1, 2, 3… Octobre ! *

Feuilles de journal

La Bastide Vieille, 7/10/2021

Après 16 mois de pandémie, passés pratiquement sans sortir du département de l’Hérault, voici que le moment était venu de faire un tour « à la Grande Ville » ! J’ai nommé Paris, comme chacun a pu le comprendre.

Deux semaines de promenades dans la grande cité, des visites d’expositions et musées, des découvertes liées aux Grands magasins et nouveaux hôtels de luxe ouverts pendant cette triste période… Parce que les confinements et fermetures à répétitions ont donné l’occasion à pas mal d’établissements parisiens de revoir leur décoration, de repenser leur service, de s’adapter aux nouvelles conditions de travail… 

Voici le moment venu de retourner dans le Sud ! 

Je me demandais, comme la Marquise de la bien-connue chanson : 

« Allô, allô James !
Quelles nouvelles ?
Absente depuis quinze jours,
Au bout du fil
Je vous appelle ;
Que trouverai-je à mon retour ?

Tout va très bien, Madame la Marquise,
Tout va très bien, tout va très bien.

Pourtant, il faut, il faut que l’on vous dise, etc., etc… »

Mais, n’ayant pas de « valet fidèle », j’ai dû faire  l’enquête par moi-même !

Et, voici les premières impressions.

***

Capestang, le 1/10/2021

Une matinée sans Pierre Dac ! 

Si j’ai choisi pour la première promenade en ville le quartier de Portesquine, c’est pour une raison que l’on découvrira plus loin.

Tout d’abord, il faut peindre le décor ! 

« Le grand chemin royal »  traverse le portail de Portesquine, remonte le long du quartier du même nom jusqu’à la place, se dirige vers la porte Saint Martin par la place de l’Abreuvoir, devant l’Hôpital : c’est l’ancien chemin de Saint-Jacques mentionné dans les textes du Moyen Âge, rue principale de la ville. »,

comme l’indique la monographie de la ville, intitulée « Capestang –Histoire et inventaire d’un village héraultais ».  

On comprend aisément que ce quartier a « débordé » les limites marquées par les remparts du XIVe siècle, que l’on peut apercevoir encore de nos jours, ici et là, dans ses rues.

Mais, moi j’étais intéressé surtout par une maison qui se trouve dans la rue Franklin, entre les anciens remparts et la D11 (appelée à cet endroit « Cours Belfort »).

Tout ça, parce que, il y a quelques semaines, j’ai vu à la devanture d’une agence immobilière de Béziers, une annonce qui me semblait fort intéressante.  

Il se trouve qu’un ami parisien, qui a l’intention de déménager dans le sud de la France, m’avait demandé si je ne connaissais pas une maison qui pourrait lui convenir, dans la région. C’était une raison suffisante pour regarder la maison proposée dans l’annonce. Et, en même temps, de découvrir un quartier de la ville que je ne connaissais pas très bien ! 

J’ai commencé à arpenter la rue Franklin et ses alentours.

Très vite, j’ai fait une découverte qui m’a (plus que !) étonnée ! 

Dans la rue Franklin, une maison typique du XIXe siècle porte une plaque surprenante ! On peut y lire :

« Pierre Dac n’est pas né dans cette maison. Il n’y est pas décédé non plus. » 

J’avoue que je rêve de faire la connaissance d’un propriétaire ayant le sens de l’humour nécessaire pour installer une telle plaque ! Et, je suis sûr que Pierre Dac apprécierait autant que moi, s’il était encore parmi nous ! 

Mais, cette rue me réservait d’autres surprises, découvertes à l’occasion de ma promenade du 1er Octobre.

Parmi elle, une grange qui porte encore une inscription indiquant un poste électrique, transformé… en pigeonnier et une Citroën Méhari « vintage », dans son jus !

 « La Citroën Méhari est une voiture de plein air à deux places (quatre places en option) produite par Citroën entre 1968 et 1987. Sa carrosserie conçue par le comte Roland de La Poype est en plastique ABS. » 

Cette voiture m’a rappelé beaucoup de souvenirs !

