Je vois des « nœuds- verts » partout !

Quand j’avais dix ou quinze ans, à Bucarest, une amie de mes parents souffrant d’un rhumatisme déformant prononcé, souhaitait passer au plus vite à la retraite. Mais, après des mois et des mois d’efforts désespérés auprès des médecins du travail, voyant qu’on n’arrivait à aucun résultat, elle a décidé de changer de tactique.

Elle est allée voir son médecin et, avec le plus grand sérieux, lui a dit : « Je suis très embêtée ! Je vois des « petits nains » partout ! » 

Le médecin, flairant la supercherie, lui a fait passer toutes sortes de contrôles médicaux. Mais, une fois le problème posé, notre amie n’avait plus beaucoup d’efforts à faire. Elle restait prostrée dans les cabinets des médecins, dans les salles d’attente, devant la commission des retraites, et, toutes les cinq minutes, elle sursautait sur sa chaise criant à voix haute : « Là-bas ! Là-bas ! Il y a un petit nain ! ». Et, d’un geste sûr, elle montrait du doigt un coin de la pièce. 

Au bout de six mois d’arrêts maladie et examens multiples et variés, elle a été mise à la retraite d’office avec le diagnostic : « Affection psychique incurable ».

A partir de ce jour, elle n’a plus vu « des petits nains » ! 

Moi, je ne vois pas de « petits nains ». Mais des « nœuds verts », qui me suivent partout. C’est grave, docteur ? 

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Ma première rencontre avec les poteries d’art a eu lieu à Bucarest, au début des années ’60. Continue reading