. Mais, d’ici à imaginer que je retrouverai, dans son bureau du château, la reproduction d’une affiche des années ’20, de la société « CFRNA »…c’est un long chemin !
Il s’agit d’une affiche bien connue de la « Compagnie Franco-Roumaine de Navigation Aérienne », annonçant les vols, depuis Prague, pour Paris, Strasbourg et Varsovie. La « CFRNA » est une des sociétés qui allaient former, dans les années ’30, la compagnie nationale « AIR FRANCE » !
* * *
A suivi le moment clé de la soirée : l’arrivée, juste après minuit, à la MPE !
Encore une fois, le sort a été de notre coté !
La lune (presque) pleine couvrait d’une teinte argentée les collines, parsemées de pins et platanes énormes, qui entourent notre nouvelle résidence. Le décor était féerique !
Comme, pendant la journée, le thermomètre avait marqué 34°C et les météorologues avaient prédit 22°C pour la nuit, j’ai décidé que je passerai la nuit… à la belle étoile ! J’ai déménagé donc mon lit… sur la terrasse, devant la maisonnette.
J’avoue que je ne savais pas que nous nous trouvons juste sous la « Grande Ourse » et que, allongé sur le lit, j’aurais au-dessus de ma tête… l’Etoile polaire !
Sauf que, vers 3 heures du matin, le froid est devenu si pénétrant que j’ai dû déménager dans « la maison en pain d’épices » !
Par contre, au lever du jour, j’ai découvert à travers la fenêtre, qui fait plus de 2 m2, un paysage de rêve : une vue de « sous-bois » aux nuances pastel qui rappellent les tableaux de David Hamilton ! Il était dû, probablement, tout autant à la lumière du soleil, tamisée par les feuilles des platanes, qu’aux trainées de peinture sur la vitre, pas encore complètement nettoyée.
C’est vrai que, « les facilités hygiéniques » n’étant pas encore installées, nous avons dû faire comme le poète, dont un critique littéraire de mon enfance disait qu’il « ne trouvait son soulagement qu’au sein de la nature » !
Heureusement, disposant de quelques 80 ha de forêt, nous pouvions choisir parmi les milliers d’arbres qui nous entouraient. N’est-pas poétique ?
J’ai déménagé encore une fois mon lit sur la terrasse.
Les oiseaux, petits et grands, circulaient par dizaines, piaillant et se poursuivant joyeusement. En attendant la chaleur qui allait réveiller le chant assourdissant des cigales, j’ai sorti mon walkman et j’ai écouté « Le grandi canzoni per l’estate », la musique italienne des années ’60.
Alors, je me suis aperçu que j’étais surveillé de près ! Par qui ?
Par le vrai propriétaire de l’endroit : le chat blanc du voisin !
Ce chat est né et a vécu ici toute sa vie. C’est pour ça qu’il devait se demander qui est cet inconnu qui dort… devant la maison ?
En tout cas, nous comptons revenir la MPE. D’autant plus que le programme musical annoncé pour les mois à venir, au bord du « Lac du Salagou » qui se trouve tout à coté, semble très intéressant.
Et, qui sait, peut-être que nous arriverons à convaincre le chat… à nous accompagner !
Adrian Irvin ROZEI
Domaine de Creiscels, juillet 2019
C’ est un nouvelle, une grande NOUVELLE ,que l’on lit jusqu’au bout charmée par une écriture légère et si fluide.
Bon camping tout de même dans cette immense forêt.