J’ai eu l’honneur de faire la connaissance et de travailler avec le grand homme qui était Roland de La Poype* dans les années ’70-’80. Ce fût un des personnages les plus exceptionnels que j’ai rencontré dans ma vie professionnelle !

Mais, cette histoire mérite un développement à part ! 

J’ai poursuivi ma ballade en suivant la rue de Metz. 

Très vite, les distances dans notre village sont « à taille humaine », je suis tombé sur un pan du mur des remparts du XIVe siècle, qui abouti  à l’emplacement de l’ancienne Porte de Carcassonne. En regardant le bâtiment qui se trouve de l’autre coté de la Porte, je me suis demandé, au vu de sa forme incurvé et des entrées arrondies percées dans ses murs, s’il ne s’agit d’une continuation des remparts, très probablement intégrés dans la construction « moderne ».

Pendant que j’étais plongé dans mes réflexions historiques, une dame d’un certain âge, qui passait dans la rue, m’a adressé la parole. 

C’est ainsi que j’ai eu la chance de faire la connaissance d’Huguette Guiraud.

Cette dame est un peu « la mémoire vivante » de Capestang, puisqu’elle est née il y a 86 ans dans la ville et, après une absence de quelques 36 ans, elle y habite de nouveau.

C’est vrai qu’elle a habité, dans son enfance, le quartier St.-Pierre, mais aujourd’hui elle demeure rue de Metz, la rue que je venais de longer. 

En passant en revue la carrière d’Huguette, j’ai découvert que nos chemins auraient pu se croiser il y a une quarantaine d’années. Pendant sa longue carrière d’institutrice et directrice d’école en Normandie, elle a passé plusieurs années à Gonfreville-l’Orcher, près du Havre. J’ai commercialisé, dans les années ’70 – ’80, les plastiques de grande consommation fabriqués dans cette ville par l’usine du groupe ELF Aquitaine, appartenant à la société ATO Chimie, dont je faisais partie.

Cette coïncidence m’a amené à lui demander si elle n’a pas vu le paquebot « France » qui, avant d’être vendu aux norvégiens, était encré dans le port, juste derrière l’usine de polypropylène que je visitais périodiquement.  

Ainsi, j’ai appris non seulement qu’Huguette voyait les cheminées du « France » de son logement de fonction, mais aussi qu’elle a assisté à son lancement et qu’elle a participé à l’une des visites organisées pendant que le sort du bateau était encore indécis.

Bien des années plus tard, revenue à la retraite dans son cher Capestang natal, Huguette a accompli un rêve de longue date : participer à l’une des croisières de son « navire fétiche ».

Malheureusement, ce n’était plus le « France », mais le « Norway » et le départ ne s’est pas fait du port du Havre, mais de Marseille pour un circuit entre l’Italie et la Corse. 

En revenant à l’histoire de Capestang, j’ai découvert que mon interlocutrice est la nièce d’Elie Guiraud, l’un des martyrs capestanais de la Deuxième Guerre mondiale, exécuté par les Allemands en 1944. 

Nous avons parlé longuement de l’histoire du quartier et de la ville.

Ainsi, j’ai appris bon nombre d’anecdotes sur cette zone, sur l’histoire des habitants, des places et rues de l’endroit. 

Entre autres, j’ai découvert la raison pour laquelle les rues « Pottier » et « Rouget de l’Isle,» se croisent. Cette rencontre a été voulue par un habitant du quartier pour rappeler les noms de l’auteur de la «  Marseillaise »  et de « l’Internationale » !

Drôle de rencontre, que l’on ne peut pas soupçonner, puisque sous le nom de « Pottier » il n’y a aucune indication. 

Et pourtant, je passe régulièrement par la « Place Rouget de l’Isle», en vérité « Plan de Castres » selon son nom historique.     

Cet endroit est représentatif pour l’activité vigneronne à la fin du XIXe et au début du XXe siècle.

Chaque fois qu’un étranger de mes connaissances vient visiter Capestang, une étape du circuit devenu traditionnel passe par cet endroit. Tout ça, parce que la maison vigneronne et l’ensemble des bâtiments qui s’y trouvent sont, on ne peut plus, emblématiques  pour l’architecture de cette période.  

Mais, une autre surprise m’attendait en parlant avec Huguette du village et de ses habitants.

J’ai découvert non seulement que nous avons des connaissances communes, mais, surtout qu’elle est la marraine de Franck Chesneau. 

Pour ceux qui ne se souviennent plus des détails du drame des incendies de l’été 2019, je rappelle que:

« Âgé de 49 ans, Franck CHESNEAU, pilote d’avions bombardiers d’eau de la Sécurité civile basé à Nîmes-Garons, est décédé en service ce vendredi 02 août 2019, suite au crash de l’avion “Tracker” qu’il pilotait, survenu alors qu’il venait d’effectuer un largage dans le cadre de la lutte contre un feu de forêt près de Générac, dans le Gard.

Ancien pilote de chasse de l’armée, il était également engagé en tant que sapeur-pompier volontaire au corps départemental d’incendie et de secours des Bouches-du-Rhône (Sdis13), où il participait en qualité d’expert, à la formation des sapeurs-pompiers.

Franck CHESNEAU était marié et père de deux enfants de 14 et 17 ans. »

La famille maternelle de l’héros  de la lutte contre les incendies qui endeuillent le sud de la France chaque année, est originaire de Capestang.

J’ai appris dernièrement qu’un appel pour que la Caserne des pompiers de Capestang porte le nom « Franck-Chesneau » a été lancé.

J’espère qu’elle trouvera une réponse positive auprès des autorités… au plus vite ! 

*Roland Paulze d’Ivoy de La Poype, né le 28 juillet 1920 aux Pradeaux et mort le 23 octobre 2012 à Saint-Tropez, est un pilote de chasse  françaishéros de la Seconde Guerre mondiale.

Il est également un homme politique, un industriel pionnier de la plasturgie  et le fondateur du Marineland d’Antibes en 1970.

Il développe une véritable industrie de l’emballage plastique, qui touche à tous les domaines, de l’agro-alimentaire au loisir. Il est également l’inventeur de la carrosserie de la Citroën Méhari.

***

Valras-Plage, 2/10/2021

C’est quoi « …un sable naturiste » ? 

Le Guide du routard écrit, au chapitre : « Dans les environs de Béziers » : 

VALRAS-PLAGE (34350)

C’est à 10 km au sud, à l’embouchure de l’Orb. On peut y aller en bus. De plus en plus construit, mais assez jolie promenade en front de mer. Vers Sérignan, très belle plage de sable naturiste. 

Nous allons à Valras régulièrement. Mais, j’avoue n’avoir jamais vu « un sable naturiste » ! Pour comprendre (enfin !) de quoi il s’agit, nous y sommes retournés aujourd’hui, par une très belle journée d’automne. 

Comme d’habitude, nous avons fait, dans la principale rue piétonnière, un premier arrêt au Marché de la ville.

En fin de matinée, la plupart de commerçants  étaient en train de plier bagages. Mais, il en restait quelques uns pour nous rappeler les couleurs des « marchés de Provence », si chers à Gilbert Bécaud.

Comme c’est dommage ! Je ne peu pas vous reproduire « l’acssent » de la marchande de paëlla ! 

Et par-dessus tout ça on vous donne en étrenne
L’accent qui se promène et qui n’en finit pas !

…ça valait celui de Mireille ! 

Puis, nous avons longé le bord de mer, à la recherche d’un restaurant pour déjeuner.

Comme tant et tant de fois, nous avons abouti au « Phare » !

Quelques huîtres, trois ou quatre queues de gambas « façon panga à l’espagnole », des seiches sauce bordelaise, le tout accompagné du traditionnel Picpoul de Pinet ! Et, pour finir en beauté, des profiteroles au chocolat sous une couche de crème Chantilly (légère !). 

Si, pendant le long moment du déjeuner, nous avons regardé passer les promeneurs, le moment de partir à la recherche du « sable naturiste » était venu !

Nous avons parcourus 3 ou 4 km, au long de la plage presque désertée par les nageurs.  Mais, dans la mer, trop froide pour se baigner à mon goût, passaient des planches et des bateaux à voile, poussées par la brise légère de l’automne.

Au bout de la plage, nous avons fait demi-tour, nous dirigeant vers le port et les maisonnettes des « retraités », qui donnent à l’endroit une allure de « vieux village de pêcheurs ».

Il était temps de rentrer !

Pour le « sable…comme vous savez », on reviendra une autre fois ! 

***

Puisserguier, le 3/10/2021

A table… avec Valentine! 

Dimanche dernier, profitant d’un “Vide-greniers” annoncé dans tout le département, nous sommes retournés à Puisserguier, un petit village qui se trouve à quelques kilomètres de notre maison. Ici, nous avons fait la connaissance de Valentine qui, moyennant la modique somme de 10 Euro, a acceptée de nous suivre… pour le restant de son existence! 

Elle a vécu, très probablement, pendant une centaine d’années, au dessus d’une pendule, si je juge d’après son socle. 

Tout d’abord, elle nous a accompagnée à déjeuner, au Café des Arts.

Nous sommes venus plusieurs fois prendre des repas dans ce restaurant. C’est le seul endroit où j’ai retrouvé une spécialité oubliée en France, mais devenue chose courante en Argentine : les pommes soufflées.  

« Les pommes soufflées sont des pommes de terre coupées en tranches de 3mm, frites dans deux bains successifs, le premier moyennement chaud (135 °C, 275 °F), le second bien chaud (190 °C, 380 °F) ce qui les fait gonfler en coques légères et appétissantes.

Les pommes de terre soufflées semblent nées mi xixe siècle et donnent lieu à une construction de  légendes etc., etc… » 

Mais, le cuisinier ayant changé, je n’ai pas retrouvé mon plat favori ! 

Toutefois, nous avons profité de la saison de chasse en cours pour déguster un civet de cerf, provenant des bois de la région. 

Mais, Valentine m’a semblée préférer l’île flottante qui a suivi !

Le choix du nom de « Valentine » a été le résultat d’une enquête auprès des clients du restaurant, que nous avons accepté… avec joie. 

J’ai profité de l’occasion pour faire un tour dans le village afin d’admirer les maisons vigneronnes  d’il y a un siècle, peu nombreuses, mais joliment décorées.    Tout comme le superbe « trompe-l’œil » de la Place Simone Veil, réalisé en 2018. 

Pour « l’Ecomusée de la vie d’autrefois » et le château, nous reviendrons une autre fois ! Pour « parcourir le temps à travers les rues et découvrir l’histoire de Puisserguier » il suffit d’une heure, selon le panneau  de la Rue de Belfort.    

A bientôt, certainement !

 

Adrian Irvin ROZEI

La Bastide Vieille, octobre 2021

– 

*Ce titre rappelle un jeu d’enfants bien connu :

« Un, deux, trois, soleil, également appelé Un, deux, trois, piano en Belgique et Bleu, blanc, rouge au Québec, est un jeu enfantin, très populaire dans les cours de récréation.

Les joueurs doivent toucher un mur et dire « Soleil ! », sans que le meneur ne les voie bouger. » 

2 thoughts on “1, 2, 3… Octobre ! *

  1. Que de belles histoires à CAPESTANG. Un détail sur PATRICK CHESNAULT que j’ai bien connu à plusieurs titres. Nous avons participé à plusieurs opérations ensemble en ALGERIE et si ma mémoire est bonne ( mais elle se dégrade pas mal ) il était marié à la fille DOUMENG

  2. Pingback: Les La Tour de Saint-Quentin (I) | ADRIAN ROZEI

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